La Kunsthalle Mainz présente une exposition collective de grande envergure intitulée « Unextractable : Sammy Baloji ». Une présentation artistique qui regroupe 13 artistes contemporains dont : Sammy Baloji, Nilla Banguna, Jackson Bukasa & Dan Kayeye & Justice Kasongo, Sybil Coovi Handemagnon, Fundi Mwamba Gustave & Antje Van Wichelen, Franck Moka, Hadassa Ngamba, Isaac Sahani Dato, Georges Senga et Julia Tröscher. Cet événement offre une opportunité unique aux amateurs d’art de découvrir la pratique de ces artistes émérites.
Dans sa démarche artistique, Sammy Baloji explore l’histoire minière de sa ville natale de Lubumbashi, située dans le sud-est de la République démocratique du Congo. Il met en contraste la profonde destruction de l’environnement et des structures sociales avec les souvenirs et les espoirs des habitants de la région du Katanga. À travers sa pratique de l’art, il cherche à accumuler diverses connaissances et à encourager l’interaction entre les activistes, les producteurs d’art et les universitaires.
Il collabore avec 12 artistes originaires de la République démocratique du Congo et d’Europe, avec lesquels il échange régulièrement, et dont le travail s’inscrit dans la continuité de son développement de structures collectives. Sammy Baloji perçoit son approche artistique comme une forme de résistance face à l’extractivisme, un modèle économique reposant sur l’extraction des matières premières de la nature.
L’exposition « Unextractable : Sammy Baloji » est structurée autour de trois thématiques en lien direct avec la démarche artistique de Sammy Baloji et ses œuvres récentes. L’une de ces thématiques, « Expropriation des terres et transformation de la terre en matières premières », découle de sa documentation sur les industries extractives du Katanga.
Cet thème dénonce la perception de la terre comme une simple ressource et la société comme un réservoir de main-d’œuvre potentielle. Tales of the Copper Cross Garden est l’une des œuvres dans lesquelles Sammy Baloji confronte cette perspective du monde aux espoirs et aux desseins des habitants vivant parmi les décombres laissés par l’exploitation minière industrielle, le colonialisme et l’économie capitaliste mondiale.
Le projet Shimoko de Franck Moka rejoint également cette thématique en mettant en lumière les travaux dans les mines de Lubumbashi ainsi que la dégradation et la pollution de l’environnement qui en résultent. Hadassa Ngamba utilise quant à elle des minéraux tels que la malachite, la cassitérite du Katanga, le goudron et le charbon de bois dans son travail. Elle les étale sur sa toile intitulée Cerveau, en complément du café. Georges Senga propose quant à lui Tshanga Tshanga, une série de photographies rapprochées et aériennes qui capture l’impact des industries extractives sur le paysage et la société de la région de Manono, une ville située dans le nord de Lubumbashi.
Dans la deuxième partie de son exposition, Sammy Balodji se concentre sur une étude critique des archives coloniales. En transcendant les expériences honteuses et les assignations ethnographiques, l’artiste explore les formes de répression et les mouvements radicaux entrepris et transmis par les habitants de la région, contribuant ainsi à la métamorphose sociétale actuelle. En lien avec cette thématique, Sybil Coovi Handemagnon présente une installation sur la toxicité des collections coloniales, mettant en lumière les résidus chimiques d’insecticides responsables de la modification des objets ainsi que le pillage des biens culturels de l’époque coloniale.
Dans cette même perspective, Fundi Mwamba propose le film d’horreur expérimental de Gustave et Antje Van Wichelen, où le Dr Fundi, l’alter ego fictif du cinéaste, cherche un antidote pour limiter la métamorphose des humains en monstres suite à la pollution de l’environnement. Une installation multimédia intitulée « Topos » est également présentée par Isaac Sahani Dato, après de longues recherches sur la cartographie coloniale et les désignations des lieux ainsi que les nouveaux noms qui leur ont été attribués après leur appropriation par les colons.
Nilla Banguna, Julia Tröscher, Jackson Bukasa, Dan Kayeye et Justice Kasongo réinterprètent les héritages narratifs et picturaux fragiles en mettant l’accent sur la transmission à travers la transformation. Un exemple est le Kasala, un poème récité en hommage à l’histoire d’un individu ou d’une communauté, combinant des détails généalogiques et biographiques avec des mythes et des récits sur l’ordre cosmique du monde.
Les artistes participant à « Unextractable : Sammy Baloji » s’efforcent de promouvoir de nouvelles formes et collaborations pour résister à l’impact de l’extractivisme. Leur travail révèle les effets de la consommation et de la recherche excessive de profit financier, tout en plaçant l’humain au centre de la scène. Les visiteurs sont invités à découvrir les recherches approfondies de ces talentueux artistes à travers leur présentation artistique, dont la plupart ont été conçues pour la Picha et la Biennale de Lubumbashi. En effet, les œuvres exposées ont été réalisées à cette fin en collaboration avec Framer Framed Amsterdam et Reconnecting « Objects« , et présentées pour la première fois en Allemagne.