Dans une exposition personnelle riche en métaphores, Guy Simpson offre un regard artistique sur la banlieue de Johannesburg. Jusqu’au 2 octobre, la galerie Everard Read à Cape Town présente « Jacaranda », une exposition où se déploient des murs aux visuels variés. Les fissures, la rouille, la décoloration, les écailles et les effondrements révèlent l’état transitoire de ces barrières chargées d’histoires, évoquant avec émotion la fragilité humaine et le cycle inéluctable de la vie.
Né en 1994 à Johannesburg, Guy Simpson est un artiste visuel sud-africain et co-fondateur de l’Under Projects. Résidant au Cap, il façonne sa pratique artistique à travers des médiums variés tels que la sculpture, la peinture et le dessin. Son inspiration puise principalement dans les souvenirs de son enfance, les matériaux domestiques et les objets du quotidien, qui deviennent pour lui des repères permettant de revisiter son passé et d’appréhender son évolution. La démarche artistique de Guy Simpson s’articule autour de thèmes hétéroclites, mais tous témoignent d’une quête incessante de vérité et de simplicité. L’intérêt central de son œuvre réside dans son exploration profonde de la grandeur de la vie en mouvement, à la recherche de petites vérités.
Dans « Jacaranda », Guy Simpson embrasse pleinement sa démarche d’art exploratoire, s’aventurant dans une multitude de transformations grâce aux techniques traditionnelles de la peinture sur toile. Avec une précision minutieuse, l’artiste sud-africain parvient à reproduire des visuels qui évoquent les murs des quartiers historiques de sa ville natale, Orange Grove à Sydenham. Il façonne ses œuvres à partir de toiles non tendues, superposant, morcelant et collant chaque élément avec soin avant d’y appliquer la peinture. Ces murs, réalisés avec une grande dévotion, cherchent à refléter la réalité, inspirés par des images glanées sur Google Street View.
Cependant, Guy Simpson souligne qu’à travers son nouveau corpus, ces murs, bien que fidèles à leur essence, ne sont pas figés tels qu’ils ont été capturés. Ils portent déjà les marques du changement, étant perçus sur internet comme de simples souvenirs éphémères, mémorisés jusqu’à leur inéluctable remplacement par d’autres images. En fin de compte, ces œuvres représentent des instants fugaces dans le flux tumultueux du temps.
L’œuvre éponyme de l’exposition,Jacaranda, se présente sous la forme d’une installation délicate de fleurs de jacaranda violettes, chacune soigneusement coupée et peinte à la main, qui viennent tapisser le sol de la galerie Everard Read. Ces pétales possèdent une forte charge symbolique, car ils incitent les visiteurs à s’immerger dans l’univers de la banlieue de Johannesburg. En parallèle, cette œuvre invite le public à contempler la beauté fragile des murs, à l’instar des fleurs de jacaranda qui, au printemps, jonchent les rues de la ville.
Les pièces présentées dans l’exposition « Jacaranda » offrent, chacune à leur manière, une interprétation visuelle poignante de la profondeur émotionnelle que les murs peuvent incarner à travers leurs récits. Tels des témoins silencieux, ces murs révèlent des lambeaux de vécu cachés, surgissant par le biais de fissures et de couches disparates. Par exemple, dans l’œuvre intitulée, Crack , le motif d’une vieille nappe émerge à travers la toile superposée, dévoilant une histoire personnelle qui s’inscrit profondément dans le substrat des murs. Cette création de l’artiste sud-africain illustre ainsi comment chaque fissure peut témoigner d’un récit intime et collectif, mêlant mémoire et transformation. « Ce n’est que dans les murs en ruine, que nous pouvons voir les histoires et les vies qui ont traversé leurs frontières. » s’exprime Guy Simpson.