De Abidjan à Dakar en décembre, en passant par Cotonou en septembre, la création contemporaine Béninoise sera célébrée tout au long de l’année. Ceci à travers une initiative du collectionneur Béninois Idelphonse Affogbolo, qui mobilise les artistes de son pays pour une exposition itinérante en Afrique de l’Ouest sous la thématique « Contemporary Benin ».
L’initiative vise à montrer le talent des artistes africains, mais est aussi un moyen d’alerter les amateurs, collectionneurs et les décideurs politiques du continent sur la nécessité d’acquérir les œuvres des artistes du continent.
Cette première étape du projet met sous les feux des projecteurs plus de cent-cinquante pièces d’artistes contemporains tels que Laeïla Adjovi, King Houndekpinkou, Julien Sinzogan, Gerard Quenum, Nathanaël Vodouhe, et bien d’autres.
L’exposition « Contemporary Benin » présentée à la Fondation Donwahi et à la Galerie Amani d’Abidjan offre aux visiteurs, des tableaux, des sculptures, des photographies, des céramiques…etc. Des œuvres autant dissemblables les unes des autres, mais qui mettent en avant la richesse contemporaine du continent africain.
A cette étape du projet, le public ivoirien fait la découverte des valeurs artistiques du Bénin. Ce qui pourrait s’étendre aux autres pays du continent africain pour les années à venir.
Ce projet pour le collectionneur Idelphonse Affogbolo est une démarche permettant de raconter sans ethnocentrisme ni exclusivité, l’histoire africaine aux peuples, à travers les œuvres d’art, mais aussi pour lancer un appel aux dirigeants africains afin qu’ils mettent en place « un fond d’acquisition des œuvres d’artistes africains ».
Il revendique également le besoin de montrer en Afrique les meilleures créations de ces artistes. Une perception qui épouse les ambitions de la Fondation Donwahi, créée en 2008 pour présenter et soutenir la création contemporaine africaine dans sa pluralité.
Les artistes présents sur l’exposition « Contemporary Benin »
Laeïla Adjovi
Après un stage dans une ONG indienne, la franco-béninoise, Laeïla Adjovi acquit de nombreuses compétences techniques en photographie argentique. Ayant un penchant pour l’art, la journaliste reporter, auteure, artiste-chercheur allie dessin et photographie dans ses travaux.
Dans le cadre d’un projet de photographies et témoignages sur les épouses d’émigrés initié en 2015 avec la journaliste Aurélie Fontaine, elle photographia des conjointes d’hommes allés en aventure, à la recherche du mieux-être laissant derrière eux leurs familles.
Pour cette artiste, photographier, c’est figer le reflet fugace du monde visible, captiver la lumière et choyer cette ombre partout où elle existe, puis la fixer sur le papier et y tremper quelques mots.
Eliane Aïsso
Eliane Aïsso fait de la photographie blanc et noir avec une touche propre à ses créations. Très attachée à sa terre natale, le Bénin, elle s’inspire de sa culture pour créer des œuvres à forte dimension spirituelle.
Quelques fois, ses médiums de prédilection peuvent être du pastel sur du plastique, du papier vert et des lames de rasoir pour réaliser une œuvre à l’allure d’un tableau; une prouesse qui caractérise son travail et sa démarche artistique.
La diplômée d’histoire de l’art, aime faire revivre dans ses créations les vestiges, les symboles et la tradition puis témoigne aussi sur la condition féminine et les faits de société.
Joël Degbo
Diplômé de l’École des Beaux-Arts, Joël Degbo est un artiste qui relance le débat sur la notion du patrimoine à travers ses peintures et vidéos.
L’artiste dévoile les images du passé comparées au présent afin de projeter le futur. La particularité de ses peintures réside dans sa capacité à agir sur le regard du visiteur qui ne peut que voir selon sa prise de position.
Senami Donoumassou
Elle consacre son art à la lutte pour l’émancipation des femmes africaines. Créative et avant-gardiste, elle réoriente sa vie vers la photographie après son parcours d’étudiante. Son travail artistique tend vers la connaissance de l’humain, de son environnement, de ses caractères, ses pratiques cultuelles, son histoire et parfois sa prédestination.
Privilégiant la technique du photogramme au détriment de l’appareil photo, sa méthode consiste à poser des objets sur un papier photosensible et de les éclairer pour, à travers des empreintes lumineuses, ressortir des traces spectrales, des successions de transparences en vue de créer des formes d’objets de culte de sa tradition animiste.
King Houndekpinkou
Élève du maître céramiste Kayoko Hayasaki, l’artiste King Houndekpinkou a affiché un intérêt particulier à la culture traditionnelle japonaise en s’initiant à la pratique de la céramique à Bizen au Japon.
Travaillant entre le Bénin et le Japon, l’artiste céramiste fusionne l’argile de plusieurs continents pour en faire des œuvres qui font ressortir ses expériences initiatiques de rencontres entre cultures. Chacune de ses créations se fait en plusieurs étapes dont une première au Japon, une seconde au Bénin et la dernière en France. Celui que l’on surnomme le Picasso de la poterie d’art combine les essences indispensables à la vie : «l’eau, la terre, l’air et le feu», pour permettre aux énergies spirituelles de s’exprimer.
Grégory Olympio
Paysagiste et portraitiste, l’artiste Grégory Olympio est partagé entre les cultures française, togolaise et béninoise. Basé en France, il est une sorte de passerelle qui fait rayonner la culture africaine.
