Les traces coloniales demeurant vivaces dans nos sociétés, elles déterminent consciemment ou non la conduite de ceux qui en ont subit les impacts. C’est en réponse à cela, que s’initie « Congoville », un événement artistique qui se tient du 29 mai au 03 octobre 2021 au Musée de Middelheim et l’Université d’Anvers sous la conduite de Sandrine Colard.
La démarche est donc de pouvoir étudier les stigmates de la colonisation et de permettre à la génération actuelle de mieux comprendre l’histoire coloniale grâce à des artistes contemporains qui portent un regard critique sur cette page sombre de l’histoire congolaise.
Présenté sous la forme d’une ville imaginaire, « Congoville » est un projet qui présente une éducation coloniale dans un musée érigé sur un site comprenant un parc, un bâtiment scolaire, un lieu d’attraction et de distraction.
« Congoville », c’est aussi l’occasion de faire comprendre au public, que les traces coloniales persistent encore dans nos sociétés, quelques fois sous la forme de nom des rues ou avenues, des monuments et statuts qui ornent nos villes, le patrimoine architectural, les mythes coloniaux, etc…
« Congoville », c’est une quinzaine d’artistes internationaux qui, par leur talent feront revivre le passé colonial et faire prendre conscience aux visiteurs de l’importance de l’influence des traces laissées par la colonisation. Ce travail contribuera à axer de nouveau les recherches historiques sur les connaissances de la période coloniale sous la forme de catalogue d‘exposition, de divers entretiens etc…
Les artistes participants
Divers artistes internationaux questionneront ce passé colonial dans le merveilleux parc à sculptures du Middelheim.
Sammy Baloji
Photographe d’origine congolaise, Sammy Baloji travaille à Lubumbashi et à Bruxelles. Il est préoccupé par les questions liées à l’exploitation ethnographique, l’architecture et l’urbanisme. Ses œuvres sont orientées vers la protection de l’environnement et le paysage urbain.
Passant par plusieurs médiums, dont les photographies, les sculptures, les archives et les vidéos pour exprimer son art, il s’interroge assez fréquemment sur l’héritage colonial de son pays, le Congo.
Maurice Mbikayi
Basé en Afrique du Sud, Maurice Mbikayi est un artiste congolais qui consacre ses travaux à l’analyse de l’impact de la révolution technologique sur la vie.
Il examine l’influence des découvertes numériques sur la notion d’identité raciale et ethnique. C’est une démarche qui, pour lui, permet de pouvoir questionner chacun.
Jean Katambayi Mukendi
Travaillant sur les différentes sources d’énergie physique ou spirituelle, Jean Katambayi est un artiste congolais dont les œuvres mettent en relief les inégalités et déséquilibres de la vie.
Ancré dans le partage des connaissances et l’éveil des consciences, l’artiste met son art et son savoir-faire au service de la communauté. Il est également à la recherche de solutions au déficit énergétique dont souffre son pays.
Ibrahim Mahama
Figure majeure de l’art contemporain au Ghana, Ibrahim Mahama suggère des relations entre l’espace et la politique par des installations à grande échelle, mais aussi de la peinture et ou des performances.
Dans le but de contribuer au développement de l’art contemporain dans son pays, il ouvre « The Savannah Centre for Contemporary Art » dans son pays.
Pélagie Gbaguidi
Artiste peintre contemporaine d’origine béninoise, elle aborde la violence de l’esclavagisme et ses corollaires dans son travail. Celle qui a vécu une expérience métaphysique sur son chemin créatif avec le « Code Black », mettra à nu les problèmes passés de racisme et de xénophobie et ceux toujours présents.
Pascale Marthine Tayou
Artiste plasticien autodidacte d’origine camerounaise, Pascale Marthine Tayou adopte plusieurs médiums dont le dessin, la performance, la photographie, la vidéo, l’assemblage, le graffiti etc…
Dans son travail qui, au lieu de susciter un mouvement de recul au spectateur, par la mise en avant brutale des excès de la société de consommation, l’on perçoit un univers attrayant aux couleurs vives et acidulées. Son objectif est de pouvoir permettre à chacun de reconsidérer notre culture mondialisée.
Angela Ferreira
Angela Ferreira est uneartiste mozambicaine qui travaille au quotidien à dénoncer les méfaits de la colonisation à travers ses œuvres en évoquant les conflits et instabilités qui perturbent la quiétude des populations de son pays.
Par ses œuvres, Angela Ferreira transmet le souvenir mélancolique du passé colonial aux visiteurs en exposant comme exemple les édifices coloniaux portugais, aujourd’hui en état de dégradation avancée. Ces images provoquent chez les consommateurs des œuvres d’art, comme chez l’artiste lui-même, un sentiment de trahison et de regret dû aux mythes et rêves utopiques de la colonisation.
Simone Leigh
Née de parents jamaïcains, Simone Leigh est une artiste américaine. Elle est sensible à la chosification des femmes noires qui ont été laissées en dehors des archives et en dehors de l’histoire. Ses œuvres prennent parfois la forme de sculptures monumentales aux qualités corporelles, de films ou de pièces à dimension militante. La première femme noire qui fera le pavillon des États-Unis au plus grand festival d’art du monde, la biennale de Venise 2022, sera présente aussi sur « Congoville ».
Hank Willis Thomas
Artiste Américain engagé dans la lutte contre les inégalités et les préjugés, il dénonce la culture populaire, vecteur de la discrimination sociale, à travers ses photographies, sculptures, vidéos et des projets d’art public collaboratif. Hank Willis Thomas travaille à éveiller la conscience des citoyens en utilisant l’art pour réclamer la justice sociale et les droits civiques.
Et d’autres artistes…
Seront également présents : Zahia Rahmani, auteure de la nouvelle « Muslim » et victorieuse du prix Albertine 2020 ;l’artiste contemporaine canadienne Kapwani Kiwanga, qui penche ses travaux sur les sociétés contemporaines post-coloniales ; Sven Augustijnen, qui dans ses films, publications et installations, aborde les thématiques relatives à la politique, à l’historique et aux faits sociaux ; l’Italienne, Elisabetta Benassi, qui consacre son art à l’analyse critique de l’identité contemporaine.
A titre posthume, sera représenté Bodys Isek Kingelez, sculpteur Congolais, ancien restaurateur du Musée de Kinshasa qui a laissé des traces indélébiles dans l’univers de l’art contemporain, à travers son concept dénommé « architecture maquettique ».