L’exposition « Mémoires contemporaines d’un continent » offre la découverte de la nouvelle exposition de l’artiste, et propose une intersection d’un regard contemporain et d’un mouvement tribal, fabriqué par l’artiste occupé par une puissance d’un autre monde. Ouverte jusqu’au 18 juin 2022 à la Galerie Cécile Fakhoury située au 29 avenue Matignon dans le 8e arrondissement de Paris, les œuvres de Sadikou Oukpedjo emportent dans un imaginaire de peintures caverneuses millénaires.
Sadikou Oukpedjo propose une série d’œuvres, certains utilisant une méthode astucieuse de mélange de pigments et d’encaustiques, d’autres s’approchant parfois d’une analyse de substance ou d’une création sur-mesure, montrant des tons discrets, plutôt profonds ou éthérés, qui, comme le mystère évident recommandé par le titre, sont gravés au-delà des possibilités naturelles, à l’intersection du passé et du contemporain.
Quelques œuvres semblent avoir été mises au jour depuis une époque préhistorique, comme si elles étaient exhumées d’un endroit sauvegardé par la progression du temps. Les monstres délicats des œuvres de Sadikou Oukpedjo sont parfois présentés dans des positions réfléchies, à l’écart de l’agitation du monde, parfois dans des scènes de bataille ou de conflit.
Des œuvres différentes, encore, montrent des tons frappants et intègrent des images qui ne laissent aucun doute sur les temps d’avant-garde dont l’artiste mentionne un fait observable de base : un continent africain sous l’influence d’intérêts inconnus, saisis de son abondance et de ses pouvoirs, comme inconscient de cette domination.
Mais au-delà, une analyse inflexible du mal humain, de la réitération de l’équivalent et des individus qui jouent de la douleur d’autrui comme bon leur semble. Ses figures thérianthropiques, mi-humaines et mi-créatures, sont importantes pour une longue série de fantasmes et de convictions, des divinités égyptiennes aux cérémonies chamaniques.
À l’instar des légendes grecques ou africaines, les œuvres de Sadikou Oukpedjo présentent les légendes et leurs épopées, dans certains cas des animaux incroyables, intermédiaires entre les êtres divins et les hommes, comme un cadre pictural pour donner du sens à nos sociétés et au début de nos zones urbaines.
La nuance stylisée des œuvres de Sadikou Oukpedjo, au fur et à mesure, recommande l’art de la réflexion qu’elles apportent. L’analyse pointue n’est jamais sans trace de délicatesse, et la précision du regard de l’artiste est faite d’autant de peine que d’espoir.
Si le combat des hommes entre eux et en eux n’est souvent pas délicieux à voir, il est arrivé aux êtres divins de déjouer leur prédétermination. L’expression de l’oracle a généralement quelques implications, qui sont ici communiquées plastiquement dans la magnificence des menaces, ouvertes ou fermées, racontées par Sadikou Oukpedjo à travers ses œuvres.
Sadikou Oukpedjo
Après avoir nourri une pratique créative de jeunesse essentiellement centrée sur la sculpture et les assemblages, Sadikou Oukpedjo rejoint l’atelier de Paul Ahyi à Lomé, au Togo.
Au fil du temps, il s’est mis à peindre parallèlement en exploitant du papier ciment aux traits pastel, de l’utilisation de la craie à la peinture sur la matière, il réalise des œuvres aux aspects nouveaux, le dessin étant à la fois exposé à la manière du bois et considéré comme un médium par lui-même.
Après un séjour au Mali, la nation de ses lointains points de départ, il choisit de s’installer à Abidjan où il se consacre alors essentiellement à la peinture.
C’est à partir de 2014, à son retour de la Biennale de Dakar, qu’il entame une progression d’œuvres, dont les figures seront présentées à l’exposition Cécile Fakhoury à Abidjan en 2016. Cette série a en outre été présentée en 2014 à la 1-54 Contemporary African Art Fair à Londres. En 2016, Sadikou Oukpedjo a été accueilli en résidence, à La Somone avec la Fondation Blachère à Dakar, ainsi qu’à Thread, Tambacounda, Sénégal avec La Fondation Josef et Anni Albers.
En 2018, Sadikou Oukpedjo a été inclus dans deux expositions, « Des Hommes et des Totems » à la Galerie Le Manège à Dakar, et « Les Fantômes de l’Afrique », avec Vincent Michéa, à la Galerie Cécile Fakhoury à Dakar. La même année, il bénéficie d’une exposition indépendante à la Cité internationale des arts à Paris.
Après son exposition « Silentium » à Abidjan en 2019, Sadikou Oukpedjo est exposé en 2020 à Dakar et à Paris, à la Galerie Cécile Fakhoury puis il reçoit une commande du Palais de Lomé pour d’étonnantes sculptures mis en plein air pour son inauguration.