Jusqu’au 23 juin, la Fondation Dapper présente l’exposition intitulée « Brésil et Afrique : une histoire partagée », mettant en lumière le travail remarquable d’Aline Motta. Initialement prévue comme un événement lié à la Biennale de Dakar 2024, désormais reportée, cette exposition révèle les répercussions contemporaines de la traite transatlantique et de la colonisation. Installée sur l’Île de Gorée au Sénégal, elle s’étend sur quatre sites en plein air : le Débarcadère, la plage principale, les remparts de la grande Esplanade et la place des droits de l’Homme Nelson Mandela. Cet événement artistique immersif, offert par Aline Motta, vise à rapprocher, à travers l’art, ces deux continents au passé commun.
Sous la direction de la commissaire Aude Leveau Mac Elhone, l’exposition « Aline Motta, Brésil et Afrique : une histoire partagée » dévoile aux visiteurs les récits visuels émouvants de cette artiste contemporaine brésilienne. Originaire de Niteroí, au Brésil, Aline Motta explore à travers divers médiums tels que la performance, le texte, la photographie et la vidéo des thèmes tels que l’identité, la mémoire, et l’héritage familial et historique.
Son approche artistique unique marie habilement créativité et recherches documentaires approfondies. Ses œuvres polyvalentes expriment clairement sa démarche poétique et introspective multidisciplinaire, où elle relie avec élégance ses expériences personnelles aux récits historiques et sociales plus vastes. Avec un intérêt marqué pour l’histoire de la traite, Aline Motta s’attarde particulièrement sur les impacts de la colonisation, de la traite transatlantique et de la notion du « blanchissement » sur la société contemporaine.
Aline Motta soulève de manière éloquente une question fondamentale à travers ses œuvres présentées dans l’exposition « Brésil et Afrique, une histoire partagée« . Cette exploration artistique novatrice révèle, dans une dimension psychanalytique, les liens familiaux et les racines de l’artiste, mis en lumière à travers le prisme de la lutte contre l’héritage colonial. Au-delà de cette dimension personnelle, les créations évoquent de manière plus vaste l’histoire partagée de la diaspora afro-descendante et des acteurs impliqués dans la traite, incitant le public à une profonde réflexion sur notre identité, notre rapport au passé et au monde contemporain, afin de reconstruire notre vision de manière authentique, en transcendant les stigmates du passé.
Les œuvres de l’artiste brésilienne, soigneusement sélectionnées par la curatrice Aude Leveau Mac Elhone, offrent une nouvelle perspective sur le présent et le futur, trouvant un écho particulier sur un lieu emblématique tel que l’Île de Gorée, symbole poignant de la traite transatlantique. À l’embarcadère, une trilogie composée des séries « Si la mer avait des balcons« , « Ponts au-dessus de l’Abîme » et « (Autres) Fondations » sera présentée. À travers ses images poétiques, Aline Motta intègre de façon quasi-rituelle des portraits et des actes de naissance de personnes d’ascendance africaine.
D’autres clichés, subtilement suggestifs, explorent l’identité complexe de l’artiste en fonction de son lieu géographique, se présentant en tant que noire au Brésil et blanche au Nigeria, tout en interrogeant les identités de tous les Afro-descendants. Ces images profondes et évocatrices mettent en lumière les liens intimes qui subsistent entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique. Dans cette œuvre qui oscille entre poésie artistique et recherche documentaire menée sur trois continents, l’eau joue un rôle central en tant que symbole des connexions transatlantiques et de guérison.
Sur l’Esplanade et la place dédiée aux Droits de l’Homme Nelson Mandela, les visiteurs sont transportés dans l’époque coloniale à travers une œuvre monumentale de photographie et d’installation in situ, intitulée « Fille Naturelle« . Réalisées au Brésil, ces compositions photographiques capturent l’essence de la plantation où l’arrière-arrière-grand-mère de l’artiste brésilienne aurait subi l’esclavage. Elles entrelacent des images historiques et contemporaines prises en ce même lieu pour instaurer un dialogue entre les époques ; fusionnant le passé et le présent, elles comblent les manques de l’histoire fragmentée de son ancêtre et, par extension, de l’histoire des Afro-descendants.
Et sur la plage principale, Aline Motta offre un extrait poétique tiré de la série « Si la mer avait des balcons« . Ce poème incite à renforcer les liens post-coloniaux entre des nations partageant une histoire commune, afin de ne pas oublier et de reconstruire ensemble. L’exposition met en lumière l’importance de reconnaître et de réparer les fractures de l’histoire coloniale, en encourageant une réflexion sur les liens post-coloniaux et l’unité des nations partageant une histoire commune. L’artiste Aline Motta, à travers ses œuvres, invite à embrasser et à reconstruire ensemble une mémoire collective, tout en honorant les racines et le passé des Afro-descendants.