La M.Bassy à Hambourg propose dans son espace artistique l’exposition collective « Two Lizzards | Sharing One Stomach ». Co-organisé par Modzi Arts à Lusaka cette présentation se tiendra jusqu’au 15 décembre 2023 et mettra en avant le dynamisme et la diversité de la scène artistique contemporaine zambienne à travers une pluralité d’œuvres issus de six artistes contemporains. Une occasion inédite de découvrir la pratique de l’art des acteurs contemporains zambiens.
Les six artistes invités à prendre part à cet évènement sont profondément enracinés dans le pays et orientent leur travail dans les récits zambiens. De ce fait, les œuvres dévoiler pendant l’exposition bien que pluriel du fait de la diversité des médias proposer notamment la peinture, la sculpture, la vidéo, l’installation et de l’art numérique, abordent tous une perspective commune, celle des idées de partage dans l’avenir de la Zambie, en interrogeant les valeurs, les mythes, les tabous sociaux et collectivement axés dans le passé. Les artistes zambiens prenant part à cette ode artistique locale sont Agness Buya Yombwe, Isaac Kalambata, Lawrence Chikwa, Lawrence Yombwe, Mapopa Hussein Manda et Maingaila Muvundika.
Lawrence Yombwe et son épouse Agness Buya Yombwe dans leur démarche artistique explorent les systèmes de connaissances autochtones, précisément ceux des Mbusa du peuple Bemba ainsi que des tribus collatérales du nord-est de la Zambie. Mbusa, un terme signifiant « choses transmises », fait référence aux arts traditionnels tels que les poteries, sculptures et peintures murales qui représentent des éléments clés pour les cérémonies d’initiation et mariage des filles Bemba. Dans sa pratique, Lawrence Yombwe assimile à ses peintures de paysages mystérieuses, des symboles à déchiffrés qui apparaissent comme un repère afin d’orienter les jeunes générations sur la manière d’aimer et de respecter. Agness Buya, dans un style activiste, réalise une analyse des récits sociopolitiques et environnementaux muselés dans diverses sociétés et au sein desquelles la condition humaine est continuellement remise en question.
Mapopa Hussein Manda opte pour des collages peints dans le style d’un journal simulé à travers lequel il apparaît clairement comme un commentateur sociopolitique. En correspondance à la technique d’Agness Buya Yombwe, les textes peints dans ses conceptions permettent l’obtention d’une dimension médiale autre, pour plus de pertinence et de profondeur à l’observation.
Le pouvoir dénonciateur et percutant des mots intervient également dans l’œuvre d’Isaac Kalambata. Noircissant ces œuvres de textes et de récits, il souhaite susciter un intérêt sur l’héritage colonial et les fausses déclarations dans la politique et les lois quotidiennes de la Zambie. Orientant sa démarche dans une approche autre, Lawrence Chikwa incorpore régulièrement dans ses œuvres des Bibles ou d’autres livres religieux de différentes langues pour inciter un discours autour de la souveraineté au sein du patrimoine zambien.
À travers un axe tout aussi différent, Maingaila Muvundika, le plus jeune artiste du groupe s’essaie à l’expérimentation de collages numériques par le biais de ses propres photographies. Se faisant, l’artiste souhaite honorer les coutumes sociales de la Zambie précoloniale en s’arrêtant principalement sur le gain collectif plutôt que sur l’intérêt personnel.
Bien que petite, la Zambie dispose aujourd’hui d’une scène artistique vivante et diversifiée pour proposer au monde son action et sa créativité de l’art. Une transformation culturelle s’est opérée au sein des présomptions zambiennes avec à la tête de nombreux acteurs innovants s’employant à redécouvrir l’héritage culturel, les artistes locaux ainsi que leurs approches de l’art socialement engagées. Ce besoin d’exploration locale est retrouvé au niveau des institutions artistiques notamment la Modzi Arts à Lusaka et le studio d’artistes Wayi Wayi à Livingstone, créer par Agness Buya Yombwe et son époux Lawrence Yombwe, au sein desquelles l’accent est mis sur la communauté locale, la durabilité environnementale et l’autonomisation collective, offrant des opportunités de contributions culturelles en faveur d’une meilleure image de soi de la communauté artistique zambienne.
C’est dans cette perspective que Taonga Julia Kaunda-Kaseka, la fondatrice et directrice de Modzis, déclare : « Les espaces artistiques tels que Modzi Arts et Wayi Wayi sont des connecteurs et des négociateurs. La solidarité est leur principe de base. Nous accordons une attention particulière aux rituels qui entourent la convivialité et les considérons comme un point de départ pour s’engager dans l’esprit collectif. Nous déconstruisons les modèles de partage et essayons de remonter dans l’histoire pour trouver des récits qui traitent des notions d’être ensemble. Le titre de cette exposition collective, Two Lizzards | Sharing One Stomach, est emblématique de l’idée que nous nous faisons de ce que le partage avec le passé signifie pour ces différents artistes. »
Pour la bonne réalisation de l’exposition « Two Lizzards | Sharing One Stomach », les institutions M.Bassy et Modzi Arts se sont engagés dans une collaboration conjointe pour un meilleur partage d’idées. Émergera de cette assembler un discours additionnel pertinent sur les collaborations institutionnelles et sur la manière dont les pôles du monde partageront des perspectives, des ressources et des espaces.