La Kunsthalle de Zurich présente jusqu’au 22 mai 2022 « Kicking Dust » la première exposition importante de l’artiste Igshaan Adams en Europe continentale. Cette exposition arrive en Suisse en provenance de la Hayward Gallery de Londres où elle était présentée de mai à juillet 2021.
À travers l’exposition « Kicking Dust », Igshaan Adams propose une aire de récréation, une scène qui nous assimile et nous englobe avec le régulier, le désir, le compte et les innombrables différenciations. Il parle du commencement, de la religion et de la sexualité et il associe le général, le lointain et l’apparemment problématique de par ses œuvres d’art tissées, ses sculptures en filigrane et ses structures de grande envergure qui recouvrent des énergies contraires.
L’artiste Igshaan Adams avec ses créations fait tourner des cordes, retiennent et enroulent des ensemble de pensées, car son art est dynamique, charmant et simultanément ancré dans le vécu. Son exposition « Kicking Dust » assimile les visiteurs tout en laissant de l’espace et du calme pour la réflexion et évoque une crèche ou une aire de loisirs où se mêlent des voies, des souhaits et des souvenirs apparents et indécelables.
« Kicking Dust » suit des parcours à travers d’épais tissages qui semblent se rejoindre les uns les autres. Ces parcours dépendent des chemins faits, impromptus parcourus par les occupants du Cap. Situés sur la frontière de Bonteheuwel et du township voisin de Langa, ces chemins sont empruntés depuis un certain temps, malgré un contexte marqué par une agression raciale et stricte entre les communautés.
La spécialité de l’artiste n’est pas assurément biographique, elle n’est ni non-littérale, ni narrative, ni théorique mais incroyablement illustrative. Pour lui, le matériau est central : entre corde, globules de verre, plastique, bois ou de la texture, qui sont tissés dans d’immenses revêtements de sol ou de vastes installations. Quelques fois fabriqués par lui-même ou aidés par des femmes qui ont une maîtrise du tissage, ce qui lui permet de transmettre les pensées et les récits des autres dans son travail à travers des espaces picturaux et des installations vivantes qui nous absorbent.
« Kicking Dust », le titre de l’exposition, fait allusion à une danse indigène sud-africaine que l’artiste a vue, enfant, parmi les Nama, le groupe ethnique de ses grands-parents, sur le territoire du Cap Nord. Représentée comme se déplaçant dans le résidu, la danse est une coutume romanesque où les tempêtes de poussière s’éjectent dès les premières scènes où les artistes donnent des coups de pied vifs sur le sol sec. Tout au long de l’exposition, des modèles ressemblant à des nuages, faits de fil de fer spiral et de globules, flottent dans l’espace, réverbérant l’image de la poussière voyageant depuis la terre. Le coup de pied dans les résidus peut être perçu comme une histoire morale pour le travail en général, comme un mouvement qui jette des choses en l’air. La poussière n’est rien, la poussière est tout, elle est, comme le temps, insignifiante et fondamentale.
Igshaan Adams
Igshaan Adams vit et travaille au Cap, en Afrique du Sud. Son histoire est formée par l’expérience qu’un nombre considérable de choses se rencontrent à la fois chez un individu, mais aussi dans les ordres sociaux – de nombreux composants qui semblent ne pas pouvoir être associé ou qui semblent être totalement sans rapport.
Igshaan Adams est né à Bonteheuwel, un township isolé du Cap, créée entre 1961 et 1964. Pendant la ségrégation raciale, les Noirs et les personnes de couleur – un ensemble d’individus de différentes nationalités mélangées – ont été confinés dans des quartiers de la ville considérée comme infertiles et indésirables. En tant que créole aux racines malaises, Adams a été mis dans la catégorie des gens de couleur. Musulman pratiquant, il a grandi avec des grands-parents chrétiens, et en tant qu’homosexuel, il se trouve dans une situation délicate dans cette même communauté religieuse.