Southern Guild à Los Angeles dévoile, jusqu’au 14 novembre, une exposition collective captivante intitulée « Signifying the Impossible Song ». Cette rétrospective éblouissante rassemble une variété impressionnante d’œuvres et de médiums, mettant en lumière 17 artistes contemporains provenant de horizons divers, chacun apportant une pratique créative singulière.
Sous la direction de Lindsey Raymond et Jana Terblanche, « Signifying the Impossible Song » flatte les sens et l’esprit, révélant des voix d’artistes telles qu’Ange Dakouo (Mali), Bonolo Kavula (Afrique du Sud), Inga Somdyala (Afrique du Sud), Kamyar Bineshtarigh (Iran/Afrique du Sud), Lulama Wolf (Afrique du Sud), Moffat Takadiwa (Zimbabwe), Nandipha Mntambo (Eswatini/Afrique du Sud), Nthabiseng Kekana (Afrique du Sud), Oluseye (Nigéria/Canada), Patrick Bongoy (RDC), Roméo Mivekannin (Côte d’Ivoire/Afrique du Sud), Sanford Biggers (États-Unis), Turiya Magadlela (Afrique du Sud), Usha Seejarim (Afrique du Sud), Zanele Muholi (Afrique du Sud), Zizipho Poswa (Afrique du Sud) et Zohra Opoku (Allemagne/Ghana).

September 13 – November 14, 2024
« Signifying the Impossible Song » s’aventure au cœur de la culture matérielle, explorant les récits intimes et les savoirs que les objets portent en eux. La sélection soigneusement orchestrée d’œuvres, incluant des techniques mixtes, des objets trouvés, des assemblages, des photographies, des sculptures et des peintures, met en exergue le travail collectif de déconstruction et les failles structurelles des systèmes politiques établis. Un éventail de forces s’entrelace, oscillant entre intégration et désintégration, défiance et déplacement. Le rythme cyclique qui émerge suggère que le projet humain est un processus incessant de création et de recréation, une danse continue entre ce qui est et ce qui pourrait être.
Dans « Signifying the Impossible Song », Sanford Biggers s’immisce dans les normes de la représentation, juxtaposant habilement des symboles culturels au sein de ses œuvres des séries Chimera et Codex. Bien que chaque pièce dévoile un langage visuel distinct, elles s’unissent dans une exploration profonde des origines physiques et symboliques du mythe. Sanford Biggers réinvente des vestiges du passé—tels que des sculptures en marbre, des masques africains et des courtepointes américaines—afin de questionner leurs significations et d’interroger les métaphores qui les entourent, élevant ainsi le dialogue artistique vers des réflexions essentielles sur l’identité et l’héritage.

September 13 – November 14, 2024
En écho à cette démarche, Bonolo Kavula puise dans le riche patrimoine du tissu traditionnel shweshwe, inspiré par une robe maternelle, pour composer des tapisseries translucides. Ces œuvres, méticuleusement élaborées à partir de disques de tissu agencés selon des motifs géométriques, évoquent des récits collectifs d’héritage et d’identité. À travers ses créations, Bonolo Kavula fait émerger des mondes imaginaires, nourris de souvenirs de démocratie, de résistance et de folklore, réinventant ces récits pour transcender les limites du réel et offrir une nouvelle perspective sur notre histoire commune.
Inga Somdyala, dans sa réinterprétation poignante d’un pacte politique manqué, présente deux drapeaux sud-africains rivaux, symbole des tensions entre l’ancien et le nouvel ordre. Ces drapeaux, affaissés au sol, composent les couleurs du drapeau national post-1994, incarnant à la fois l’espoir et la tension d’une nation arc-en-ciel unifiée. Cette installation illustre la conclusion tragique de la lutte contre l’apartheid, où une paix négociée a échoué à démanteler les structures racistes qui demeurent profondément ancrées dans la société, invitant le spectateur à réfléchir sur les vérités déconcertantes qui persistent dans le tissu même de la nation.

September 13 – November 14, 2024
Dans la série Hot Commodity, Oluseye déploie des totems de distributeurs automatiques, empilés avec soin, qui contiennent des éléments emblématiques de la culture noire. Cette œuvre audacieuse interroge la manière dont cette culture est souvent réduite à une simple marchandise, critiquant l’appropriation et la commercialisation qui l’entourent. À travers une variété d’objets—des cheveux aux rythmes musicaux, en passant par un détergent fictif baptisé Black Magic, Oluseye dénonce le traitement superficiel de l’identité noire au sein de la culture populaire, invitant le spectateur à réfléchir sur la profondeur et la richesse de cette identité souvent méconnue.
Le besoin humain de collectionner des objets porteurs de sens—qu’ils soient spirituels, sentimentaux ou culturels—se manifeste avec force dans les œuvres de Patrick Bongoy, Ange Dakouo, Turiya Magadlela, Usha Seejarim et Moffat Takadiwa. Chacun de ces artistes assemble des matériaux disparates pour donner vie à des créations qui rappellent que le tout émerge de ce qui était autrefois fragmenté. Ils explorent les substrats et les couches sous-jacentes de nos perceptions, révélant comment les histoires individuelles et collectives s’entrelacent pour former un récit commun.

September 13 – November 14, 2024
L’œuvre Receptible de Usha Seejarim, par exemple, se distingue par son utilisation innovante de balais d’herbe superposés en forme de pot. En mêlant des techniques de tissage et d’enroulement, elle transforme cet objet utilitaire en un récipient chargé de significations. Cette pièce évoque des coutumes africaines et afro-américaines, tout en métamorphosant le balai en un symbole de féminité, de domesticité et de soumission. Ainsi, l’artiste nous invite à reconsidérer les objets du quotidien, révélant leur potentiel à incarner des récits complexes et à défier les stéréotypes.
L’ironie de la richesse manifeste de l’Afrique se révèle dans les choix de matériaux recyclés opérés par Patrick Bongoy, Ange Dakouo et Moffat Takadiwa. À travers leurs œuvres, composées d’éléments issus des déchets du quotidien, ces artistes commentent habilement les complexités des économies postcoloniales, où la subsistance prime souvent sur l’écologie. En intégrant des objets tels que des morceaux de caoutchouc et des brosses à dents, ils illustrent un processus de ré-articulation et de reconstruction qui s’opère dans les pays du Sud, tout en faisant résonner les résonances des injustices passées.

September 13 – November 14, 2024
Leur démarche va au-delà de la simple récupération ; elle s’inscrit dans une réflexion critique sur le rapport à la modernité et à la consommation de masse, tout en célébrant la créativité qui émerge des stigmates de l’histoire. Ces œuvres sont ainsi des témoignages puissants de résilience, mettant en lumière les potentialités d’un avenir où la réutilisation et le recyclage ne sont pas seulement des actes artistiques, mais aussi des gestes de résistance et d’affirmation d’une identité culturelle en constante évolution.