L’œuvre d’un artiste a la capacité de mettre en lumière des problématiques, d’offrir une réflexion sur cette réalité présente ou de changer notre regard sur le monde. Mais si l’art doit garder sa liberté, la voix de l’artiste est plus essentielle que jamais dans cet univers de chocs et de conflits. C’est par ce cadre que l’exposition « Liberté masquée » réunit des artistes de quatre continents et de différentes générations du 15 au 26 septembre 2021 à l’Espace Christiane Peugeot à Paris.
Leurs héritages historiques, sociaux et individuels distincts les amènent à prendre des choix différents lorsqu’ils sont confrontés à leur vision de la liberté. Pour eux, la signification de la liberté peut être à la fois l’histoire et les développements récents, la proximité partagée, l’accès à l’eau potable et, évidemment, la possibilité de s’exprimer. Leurs visions de la liberté nous offrent d’étonnants miroirs dans lesquels le visiteur pourrait se tremper pour s’assurer plus facilement de sa propre liberté, essentiellement plurielle.
L’exposition collective « Liberté masquée » présente des œuvres dont les manifestations sont autant de déclarations et de confrontations. Cette variété de création montre combien la liberté est plurielle. Les œuvres sont rapprochées ici d’une manière fondamentalement auto-affirmée, à travers leur expérience et le cadre où chacune de leur voie artistique a été dessinée.
Leurs déclarations montrent les trappes proches entre sur un laps de temps significatif, tant par leurs souvenirs que par leurs perceptions d’un présent aux couleurs parfois héréditaires. Qu’il s’agisse des mouvements embrassés au péril de la vie et de la rébellion pour Omer Amblas, de l’accès à l’eau potable au Nigéria et dans d’autres pays et des risques encourus par les femmes pour Joseph Obanubi, ou de la possibilité de s’exprimer, l’œuvre de Rezvan Zahedi aborde la liberté d’expression, en particulier pour les femmes, un droit principal qui n’est pas encore respecté dans de nombreuses régions, et quant à elle l’œuvre de Daniel Galicia gère la question majeure et exceptionnellement fluctuante de la personnalité et de l’orientation sexuelle. Ces quatre artistes nous rappellent à quel point l’art joue un rôle majeur dans notre conscience du monde.
L’exposition « Liberté masquée » est l’occasion d’un échange avec les artistes sur la question de la liberté, mais aussi d’un questionnement pour chaque invité, sans doute en résonance avec leur expérience des derniers mois de confinement. Comme s’il s’agissait d’engager notre « Liberté masquée », leurs œuvres susciteraient de l’intérêt, de l’énergie, des conversations à un moment où le tumulte du monde est extraordinaire et où l’art, aiguillon de notre conscience du monde, est plus important que jamais, et étonnamment vital.
Les artistes de l’exposition « Liberté masquée »
Omer Amblas
Omer Amblas est né en 1948 à Capesterre-Belle-Eau en Guadeloupe. Il vit et travaille près de La Rochelle. Il commence à peindre à 9 ans, mais ce n’est qu’à l’âge de 30 ans qu’il se penche sur l’histoire de l’art et du design à Nantes.
Omer Amblas peint avant tout l’expression, les sentiments, pas le détail. Son sujet de prédilection est le visage humain, qu’il peint comme un paysage.
À travers ses œuvres, il s’intéresse à l’histoire, à ses précurseurs qui ont survécu à l’abolition de l’esclavage, mais aussi à l’actualité, lorsqu’il peint le désespoir, l’abattement, voire le dépérissement des insoumis qui partent en excursions prêtes à tout, mais combien instables et frustrés.
La présence des coups de pinceau dans ses œuvres, étalés à un niveau superficiel, fait une sorte d’éradication physique et représentative, une sorte de perte de mémoire et d’identité. Sa peinture, entre art abstrait et expressionnisme, met en scène des personnages qui n’ont pu communiquer leurs pensées.
Daniel Galicia
Daniel Galicia est né en 1993 à Mexico. À l’adolescence, il quitte le Mexique avec sa mère et s’installe à Montréal. Il apprend à la faculté des Beaux-Arts de Concordia-Montréal et entre ensuite aux Beaux-Arts de Lyon où il obtient son diplôme d’art avec mention. Il est actuellement aux Beaux-Arts de Paris.
En tant que jeune artisan visuel, il utilise l’image de soi comme outil de travail. À travers ses propres expériences, la chimie spéculative de ses cultures, mexicaine, québécoise et maintenant française, et l’hommage qu’il porte aux femmes de son existence, il soulève la question essentielle de l’identité et du sexe, parfois même jusqu’à la liberté de renaître.
À partir de témoignages, de photos de famille et d’identité, il construit sa mythologie en nous informant sur son expérience transitoire, ses liens d’adoration et sa gender fluidity. Peinture, dessin, photographie, tissage et performance sont les différents types de narration.
Joseph Obanubi
Joseph Obanubi est né en 1994 à Lagos où il vit et travaille. Il a étudié le design graphique à l’Université de Lagos.
Sortie major de sa promotion, il s’est lancé dans ses premiers projets artistiques. Sa série « Techno Heads » le place comme finaliste du Contemporary African Photography Prize en 2019. Il a remporté en 2019 le prix du British Council pour les artistes émergents. Son travail a été exposé à l’AKAA Art Fair et au 1-54 Art Fair à Londres et à Marrakech.
Il explore à travers ses œuvres les questions identitaires qu’il convertit en une esthétique afro-futuriste. Il rassemble des fragments visuels de l’existence quotidienne, qu’il allie en montages digitaux dans le but de créer une nouvelle perception qui nous unit.
Rezvan Zehadi
Rezvan Zahedi est née en 1987 à Booshehr, en Iran. Elle vit et travaille à Paris. Rezvan Zahedi est une artiste visuelle qui s’est consacrée tout d’abord à la photographie de graffitis dans les rues iraniennes.
En 2013, elle coordonne dans son pays une exposition subreptice de son travail, en raison de l’engagement politique de ses images, et est emprisonnée. Elle participe en 2015, à Paris, à l’exposition « Hip-Hop : du Bronx aux rues arabes » à l’Institut du monde arabe, où elle présente ses photos et plaide pour la condition des femmes, critiquant l’effet des normes ou lois spécifiques sur leurs libertés, n’ayant pas la possibilité de rentrer en Iran, elle choisit de rester en France et rejoint l’Atelier des Artistes en Exil.
Elle étudie la photographie. Puis expose entre autres à la Villa Rose de Paris, au Musée national de l’histoire de l’immigration ou au Pavillon Carré de Baudoin de Paris. Rezvan Zahedi place la question des libertés au cœur de son travail artistique, notamment celui des femmes dans le monde.
L’exposition « Liberté masquée » est ouverte du 15 au 26 septembre 2021 à l’espace Christiane Peugeot situé au 62, avenue de la Grande Armée à Paris dans le 17e. Cet espace est à la disposition de tous les types d’art, de culture et favorise la promotion des artistes de tout âge et toute discipline.