Des sculptures qui cohabitent avec une vingtaine de gravures sur papier et sur toile, puis une installation plus conceptuelle autour du drapeau de la Côte d’Ivoire, telle se présente « Patrimoine », l’exposition de l’artiste sculpteur et performeur Jems Koko Bi à la Galerie Cécile Fakhoury d’Abidjan jusqu’au 05 juin 2021.
Dans son exposition, l’artiste présente une définition du concept patrimoine. Il estime que sa nature réside dans les richesses inestimables que constituent la terre, l’environnement et la nature. Ce qui selon lui, nécessite d’être préserver afin de les transmettre à la prochaine génération ; thématique émanant d’un choix collectif, marquant l’appartenance à une communauté, à une descendance, dit-il.
Partant des thèmes de l’identité et de l’héritage avec un ensemble d’œuvres inédites, Jems Koko Bi scrute la notion de la mémoire individuelle et collective, pour donner un sens aux hommages.

Jems Koko Bi
© https://cecilefakhoury.com/
C’est en voulant comprendre les fondements des identités collectives, qu’il place son exposition sous le thème « Patrimoine ». Cette préoccupation rejoint son questionnement sur la notion d’identité, d’héritage ancestral et des événements immémoriaux, dialogue avec la nature qu’il présente dans ses sculptures monumentales et son travail de gravure sur bois.
Dans sa démarche de création, il n’exécute que les instructions que donne l’arbre… Il ne fait que raconter l’histoire qui lui est transmise ! Surnommé « Maître de la sculpture en Côte d’Ivoire », il est classé parmi les héritiers des auteurs de chefs-d’œuvre ivoiriens, par le musée parisien.
L’exposition « Patrimoine » rappelle une récente histoire de la Côte d’Ivoire et quelques aspects du patrimoine culturel immatériel, notamment les traits figuratifs et les insignes de l’esprit de la forêt, auquel le sculpteur et performeur est habitué.
Jems Koko Bi, le Maîtres de la sculpture

Bois de Teck
34 x 22 x 22 cm
© https://cecilefakhoury.com/
Sculpteur et performeur, Jems Koko Bi, allie ces connaissances endogènes à son histoire africaine pour examiner les notions d’espace et d’histoire dans une réflexion continue sur sa propre existence. Pour lui, l’art est un vecteur de transmission du patrimoine. S’adressant aux jeunes intéressés par la sculpture, l’artiste contemporain les invite à être en contact permanent avec la matière, à être endurants et rigoureux.
Diplômé de l’Académie des beaux-arts de Düsseldorf en Allemagne, après sa formation à l’INSAAC d’Abidjan, il se laissera influencer par la tradition allemande et certains grands-maîtres occidentaux comme Rodin et Brancusi. Mais aujourd’hui, il a forgé sa propre personnalité et a développé une nouvelle perception afin de pouvoir rester lui-même dans ses créations.
Avec son couteau, sa tronçonneuse et parfois le feu, le bois se métamorphose pour devenir une sculpture porteuse d’un message et d’une histoire qui relatent les tares de la société, à savoir la lutte pour le pouvoir, les migrations clandestines, les différences et les dominations.
Le lauréat du prix de la Biennale de Dakar édition 2000 instruit par ses œuvres sur l’histoire. Partant des épisodes sanglants de l’esclavage, la hideuse entreprise coloniale, les rapports marchands dans une économie de mondialisation. Il sculpte le bois qu’il brûle volontiers, pour faire porter un message entre temps et histoires contemporaines.
Originaire de Gouro en Côte d’Ivoire, une région réputé dans l’art des masques sacrés, Jems Koko Bi sera contraint à l’exile à l’âge de 8 ans à cause de sa passion pour les masques sacrés de son village. Il sera séparé de force de sa mère pour vivre auprès de son oncle dans le nord-est de la Côte d’ivoire ; période certainement difficile pour l’artiste en devenir qu’il était.
C’est en 1922 après sa rencontre avec l’artiste allemand Klaus Simon qu’il marque une révolution dans carrière artistique. Il participe à diverses expositions dont « The Divine Comedy » présenté par Simon Njami en 2014, au Museum für Moderne Kunst de Frankfurt en Allemagne, en 2015 au musée national d’art africain Smithsonian aux États-Unis, à la Galerie Cécile Fakhoury d’Abidjan la même année avec « No man’s land » ainsi qu’au musée du Quai Branly en France dans l’exposition « Les Maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire ».
Il participe également à de nombreuses expositions internationales, notamment au centre d’art contemporain Wifredo Lam, à la Biennale de la Havane à Cuba, au pavillon ivoirien de la Biennale de Venise en 2013, 2015 et 2017.
Depuis lors, installé en Allemagne, où il encadre des étudiants de diverses nationalités, il fait la fierté de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique par son art.