Dans un élan dynamique visant à célébrer la créativité locale, la Galerie LouiSimone Guirandou organise chaque année une exposition collective intitulée « Découvertes ». Cet événement met en lumière de jeunes artistes ivoiriens prometteurs, incarnant l’avenir de l’art contemporain africain. Pour sa sixième édition, « Découvertes #6 », la galerie se fait le témoin privilégié de l’œuvre de quatre talents remarquables : Claire Marboeuf, Ismael Tamek, Juju Lago et Klervie Mouho. Jusqu’au 31 août, les visiteurs auront l’opportunité d’explorer de manière immersive leurs pratiques artistiques innovantes.
Ces artistes, qu’ils soient originaires ou résidents de Côte d’Ivoire, se distinguent par leur capacité à transcender leur quotidien. Ils s’imprègnent d’un environnement qui, parfois tumultueux, remet en question leurs croyances et nourrit leur inspiration. L’art devient alors un puissant vecteur de création et d’expression, offrant à chacun d’eux une enveloppe où se dessine une Côte d’Ivoire empreinte de leur vision unique. À travers la photographie, les arts plastiques et la peinture, ces artistes dévoilent dans “Découvertes #6” des perspectives nouvelles et captivantes de leur région. Plongez dans l’univers fascinant de ces talents émergents de la scène artistique contemporaine africaine.
Claire Marbœuf
Photographe et plasticienne autodidacte, Claire Marbœuf redéfinit le médium photographique en proposant des clichés chaleureux et vibrants, enrichis par des éléments insolites. Née en France, son parcours l’entraîne successivement au Maroc, puis au Ghana, avant de l’établir en Côte d’Ivoire. Elle fait ses débuts en photographie en 2017, lors d’une sortie avec le collectif Flash d’Abidjan, où elle commence à offrir une vision bien éloignée des images conventionnelles. Après avoir capturé des instants en noir et blanc, Claire Marbœuf s’engage dans une seconde phase de création, celle de la métamorphose, qui donne vie à ses œuvres.
Claire Marbœuf enrichit ses photographies d’éléments nouveaux, intégrant peinture, pagne et divers matériaux trouvés dans son environnement. Ses clichés prennent alors une allure panoramique unique et immersive, évoquant de manière ludique une humanité vibrante et chaleureuse. A travers ses nombreux voyages, elle retranscrit la richesse des lieux qu’elle explore, l’effervescence des grandes métropoles, les moments partagés et les espaces sociaux. « Je prends la photo comme on peint un tableau », déclare-t-elle. L’artiste contemporaine propose à travers l’exposition “Découvertes #6” une visite du monde riche en couleur. De New York à Abidjan, Claire Marbœuf insuffle vie, relief et couleur à ses œuvres, traduisant ainsi la vitalité des habitants de ces villes bouillonnantes.
Ismael Tamek
Dans sa pratique de l’art, Ismael Tamek, fait de ses toiles un récit visuel captivant. Artiste ivoiro-togolais de 1988, il se met à la peinture en 2012 et opte pour une approche expérimentale et immersive. Souhaitant offrir une expérience visuelle profonde, il emploie un processus créatif diversifié, allant du ponçage au collage en passant par le grattage et le lavage. Il soumet également volontairement ses toiles aux aléas de la météo, leur permettant d’évoluer et de s’épanouir, tout en révélant des aspects saisissants de la routine quotidienne.
S’inspirant des défis rencontrés par ceux qui l’entourent, ses œuvres s’imprègnent des difficultés vécues, tout en exhalant une pointe d’espoir matérialisée par ces ombres protectrices qui accompagnent les silhouettes — héroïnes à la fois réconfortantes et symboles de résilience. Ismael Tamek fait ses débuts sur la scène artistique en 2014 au Togo et voit son travail présenté dans plusieurs pays, dont le Ghana, le Maroc, le Rwanda, le Sénégal et bien sûr, la Côte d’Ivoire.
Lago Juju
Photographe engagé, Lago Juju choisit de se concentrer sur la condition des personnes atteintes d’albinisme, offrant ainsi une voix à cette communauté souvent marginalisée. Né en 1996 à Douala en Côte d’Ivoire, il grandit au sein d’une famille touchée par l’albinisme, témoignant de près des préjugés qui pèsent sur ce groupe, souvent perçu comme porteur de malédiction plutôt que comme un simple phénomène génétique. Soumis aux superstitions, aux défis socio-économiques et sanitaires, ainsi qu’aux dangers des rayons solaires, les albinos vivent souvent dans une société difficilement inclusive.
À travers son objectif, Lago Juju partage une vision renouvelée des populations albinos. Sa série de portraits en studio met en avant leur beauté et leur fierté, défiant ainsi les croyances néfastes qui les entourent. Grâce à une esthétique soignée, ses portraits deviennent de puissants outils pour renforcer la visibilité des albinos dans l’espace public et promouvoir des modèles positifs d’identification. Après avoir commencé en photographie publicitaire, Lago Juju se tourne vers la photographie artistique. Finaliste du concours BJKD en 2023, il est aussi sélectionné pour l’Africa Foto Fair d’Abidjan la même année.
Klervie Mouho
Dans “Découvertes #6“, Klervie Mouho nous plonge dans une atmosphère de pure nostalgie avec ses peintures uniques, qui se caractérisent par des couleurs douces et vibrantes. Artiste et graphiste franco-ivoirienne, elle grandit à Abidjan, en Côte d’Ivoire, avant d’obtenir son diplôme en Beaux-Arts à l’École supérieure des beaux-arts d’Angers (TALM) en 2021, suivi d’un master en communication visuelle à la Zürcher Hochschule der Künste (ZHdK – Université des Arts de Zurich) en 2023. Ses toiles, réalisées au pastel gras, mettent en scène des personnages aux figures abstraites, perpétuellement réinventées.
Klervie Mouho s’inspire de photographies dénichées dans son album de famille ou dans la galerie infinie de son téléphone portable. Par des figures récurrentes, telles qu’une jeune fille en robe blanche, des militaires et de jeunes enfants, elle tisse des histoires où les images se répètent sans jamais se ressembler. Dans ses œuvres, la frontière entre le réel et l’imaginaire s’estompe, évoquant des souvenirs à la fois bouleversants et flous, qui reflètent les souvenirs collectifs d’une époque en Côte d’Ivoire marquée par des conflits socio-politiques, tout en intégrant des expériences plus personnelles. Le travail de Klervie Mouho a été reconnu par la ZHdK, qui lui a attribué le Fonds ZHdK 2023 pour les projets internationaux et interculturels des étudiants, ainsi que la deuxième place du Prix Förder 2023.