« L’identité se construit à travers la différence. C’est un immense gain de se voir tel que l’on est et non tel que la société nous projette sur nous… Être noir, c’est choisir de s’identifier à elle », précise l’artiste sud-africaine Lebohang Motaung avec une ferveur inspirante. Ce mois-ci, c’est son fascinant parcours créatif qui capte notre attention. À travers la sculpture capillaire, elle explore un médium artistique unique qui lui permet non seulement d’affirmer son héritage, mais aussi de revendiquer sa place au sein de la scène contemporaine.
Née à Vaal Sebokeng, en Afrique du Sud, Lebohang Motaung détient un BTech en beaux-arts avec une spécialisation en gravure de l’Université de technologie de Vaal. Rapidement, elle s’impose en tant qu’artiste plasticienne émérite, décrochant en 2015 un certificat d’excellence en gravure aux renommés Artist Proof Studios de Johannesburg.
En tant qu’artiste émergente, Lebohang Motaung connaît un bouleversement inattendu de sa carrière, porté par des opportunités tant locales qu’internationales. Ces expériences uniques embellissent son parcours dans le paysage de l’art contemporain, lui offrant les moyens de nourrir sa créativité avec audace. Son voyage artistique prend un tournant décisif avec une résidence de quatre mois à la prestigieuse School of Museum of Fine Arts de Boston, au cœur des États-Unis. Là, elle s’imprègne de techniques avancées de gravure en taille-douce tout en partageant son savoir en tant qu’enseignante adjointe de l’institut.
Elle poursuit son voyage artistique avec une nouvelle résidence de huit mois en 2018 au Project Space, où elle a la chance d’être guidée par le maître Benon Lutaaya, un artiste émérite et regretté de la scène contemporaine. Le mentorat de cette figure respectée, tant au niveau local qu’international, enrichit l’évolution de Lebohang Motaung, façonnant un style artistique d’une singularité remarquable.
Au cœur de sa démarche, l’artiste sud-africaine œuvre pour la préservation de l’identité des femmes face aux normes imposées par la politique capillaire, utilisant les cheveux synthétiques comme médium. Son art est un manifeste invitant les femmes à demeurer fidèles à elles-mêmes, à rester inébranlables face aux jugements concernant la manière dont elles choisissent de coiffer leurs cheveux.
En tant que femme noire, Lebohang Motaung puise dans son propre vécu et ses expériences personnelles pour explorer la politique des cheveux. Elle scrute les traditions, les conversations et les défis qui jalonnent son chemin. Cependant, loin de se cantonner à une vision de lutte, son œuvre célèbre la jeunesse, la beauté et la confiance des femmes.
À travers des sculptures capillaires synthétiques aux formes variées et immersives, Lebohang Motaung questionne et réinvente les standards de beauté associés aux femmes noires. Son art singulier incite ces femmes à s’affirmer, à embrasser leur identité et à porter avec fierté des accessoires qui mettent en valeur leur beauté authentique. Dans chaque création, l’artiste invite une célébration de soi, affirmant qu’il n’existe qu’une seule façon d’être belle : celle qui vient de l’intérieur.
Les créations de Lebohang Motaung célèbrent la féminité noire avec une positivité éclatante et une fierté inébranlable. À travers l’esthétique riche et complexe des coiffures africaines, elle parvient à subvertir et recontextualiser les stéréotypes négatifs qui pèsent sur les femmes noires.
Son œuvre embrasse et défend la beauté africaine dans toute sa splendeur, même au cœur d’une métropole comme Johannesburg, où cohabitent des réalités africaines et occidentales. Dans cet environnement frémissant, Lebohang Motaung affronte la crise d’identité territoriale qui se traduit souvent par une dévaluation de l’esthétique noire au profit de normes occidentales prédominantes.
Elle invite à une réflexion profonde sur la valorisation des identités africaines et démontre avec éclat que la beauté, dans toutes ses formes, mérite d’être célébrée et honorée, loin des jugements hâtifs et des préjugés hérités. Par son art, Lebohang Motaung ne se contente pas de revendiquer une place, elle ouvre la voie à un nouveau récit, réclamant un espace où la beauté noire s’affirme avec force et éclat.