Covid-19 oblige, les Rencontres Arles à Paris ont dû être annulé cette année. Après 50 ans sans interruption, cette messe mondiale de la photographie devait accueillir 35 expositions, de quoi revigorer le public après plusieurs semaines de confinement. Pour pallier cette situation et donner quand même aux passionnés de photographie, de quoi s’occuper pendant l’été, le sénégalais Mabeye Deme organise une série d’expositions à Paris. Elles portent sur la ville de Dakar.
Mabeye Deme : l’influence de trois cultures
Né à Tokyo en 1979 d’une famille sénégalaise, Mabeye Deme travaille et vit entre la France et le Sénégal. Après des études de cinéma à Paris-Sorbonne Nouvelle, il a notamment été photographe de plateau pour le film Aujourd’hui, d’Alain Gomis. Il a également travaillé sur de nombreux courts métrages.
Sa rencontre avec Hong-Jimmy Seng marque un tournant décisif dans son art. Dès lors, Mabeye Deme s’oriente vers une photographie pudique, rêveuse et onirique. Son travail a notamment été mis en avant à l’occasion de la Biennale des Arts Off en 2011 et de la Biennale Dak’Art off en 2014. En 2016, il a exposé au siège de l’Unesco à Paris, dans le cadre de la semaine africaine, à la Galerie Trajectoire à Marseille, ainsi qu’au Musée de l’Abbaye Saint Germain à Auxerre.
Des photographies derrière une toile
Mabeye Deme a une technique artistique très particulière. Il se déplace avec une tente sur les plages et dans les rues de Dakar pour capturer des instants uniques. Afin de donner une touche spéciale à chacun de ses clichés, il photographie à travers un tissu qui fait office de filtre. Du coup, il est difficile de savoir précisément s’il s’agit de vieilles photos usées par le temps, de peintures, de gravures ou encore d’images. Pour créer cet effet, le photographe s’inspire entre autres des vieilles photos de sa grand-mère.



À travers cette démarche, Mabeye Deme cherche à créer ses propres archives, une sorte de mémoire. Il choisit donc d’immortaliser des moments uniques, tels que l’attente de jeunes gens chez un coiffeur, le travail des boulangers, un match de football entre jeunes la nuit, le travail d’un boucher, etc. Pour l’artiste, chaque prise est une occasion de s’introduire dans des endroits insolites pour obtenir des photos qui transporteront les personnes qui les regardent dans les rues dakaroises. Dans les prochains mois, Mabeye Deme projette de traverser tout le Sénégal avec une chambre photographique dans ses bagages.
Ses séries Wallbeuti et Gudi Dakar sont exposées à 20 lieux à Paris, du 18 juin au 13 août.