La Galerie Cécicle Fakhoury de Paris présente « Apparitions », une nouvelle exposition collective entre ces murs. Jusqu’au 14 septembre, Assoukrou Aké, Dalila Dalléas Bouzar, Elladj Lincy Deloumeaux, François-Xavier Gbré, Jess Atieno, Marie-Claire Messouma Manlanbien et Roméo Mivekannin investissent la galerie avec de nouvelles œuvres d’art.
À travers « Apparitions », un véritable portail visuel s’ouvre vers de nouveaux horizons. Des œuvres émergent, peuplées de personnages mystérieux et envoûtants, chacun cherchant à captiver et à influencer le regard du spectateur. Ce dernier se retrouve entraîné par ces figures singulières, invité à porter un regard renouvelé sur le monde qui l’entoure. Chaque création de ces artistes évoque l’idée d’apparition et d’émergence, tout en explorant les sentiments, les corps et la spiritualité.
Assoukrou Aké, artiste pluridisciplinaire, s’inscrit dans les traces de l’histoire sociale, médicale et politique de l’Afrique. Sa pratique artistique se nourrit de récits personnels, oscillant entre révélations et silences, tout en mettant en lumière les dualités culturelles. À travers son art, il parvient à transmettre des émotions d’une intensité rare, mêlant drame, humour et poésie, et conférant une sensibilité unique à ses œuvres. De l’installation à la sculpture, en passant par diverses formes plastiques, Assoukrou Aké présente dans « Apparitions » une série récente qui s’inscrit en parfaite continuité avec sa démarche artistique riche et plurielle.
Interrogeant le statut du peintre, l’histoire de l’art et la représentation en tant qu’outil de pouvoir, Dalila Dalléas Bouzar puise dans sa double culture pour offrir des perspectives nouvelles sur l’image, l’objet et le sacré, tout en restant attentive aux dissonances culturelles. À partir de cette base de données singulière, elle remet en question l’hégémonie des représentations occidentales dans l’histoire de l’art. L’artiste contemporaine s’inspire de la mémoire algérienne pour explorer les formes d’une histoire de la violence, à laquelle son œuvre cherche à répondre.
Elladj Lincy Deloumeaux propose une fenêtre ouverte sur des espaces intérieurs, à travers un récit pictural où s’entrelacent avec délicatesse les anecdotes d’une histoire personnelle et les chroniques d’un monde pluriel. Ses personnages, figés dans un moment de pause et d’introspection, nous entraînent dans un espace intime, souvent empreint de nostalgie. Lors de ses voyages, l’expérience disruptive d’une nouvelle langue au quotidien et d’un lieu à la fois inconnu et familier, ainsi que les longues heures de trajet, créent un espace où l’identité peut se réinventer librement, sous d’autres formes et selon ses propres termes.
François-Xavier Gbré convoque le langage de l’architecture et du paysage comme témoins de la mémoire et des mutations sociales. Nourrie par le déplacement, son enquête de photographe-marcheur engendre des rencontres avec une nature hybride en constante évolution, dans des territoires marqués par l’histoire et l’actualité. Ses photographies révèlent toujours un passage, une trace, un objet inattendu, le tout contenu dans des compositions soigneusement structurées.
Jess Atieno, dans « Apparitions », poursuit une quête intime du chez-soi. Depuis plusieurs années, l’artiste s’immerge dans l’exploration des notions de lieu, ces espaces physiques et psychiques que nous intégrons comme des composants de notre identité. Les images d’archives, cartes postales, documents et cartes géographiques, souvent présentes en filigrane, illuminent les procédés complexes de dépossession – des identités, des terres et des images – orchestrés durant l’époque coloniale.
Guérisseuse et conteuse de poèmes, Marie-Claire Messouma Manlanbien invite le public à découvrir de nouvelles formes, matières et signes, dans une dynamique d’art de guérison. À la manière de labyrinthes ou de rébus, ses œuvres tissent des topographies inédites qui explorent les thèmes de la féminité, de l’identité et du corps, tout en se situant à la croisée de son héritage caribéen et ouest-africain.
Dans « Apparitions », Roméo Mivekannin nous entraîne au carrefour de la tradition héritée et du monde contemporain. Il réconcilie ses créations avec une temporalité ancestrale, élaborant ses propres rituels en écho à la cosmologie vaudou, inhérente au Bénin. Pénétressant les frontières entre peinture, sculpture et installation, l’artiste ivoirien déploie un univers pluridisciplinaire audacieux. Roméo Mivekannin explore les matières avec la volonté de bouleverser les limites établies entre les disciplines, afin de réaliser un acte d’effraction, à la fois formel et symbolique, qui lui est propre.
À travers les contributions d’Assoukrou Aké, Dalila Dalléas Bouzar, Elladj Lincy Deloumeaux, François-Xavier Gbré, Jess Atieno, Marie-Claire Messouma Manlanbien et Roméo Mivekannin, cette exposition souligne la richesse des voix artistiques africaines contemporaines. Chacun de ces créateurs explore des thèmes variés tels que l’identité, la mémoire et la culture, proposant ainsi un dialogue vibrant entre tradition et modernité. Ensemble, ils témoignent du pouvoir de l’art comme moyen de réflexion, de guérison et de réinvention. Cette exploration pluridisciplinaire nous rappelle que l’art n’est pas seulement une forme d’expression, mais aussi un moyen de découverte, de guérison et de réconciliation avec soi-même et les autres.