Clay Apenouvon naît au Togo. Dans sa jeunesse, il a eu une relation conflictuelle avec l’institution scolaire. Loin des limites imposées par l’école, il construit, fabrique et dessine, dès son plus jeune âge, c’est dans l’imaginaire qu’il traque la source de son éclosion.
Il entre en apprentissage dans un atelier de sérigraphie et cette expérience sera définitive puisqu’elle lui permettra de prendre conscience de sa capacité créatrice. Intéressé très tôt par le pouvoir que l’image peut utiliser sur la personne et dominant les méthodes de peinture et de dessin, il atteste de sa volonté de donner à sa création une extension plus notable et de se réaliser. Il renoue alors avec la lecture et l’envie d’apprendre, puisant dans les livres une motivation artistique.
En 1992, il quitte le Togo pour la France et rencontre de nombreux artistes. Il est également intrigué par le Nouveau Réalisme dont la création est représentée par une partie réelle. Ces révélations ont nourri pour lui sa création en y ajoutant la substance de l’âme dans l’objet. Son œuvre est alors la concrétisation indubitable de son idée.
Clay Apenouvon a ensuite trouvé du plastique noir, film extensible et sombre utilisé dans les échanges mondiaux pour emballer et protéger les produits. Les qualités de ce matériau ainsi que l’imagerie que l’artiste y associe feront de ce plastique un composant commun à son œuvre. C’est le matériau avec lequel il réalise des imitations ou des substitutions d’objets, et dont il fait des chefs-d’œuvre. La délicatesse du matériau se distingue alors de la lourdeur des implications qu’il fournit à l’œuvre.
Il questionne donc sur les enjeux naturels en avançant le trop-plein de plastique dans notre circonstance actuelle. Une démarche pour mettre l’accent sur ce fiasco biologique et les résultats présents et futurs ainsi que le risque que font courir nos modes de vie.
En octobre 2013, stupéfait par le naufrage survenu au large de Lampedusa. À la recherche d’une vie meilleure en Europe, un grand nombre de jeunes Africains ont entrepris une excursion périlleuse à travers la Méditerranée. Clay Apenouvon a donc mis en avant dans un grand nombre de ses œuvres, ce compte-rendu malheureux, relayé par les médias, mais dont l’ampleur et la gravité sont difficiles à appréhender par les articles de presse.
Ses œuvres sont alors accusées d’une triste noirceur lorsqu’il établit un alignement entre la marée noire et les collections de voyageurs naufragés qui se dirigent vers les rochers de la côte. Par cette similitude bouleversante, il condamne l’apathie des sentiments devant ces calamités humaines ainsi que la déshumanisation créée par les discussions traitant de la migration.
Pour rendre leur humanité à chaque personne partie à la dérive, il place dans ses installations des objets usuels. Ces objets sans propriétaire, souvenirs de vies et des éléments de comptes individuels.
Clay Apenouvon fait également intervenir dans ses œuvres les couvertures de survie utilisées pour protéger les survivants, méthodologie pour lui de placer l’expérience des gens de passage qui ont quitté le continent africain, transportés par l’espoir d’une vie supérieure qui finit par être une tromperie.