La galerie Stevenson a le plaisir d’accueillir Deborah Poynton pour une exposition personnelle captivante intitulée « A Thin Veil », qui sera ouverte jusqu’au 14 décembre. Cette exposition met en lumière l’œuvre symbolique de l’artiste sud-africaine, empreinte d’amour et dédiée à une figure marquante de sa vie. À travers un tableau nostalgique et immersif, elle invite le public à découvrir l’influence profonde de cette personne sur son parcours artistique.
Dans « A Thin Veil », Deborah Poynton présente une œuvre unique qui interpelle les visiteurs. Cette exposition rend un hommage subtil à Julius Vermeulen, designer et galeriste non-conformiste, décédé en février dernier. Julis Vermeulen était à l’origine de la galerie EENWERK à Amsterdam, qui se distinguait par son engagement à exposer des œuvres uniques. En adoptant cette philosophie, Déborah Poynton met en avant Ilsa, une personne qu’elle a toujours connue et qui fait aujourd’hui l’objet d’une exposition exclusive.
Vue de l’installation
Ilsa n’était pas seulement une amie de sa mère ; elle a également été sa professeure d’art dans son enfance et à nouveau à l’adolescence. Elle a joué le rôle de mentor, d’alliée et de modèle pour Déborah Poynton. L’artiste contemporaine a dessiné Ilsa pour la première fois en 1982, à l’âge de 12 ans, et cette pratique n’a jamais cessé depuis. Née en 1970 à Durban, elle propose des œuvres aux visuels saisissants, souvent peuplées de personnages ou de paysages luxuriants. Elle fournit une explication à la présence récurrente de ces protagonistes dans ses toiles en affirmant :
« Peindre quelqu’un est un acte d’amour. Mon pinceau glisse sur sa peau, les traits de son visage, ses mèches de cheveux, émerveillé par leur aspect réaliste.
Je peins très peu de gens, encore et encore.
Je mène une existence parallèle avec ces gens, dans le monde de mes tableaux, les traînant toujours avec moi, les gardant près de moi. Je me sens poussé à utiliser ces personnes en particulier parce que je les aime, et l’amour est insupportable.
J’ai l’impression que lorsque je les mange en entier, il y a une fusion entre moi et eux qui n’a rien à voir avec le portrait. Une fois qu’ils ont été consommés, je me cache derrière l’image, rassasiée, sachant que je ne peux plus les perdre.
Jusqu’à ce que je réalise que je n’ai capturé que de l’air, et que je sois contraint de reprendre ce travail sans fin, de tisser ma toile complexe. Au final, un tableau n’est qu’une coquille résiduelle, un sous-produit de mes tentatives incessantes d’avoir et de retenir. »
Le titre de l’exposition, « A Thin Veil », est une métaphore qui reflète la manière dont Deborah Poynton perçoit ses œuvres et le monde qui l’entoure. En comparant ses tableaux à un voile fin, elle souligne la distance qui sépare l’observateur de la vérité ultime ou de l’inconnu. Ce voile permet d’apercevoir la réalité, mais à travers un filtre qui modifie notre perception. Les teintes adoucies et les choix minutieux présents dans sa peinture suggèrent que l’art offre une interprétation subjective du monde, tout en occultant certains aspects, ce qui peut sembler à la fois réducteur et révélateur.
Dans son œuvre « A Thin Veil », Deborah Poynton explore un mystère fondamental : le monde lui-même nous est caché. Nous évoluons sur une scène où nous jouons des rôles, souvent prisonniers de nos désirs et de nos illusions. Cette perspective repose sur l’idée que nous créons notre propre réalité dans une quête de sens, guidés par nos aspirations. Pour l’artiste sud-africaine, la peinture devient une manifestation de ce paradoxe, illustrant la lutte entre illusion et réalité. L’art permet ainsi de naviguer entre ces deux dimensions, offrant une beauté qui apaise notre quête tout en dissimulant ce qui demeure fondamentalement inconnu.
Elle affirme : « Un tableau est comme un voile fin, suspendu entre moi et l’inconnaissable. En regardant à travers ce voile, je peux entrevoir la réalité dans des tons adoucis, réduits, astucieusement sélectifs, brutalement réducteurs.
Le monde lui-même nous est caché. Nous existons sur une scène dénuée de tout voile, jouant nos rôles prétentieux tout en poursuivant nos rêves imaginaires. La naissance et la mort sont les violentes séparations de ce rideau, au-delà duquel nous ne savons rien.
La vie est pleine de paradoxes. Nous inventons ce que nous voyons. Nous désirons ce que nous n’avons pas. Nous croyons ce que nous ne pouvons pas savoir.
La peinture incarne ce paradoxe. Le voile de la peinture me protège, ses milliers de petits coups de pinceau tissent quelque chose à partir de rien. L’acte de peindre donne un sens à mon existence, même si je m’efforce de m’effacer derrière cette illusion chatoyante. »
« A Thin Veil » de Deborah Poynton nous invite à questionner notre perception de la réalité à travers l’art, soulignant le fil ténu qui sépare l’illusion de la vérité. Avec une profondeur émotive et une esthétique captivante, l’exposition témoigne de la richesse de l’art et de son pouvoir à révéler, tout en dissimulant, les mystères de notre existence.