Dans un tourbillon de couleurs vives et de visages féminins mystérieux, l’artiste africain Obou Gbais transporte les visiteurs de la galerie LouiSimone Guirandou dans un univers envoûtant. Jusqu’au 29 juin, il invite le public à découvrir la culture Dan à travers son exposition “Neo Dan“. Cette exposition est à la fois un hommage à ses racines culturelles et une célébration de la société traditionnelle Dan, transformée avec talent et passion par Obou Gbais en une œuvre contemporaine captivante.
Imprégné de son héritage culturel, Obou Gbais intègre subtilement des éléments de la culture Dan dans ses toiles, les revisitant avec une approche résolument moderne, branchée et irrésistible. “Neo Dan” incarne parfaitement cette fusion de tradition et de modernité, où l’artiste laisse éclater sa virtuosité artistique en insufflant une nouvelle énergie aux traits des masques Dan.

Dans son œuvre, Obou Gbais célèbre l’artisanat du sculpteur, qui, méticuleusement, ajuste chaque détail sur sa création, dans sa quête infinie de perfection. Inspiré par la grâce des femmes Dan, célèbres pour la finesse de leurs traits, l’artiste se confronte à l’impossibilité de capturer pleinement la vitalité d’un visage, réalisant ainsi la futilité de sa quête.
À mesure que le processus de création avance, le masque prend de l’assurance, s’anime, s’exprime davantage et évolue, tout comme l’artiste lui-même. Loin de son objectif initial d’effrayer ou de symboliser la justice, le masque Dan accueille les émotions et les expressions de celui qui le porte, offrant un spectacle captivant aux spectateurs. En rendant hommage à son père, professeur de mathématiques, à travers des motifs géométriques qui accompagnent les plis des “sapes”, comme il les désigne avec affection, Obou Gbais ajoute une touche de fantaisie à ses créations, enrichissant ainsi son univers artistique.

Comme un masque festif, les toiles d’Obou Gbais invitent à une danse plus contemporaine. Le processus de création de l’artiste est une fusion constante entre ses racines traditionnelles et son implication dans le développement d’une culture ivoirienne contemporaine et métissée, où il puise instinctivement dans diverses sources d’inspiration.
Présent à la fois sur les murs, sur les réseaux sociaux, dans les quartiers et dans les musées, Obou Gbais se retrouve dans des lieux sociaux aux atmosphères variées, ce qui lui permet de réconcilier ces deux mondes dans ses œuvres. Ce polymorphisme reflète son identité artistique, naviguant entre la peinture, la sculpture, le dessin et la musique. Chacun de ces médiums est pour lui l’occasion de construire un pont entre la culture qui l’a façonné et celle qu’il a adoptée, créant ainsi un dialogue harmonieux entre tradition et contemporanéité.

Animé par un nouveau souffle d’énergie, le masque d’Obou Gbais évolue entre la capacité de transmettre une émotion et le risque de basculer dans la caricature. La spontanéité et l’expressivité qui caractérisent le travail de l’artiste limitent l’effet du masque à sa fonction première. Ces visages transposés répondent au désir profond de l’artiste ivoirien de traduire avec intensité la vie intérieure, de révéler des émotions intenses à travers des expressions marquées, comme si les masques finissaient par se révéler dans toute leur authenticité.
En reprenant et en transcendant les codes du portrait néoclassique européen, qui cherchait à retenir les émotions et à exclure la représentation des passions de l’âme, Obou Gbais y mêle sa propre technique artistique, celle d’humaniser les masques. Grâce à une esthétique et un savoir-faire singulier, il insuffle une véritable essence de vie dans ses créations, multipliant les visages et les émotions qui en émanent. Ainsi, chaque masque devient une oeuvre vibrante, capable de transcender les limites traditionnelles de l’art et d’exprimer la profondeur de l’âme humaine.

Avec ses figures colorées et étranges, Obou Gbais joue habilement sur l’empathie naturelle du spectateur. Le masque devient si proche, si saisissant, que celui qui l’observe se voit instinctivement reproduire les grimaces et les expressions déformées représentées. Cette relation interactive crée une connexion profonde, transformant les “grimasques” en bien plus que de simples représentations d’émotions intenses. Elles révèlent le pouvoir de communication du visage à travers sa diversité d’expressions, de variations et de déformations.
Jusqu’au 29 juin, Obou Gbais invite les spectateurs à un voyage émotionnel immersif à travers son exposition “Neo Dan“, où la culture traditionnelle Dan et la modernité se rencontrent dans des sculptures et peintures respectivement riches en expressivité et en couleurs. Une invitation à explorer les multiples facettes de l’âme humaine à travers les masques et les visages déformés, et à découvrir la profondeur de l’expression artistique de l’artiste contemporain africain.

Dans un ballet artistique magistral, Obou Gbais nous offre un voyage saisissant au cœur de la tradition Dan, revisité avec audace et sensibilité, où chaque coup de pinceau semble respirer la vie et l’esprit de cette culture ancestrale.