En 2004, la Fondation Cartier a offert sa plus mémorable exposition indépendante en France. Dès lors, l’œuvre de Chéri Samba s’est aventurée aux quatre coins de la planète et s’est rappelée au bon souvenir des collections et institutions mondiaux les plus estimés. 18 ans après, la Galerie Magnin-A consacre à cet artiste emblématique de la scène contemporaine la première exposition coordonnée dans une galerie parisienne.
Du 17 septembre au 23 octobre 2022, l’exposition « Stupéfaction » présentera une quinzaine de toiles jamais ou rarement montrées, réalisées Chéri Samba quelque part entre 1983 et 2022.
Parmi les œuvres exposées figure l’œuvre mémorable qui s’adresse à M’Pongo Love, la grande dame de la musique congolaise, mais aussi cette œuvre une émouvante autoreprésentation de 2022 intitulée « La vieillesse d’un homme sans pêché ».
Passeur de messages et d’éthique, se mettant en scène devant un public, Chéri Samba produit des œuvres dans lesquelles il accueille le visiteur pour le faire entrer dans des histoires impératives, enchanteresses, divertissantes, belles, mais par ailleurs inquiètes des enjeux africains et humains.
Ses créations artistiques sont exactes, car il y investit beaucoup d’énergie et ne peint que douze tableaux par an afin d’y transmettre sa propre justification. Pour Chéri Samba, l’art n’a pas de limites. À la fois expert de la fameuse peinture congolaise et artiste contemporain mondialement perçu, il traite de sujets très variés, comme l’éthique, l’existence quotidienne, les personnages du monde, mais aussi la toile de fond historique de la facture, la sexualité, les déséquilibres sociaux ou la souillure.
Le peintre combatif attire et capte le regard avec des tonalités saisissantes. Les textes inscrits sur ses œuvres, parfois loufoques et souvent philosophiques, incitent à la réflexion et à l’interrogation, tout en espérant remuer de petites voix sur le sujet traité.
Chéri Samba
Né à Kinto M’Vuila, en République du Congo, où il vit et travaille, Chéri Samba copie les bandes dessinées humoristiques depuis son jeune âge. Conscient du résultat de ses dessins, plutôt que de suivre le métier de forge de son père, il quitte l’école et s’installe à Kinshasa en 1972.
Il a d’abord eu du mal à trouver une nouvelle ligne de travail, et fini par travailler chez Mbuta-Masunda, un peintre d’enseignes publicitaires, qui l’emploie à la condition qu’il passe deux évaluations : la reproduction au crayon d’une photo et un travail calligraphique en lettres gothiques. N’ayant jamais entendu ce mot, il dessine des lettres de son propre développement qui plaisent énormément et lui garantissent ce travail. Il travaille ensuite pour le journal « Bilenge info », puis s’installe plus tard sur le bord des routes Kasa-Vubu et Birmanie, dans la région de Ngiri.
Ses œuvres d’art sont constamment peintes dans une riche gamme chromatique, claire, différenciée et le plus souvent pailletée comme pour rendre le sujet léger. Quel que soit son message, Chéri Samba estime que celui qui regarde doit entrer dans ses compositions sans appréhension.
En 1975, il réalise son autoportrait le plus mémorable, et en 1985, il choisit de faire de lui-même le sujet habituel de ses créations, afin que son nom aussi bien que son visage puissent être perçus.