Les artistes modernes et contemporains africains ont vu ces dernières années leurs côtes monter dans les ventes sur le marché de l’art. Inévitablement, cela a conduit à une plus grande attention de la part des galeries qui créent ou nomment de plus en plus de réels spécialistes à la tête de départements dédiés à cette branche. Depuis le milieu de l’an 2020, année qui, s’il faut le rappeler, a été particulière, il est intéressant de constater que des transferts stratégiques ont été effectués dans lesdits départements, faisant penser à un véritable mercato. Petit tour d’horizon.
Un amoureux de l’Afrique chez Artcurial
Après y avoir assis une réputation historique, Artcurial a ouvert une filiale au Maroc en novembre 2019. Ils signent alors la première implantation en Afrique d’une grande société internationale de vente du monde de l’Art. Pour renforcer leur action sur le marché de l’art contemporain africain, la maison de vente aux enchères a procédé à la création puis à la nomination de Christophe Person à la tête du département d’Art Contemporain Africain un an après, en novembre 2020. Véritablement engagé dans la promotion et la valorisation de la création artistique en Afrique, Christophe Person avait précédemment créé et développé ce même département chez PIASA où il l’a dirigé pendant 5 ans. Il est également le président et fondateur de la première Biennale Internationale de Sculpture de Ouagadougou (BISO).
Dès son arrivée, il s’implique particulièrement dans « Un hiver marocain », vente organisée par la maison en décembre qui a rencontré un franc succès. Elle a en effet totalisé 3.17 millions€ dont 602.000€ sur la vacation dédiée à l’Art contemporain africain, doublant ainsi les estimations de base. Autant dire qu’avec Person, Artcurial gagne un véritable passionné qui saura à coup sûr contribuer à augmenter le rayonnement de la maison sur le marché de l’Art contemporain africain.
Un binôme féminin à PIASA pour l’art contemporain africain
Suite au départ de Christophe Person de la tête du département, la maison PIASA a nommé un duo féminin, Olivia Anani et Charlotte Lidon pour diriger le volet art contemporain africain. Une décision annoncée en janvier qui selon Frédéric Chambre, directeur général, « vient conforter le rôle de leader et renforcer l’implication de PIASA sur le marché de l’art contemporain africain ». Les deux femmes viennent de deux grandes maisons de vente aux enchères.
Olivia Anani, critique d’art et commissaire d’exposition, travaillait en effet depuis cinq ans chez Christie’s où elle a non seulement travaillé sur la vente d’œuvres et collections exceptionnelles mais s’est également récemment impliquée dans l’organisation d’une collaboration entre la maison et la foire 1-54. Elle avait avant ça acquis de nombreuses expériences et compétences chez Sotheby’s et Philips.
Quand à Charlotte Lindon, spécialiste en histoire de l’art et des scènes artistiques non occidentales, elle arrive tout droit de Sotheby’s qu’elle avait intégré en 2011. Elle y a activement participé à la création et au développement du département Art Moderne et Contemporain Africain dès 2016. Elle a également participé aux ventes organisées par la maison à Londres et à Paris dans cette spécialité.
Leur vision commune va « au-delà d’une consolidation du second marché pour les artistes du continent et de ses diasporas ». Elle tend « à renforcer la présence des artistes sur le marché global mais aussi à inscrire leurs travaux dans une histoire de l’art propre à l’Afrique ». Le binôme portera avec ses nouveaux regards une première vente Afrique + Art Moderne et Contemporain le 19 mai.
Avec les défis que rencontrent les galeries et maisons de ventes suite à la situation sanitaire mondiale, on peut s’attendre à de nombreux changements dans le monde de l’art. L’Afrique est très certainement une niche porteuse et on devrait s’attendre à une recrudescence de l’attention qui lui est déjà portée. Une aubaine, à n’en point douter, pour tous créateurs.