La Tate Modern galerie met en avant la photographie africaine contemporaine à travers sa nouvelle exposition intitulée « A world in common: contemporary african photography ». Jusqu’au 14 janvier 2024, cet espace artistique présentera une sélection variée d’œuvres photographiques créées par des artistes contemporains issus de différentes régions d’Afrique. Cette exposition offre ainsi une perspective diversifiée sur l’art photographique africain, mettant en valeur la richesse et la créativité de ces artistes.

Cette exposition de grande envergure regroupe les artistes tels que Kelani Abass ; Léonce Raphaël Agbodjélou ; Malala Andrialavidrazana; Atong Atem ; Sammy Baloji ; James Barnor ; Edson Chagas ; Kudzanai Chiurai ; la digue de Ndidi ; André Esiebo ; Em’kal Eyongakpa; Rotimi Fani-Kayode ; Hassan Hajjaj ; Délio Jasse ; Julianknxx; Samson Kambalu ; Kiripi Katembo; Lebohang Kganye ; Kiluanji Kia Henda; François-Xavier Gbré ; Maïmouna Guerresi ; Mario Macilau ; Lazhar Mansouri ; Sabelo Mlangeni; Cristina de Middel; Santu Mofokeng ; Fabrice Monteiro ; Aïda Muluneh ; Wura-Natasha Ogunji ; Zohra Opoku ; Georges Osodi ; Ruth Ossaï ; Léonard Pongo ; Dawit L. Petros ; Zina Saro-Wiwa; Khadija Saye.k. C’est une occasion rêvée pour les amateurs d’art de pouvoir observer dans un même espace, des photographies immersives réalisées par des artistes de renoms venues des différentes contrées d’Afrique.
Au-delà d’une présentation d’œuvres photographiques « A world in common: contemporary african photography » explore les différents médias artistiques utilisés pour réinventer les diverses cultures et récits historiques de l’Afrique. Ainsi, à travers les médiums tels que la photographie, le cinéma, l’audio et bien d’autres encore, l’exposition aborde les nombreuses façons dont les images voyagent à travers les histoires et les géographies. Les notions de la spiritualité, de l’urbanisme, de l’urgence climatique et de l’identité seront utilisées par les artistes exposants afin de guider les visiteurs vers des illusions oniriques et des paysages urbains animés.

L’Afrique est un continent caractérisé par une riche diversité culturelle, démographique, traditionnelle, religieuse et linguistique. Les tentatives visant à fournir une définition singulière au continent se heurtent à un mur d’insuffisances, tout comme analyser individuellement chaque œuvre photographique des 54 pays souverains d’Afrique. Cependant, l’exposition «A world in common: contemporary african photography » adopte une approche différente pour mieux comprendre les différentes composantes du continent. De manière plus cohérente, cette exposition se concentre sur le travail varié de 36 artistes, chacun abordant un aspect différent, mais inhérent à l’Afrique. Les photographies et installations présentées dans cette exposition reflètent les diverses traditions culturelles de l’Afrique, l’histoire du colonialisme moderne ainsi que les préoccupations sociales, politiques et environnementales actuelles.
Georges Osodi inaugure l’exposition avec une série de photographies intitulée “Monarques nigérians” (2012-22). Ces images dégagent un certain respect, mettant en scène des rois vêtus avec élégance et arborant leurs insignes complets. À travers cette série, l’artiste met en lumière l’importance des traditions ancestrales dans la construction de l’identité africaine et des royaumes régionaux, un héritage qui a perduré malgré le passé colonial du Nigeria.

Une partie de l’exposition est dédiée à la complexité spirituelle du continent africain. De nombreuses œuvres s’inspirent des mythes et croyances qui ont nourri la culture africaine et ont été transmis de génération en génération, alimentant ainsi ces croyances endogènes. Parmi ces créations à l’attrait spirituel, l’artiste sénégalaise Maïmouna Guerresi présente son tableau à cinq panneaux intitulé “M-eating – Students and Teacher” (2012), offrant une méditation saisissante. À travers cette représentation, elle intègre des détails simples, mais révélateurs de la persistance spirituelle face aux perturbations extérieures et aux conflits.
Dans une approche plus disparate de la culture africaine, Edson Chagas réalise des portraits percutants révélant des individus habillés de vêtements contemporains et dont les visages sont recouverts de masques traditionnels bantous. Les maques sont des accessoires de valeur très utilisés dans les cérémonies et rituels africains. Aussi très appréciée des collectionneurs occidentaux, cette œuvre de l’artiste angolais attire l’attention du public sur le fait que ces éléments pourtant inhérents à la culture africaine sont bien plus facilement intégrés dans la société occidentale que leurs créateurs.

La particularité de cette exposition se trouve dans les diverses approches créatives et significatives utilisées par les artistes pour aborder son thème à la fois complexe et empreint de singularité. Pendant que les artistes contemporains tels qu’Aïda Muluneh, Fabrice Monteiro et bien d’autres traitent des questions environnementales en Afrique, d’autres comme Wura-Natasha Ogunji, Sammy Baloji se penche sur les aspects économiques postcoloniaux et sociaux tandis qu’une autre flopée d’artistes dont Délio Jasse questionne le lien entre la mémoire et la photographie africaine contemporaine. Dans une perspective dite plus élargie, des œuvres assez éloignées du domaine photographique repose également à l’escape d’art le Tate Modern de Londres. L’installation la plus intrigante de l’exposition reste la sculpture architecturale de Kiluanji Kia Henda, « The Fortress (2014) », mais qui néanmoins trouve parfaitement sa place dans cette présentation contemporaine artistique.

L’exposition «A world in common: contemporary african photography » est une exposition fascinante qui révèle les réalités et les stéréotypes longtemps portés sur l’Afrique. Outre l’impact de la période colonialiste, elle expose également dans ses œuvres des moments de joies et d’espoirs portés par les résidents du continent, en un avenir meilleur débarrassé de l’influence des étrangers et de l’impact encore persistant du colonialisme. À travers des nombreux paysages, frontières et fuseaux horaires de l’Afrique, les artistes de l’exposition montre à partir de leur art, comment la photographie permet au passé et au futur de coexister de manière puissante et transformatrice.