La Carpenters Workshop Gallery est heureuse d’offrir l’exposition imminente de l’artiste sud-africain Kendell Geers, « Flesh of the spirit », qui met en lumière une série de sculptures jusqu’alors inédites et qui se déroule le 31 mars 2022 dans ses locaux.
Sous l’égide de l’art et de la théorie Kongo, Yoruba, Mandingue, Ekoï qui ont éclairé les rives des Amériques, associant chacun des modes de vie de l’Atlantique noir.
Kendell Geers articule son travail autour de signes, de structures et de figures qui manifestent la solidarité de l’âme qui s’étend à travers les océans, les îles et les continents. Pour lui, si les guides de la mort et de la brutalité démontrent la véracité de l’extradition des corps africains dans les navires négriers, ils tissent aussi les fils d’un récit où l’Afrique procède ailleurs, hors de ses propriétés. En plus d’un suivi, mais un battement de cœur, des mots, des cérémonies et une personnalité à coup sûr.
« Flesh of the spirit », présente un éblouissement, quelque chose est détruit, pourtant chez Kendell Geers, l’esprit n’est dès à présent pas un simple autre mot pour dépeindre une motivation typique. Elle attire vers des particularités difficiles à clarifier, comme une âme qui frappe. Car le sujet l’identité, de ce qui est un, arrête aussi celui des simulacres et dépasse évidemment la double disposition du modèle et du duplicata. Il permet de faire face à l’encapsulation, à l’unité du référent qui se divise et ouvre cet espace pour enquêter sur les paires, le jeu, la bizarrerie ou la reconnaissance ou la vision erronée des questions de personnalité.
Dans ses œuvres, Kendell Geers interroge sur l’art africain ? Il demande s’il s’agit de ressemblances plastiques indéniables ? Ou encore, pour reprendre les termes de Senghor, communique-t-il une solidarité d’un autre monde ou d’un mode de pensée ?
Il présente à travers cet aspect un aide reflet, un gigantesque modèle en bronze : une dame sans mains, dont les structures réverbèrent la possibilité d’une vieille sculpture africaine qui reste vague. Cette œuvre est entourée de huit masques de bronze qui se reflètent les uns dans les autres. L’un d’eux est animé par un masques de maladie « Pende Mbangu », aux reflets mutilés, témoignant d’une malveillance à la fois physique et profonde.
« Flesh of the spirit » propose un fond splendidement ombragé qui pourrait sembler africain, mais qui se distingue plutôt par une typographie empruntée à l’artiste néerlandais Theo van Doesburg, comme pour offrir une sorte de voyage des Pays-Bas à l’Afrique du Sud ou le mensonge qui est devenu la simple proportion de nos convictions.
A travers « Flesh of the spirit » l’artiste contemporain adresse un enfant, un homme, une dame assise avec un enfant incliné vers sa poitrine pour communiquer une demande décousue, une sorte de suggestion pour nous conseiller de savoir saisir la variété des sociétés à travers une référence humaine générale similaire. Les personnages de son œuvre sont donc blancs peints en noir pour nous montrer que l’extraordinaire distinction est travaillée par une agrégation de subtilités présentées sur une référence sous-jacente. Une sorte de ronde des ressemblances qui pivote et interroge notre regard et l’informe par la même occasion ?
Kendell Geers utilise parfois le corps de la femme pour scruter chacun d’entre nous sur l’angoisse, qui revoit les tourments et la mémoire qui étouffe. Il passe en revue en suivant le long de la colonne vertébrale ces gravures qui s’impriment ou ici et là comme pour susciter une impression de la psyché : il part d’un point puis sur le suivant, puis, à ce point, revient.
Pour lui, le discernement peut s’emballer : la figure peut être attirante, chargée comme un « Nkisi », ses structures peuvent faire ressortir les univers plastiques des peuples Bakongo. En tout cas, dans « Flesh of the spirit » il nous interroge sur ce qui est africain, et ce qui ne l’est pas ? Qu’est-ce qui revient à l’Afrique dans ces rondes élégantes de ressemblance où l’Europe n’est pas encore la référence sous-jacente ? Qu’est-ce qui prend une structure sociale et ou culturelle ?
On peut dire que les œuvres de Kendell Geers renvoient toutes les issues potentielles d’un espace et restent un recoin privilégié et secret des individus qui, perdus de l’autre côté du miroir, appellent une existence où la science matérielle des corps soutient la force insoumise d’une âme qui n’est que délocalisation.
Kendell Geers
Issu d’une famille commune pendant la ségrégation raciale, Kendell Geers s’est rapidement retrouvé sur les fronts du crime contre l’humanité, au cœur des combats et de l’activisme.
Son expérience de révolutionnaire lui a permis de développer une pratique psycho-socio-politique dans laquelle la morale et le l’esthétique sont comme taillés dans la même étoffe.
Pour lui, l’histoire de l’art est examinée, la force des mots et des codes idéologiques sont retournés, les hypothèses sont perturbées et les cadres de conviction sont transformés en codes stylistiques.
L’œuvre de Kendell Geers, qui se caractérise comme un AniMystikAktivist, encourage une méthodologie syncrétique mêlant différentes traditions. Adhérant fermement à l’idée que « l’art change le monde, chaque discernement à son tour », Kendell Geers ne cherche pas de compromis dans sa pratique.