A la recherche des contours de cette culture plurielle, il s’intéresse aux frontières, à tous ces espaces plus ou moins tangibles qui relient ou qui séparent, en fonction de l’endroit où l’on se trouve.
Thierry Oussou
Formé à la Rijksakademie Van Beeldende Kunsten, l’artiste peintre-vidéastre, archéologue sociale, Thierry Oussou vit entre le Bénin et les Pays-Bas. Il est aujourd’hui un dessinateur affirmé grâce au soutien de l’artiste contemporaine Edwige Aplogan, qui l’a inscrit à un atelier d’expression où il a su exposer son savoir-faire. Il soumet aujourd’hui dans ses créations les réalités cultuelles de la tradition béninoise en privilégiant les masques et les compositions graphiques abstraites, énergie nécessaire à l’exercice des cultes animistes.
Gerard Quenum
Sculpteur et peintre, l’artiste Gérard Quenum prône un métissage temporel, géographique et culturel en confrontant traditions et modernités dans ses peintures et installations.
Basé au Bénin, où il vit et travaille, il présente dans ses peintures des scènes de vie librement positionnées dans l’espace bidimensionnel de la toile. Ces aplats, coloriés à dominance bleu et noir dans un fond blanc, sont souvent faits au format minimal comme pour aller à l’essentiel.
Ses œuvres, autres sculptures faites de vieilles poupées, dépeignent l’injustice subie par les enfants manipulés, enrôlés dans les conflits, drogués, malades, abandonnés dans le monde. Une manière de ressortir son sentiment d’horreur et de révolte.
Remy Samuz
À l’instar des oiseaux qui tissent des nids, Rémy Ama Sossouvi a choisi tordre, tresser, assembler et tisser des fils de fer depuis son enfance. Il modèle des sculptures, leur donne des formes de personnages, d’animaux amusants et surprenants quelques fois ! Son travail artistique aborde les thématiques diverses, relatives à l’environnement, la société, le genre, ou les maux qui minent l’Afrique.
Julien Sinzogan
Julien Sinzogan est né en 1957 à Porto-Novo. Il avait vécu et travaillé en France pendant près de trente ans, et est récemment revenu poser ses valises sur sa terre natale, le Bénin.
Son travail aborde diverses thématiques mettant en avant les faits de société, la condition féminine, le mode de vie traditionnel tout en explorant les voyages entre l’existence physique et le domaine spirituel. Il invoque aussi très souvent dans ses œuvres un retour à la maison des esprits des esclaves ancestraux partis pour les Amériques. Une manière particulière pour lui d’honorer la mémoire des déportés qui ont péris dans cet ignoble commerce.
Tchif
Ancien caricaturiste de presse, l’artiste peintre et photographe Francis Nicaise Tchiakpè s’est mué en peintre militant, qui expose et vend à travers le monde, tout en restant ancré à Cotonou.
Autodidacte et dessinateur depuis l’enfance, il peint ses tableaux avec des pigments naturels, parfois avec de l’acrylique et/ou de la peinture à l’huile tout en privilégiant les ocres rouges, bleus, jaunes dans la plupart de ses compositions. Aujourd’hui, l’artiste a ouvert un espace culturel qui, porte son nom, se veut engager, interpelle et essaie d’agir sur la mentalité.
Julien Vignikin
Peintre, sculpteur et plasticien, Julien Vignikin a évolué graduellement dans la pratique de l’art. Du dessin, il réalise des installations en utilisant des matériaux de récupération, et est aussi passé par la peinture et les sculptures.
Ce parcours initiatique fait la singularité de son style artistique. Ce qui lui permet de refléter dans ses œuvres un regard critique sur la société et ses émotions.
L’artiste qui entre tradition et modernité, s’inscrit dans une double identité, mêle art occidental et héritage africain afin de pouvoir influencer positivement son environnement.
Nathanael Vodouhe
Travaillant le bois qu’il brûle volontiers selon le message qu’il tient à faire porter à son personnage figuratif, l’artiste-peintre et sculpteur Nathanaël Vodouhe est basé à Cotonou.
Défenseur de l’humain et opposé à la destruction que le consumérisme génère, il dénonce et lutte contre le tabac et ses conséquences néfastes sur la santé humaine à travers ses géantes sculptures en bois.
L’artiste Nathanaël Vodouhé sculpte des bustes avec un soin particulier pour représenter des baguettes de cigarettes qui se consument au détriment de leurs formes élégantes et raffinées.
Dominique Zinkpè
Autodidacte et polyvalent, les œuvres de l’artiste Dominique Zinkpè portent les marques d’un mysticisme Béninois. Reconnu à l’international, il sculpte des statuettes d’ibèdjis, une représentation des jumeaux décédés, pour permettre d’apaiser la douleur des parents.
Au-delà de l’esthétique et de leur beauté, le côté sacré des ibèdjis fait l’originalité de la création de cet artiste qui, quelques fois, s’adonne au dessin, à la peinture, à la performance et aux installations. Originaire d’Abomey, il utilise sa peinture pour transcrire l’âme et l’énergie des divinités ; une sorte de mise en avant des pratiques cultuelles de chez lui. Ses créations artistiques évoquent généralement les jeux de pouvoir, la sexualité, les faits socioculturels et parfois la politique.