Un espace entier consacré à la magnificence et à la force charmantes des « Signares », cette ode à la libération féminine de l’artiste photographe Fabrice Monteiro présenter jusqu’au 31 juillet 2021 à la Galerie Magnin-A de Paris.
Le photographe contemporain Fabrice Monteiro salue l’ensemble des expériences et la force des femmes sénégalaises qui utilisent la mode à des fins sociopolitiques et monétaires. Une sorte de mise en scène de cette éminence et de cette abondance qui sont estimées dans la passementerie. Ces coiffures en passant par ces étonnants foulards et tenues raffinées, jusqu’aux souliers et de temps à autre le tintement des bracelets en or.
« Signares », venant du portugais « senhoras », désignait les jeunes dames de race brune ou métissée de la Petite-Côte du Sénégal, dans les comptoirs de Rufisco au XVIIe siècle, puis de Gorée et de Saint-Louis jusqu’au milieu du XIXe siècle. Cette francisation de ce mot portugais « senhoras » qui désigne une « dame » fait d’abord allusion à ces femmes africaines qui, vivant en concubinage avec des Européens influents, obtenaient une force financière et un statut social élevé.
Ces dames existaient depuis la fin du quinzième siècle tout le long de la côte occidentale entre le Sénégal et le cap des Palmes. Au fil du temps, ce nom a été appliqué à toute femme qui a acquis une réputation spécifique soit par son métissage, soit par ses capacités d’échange, voire souvent les deux.
Cependant, les « Signares » s’opposaient, pendant les différentes périodes d’occupation, aux représentants et fonctionnaires de premier plan qui mettaient à l’épreuve leur force et leurs avantages.
Elles étaient connues pour leur magnificence charmante et leurs richesses, qu’elles développent habilement. Dans certains cas, même avec des relations qui durent généralement l’heure de la visite du conjoint, qui apportait de temps en temps des avantages matériels rapides, mais laissait après son départ maison, esclaves et fonds à rendre productifs.
Avec le temps, elles adoptèrent des unions endogamiques pour soutenir leur mode de vie et sauvegarder le capital recueilli de la mère à la fille pendant plus de quelques années tout en gardant une existence d’autonomie loin de la domination patriarcale.
En effet, aujourd’hui encore, les « Signares » exercent une solide force d’impact au sein du grand public.
Fabrice Monteiro
Descendant d’esclaves brésiliens, Fabrice Monteiro est un Agouda né d’un père béninois et d’une mère belge. Ayant vécu son enfance au Bénin, il a commencé une profession est devenue mannequin après ses études en conception mécanique. Il vit et travaille actuellement à Dakar.
C’est au cours de sa vocation de mannequin qu’il découvre la photo, et à la suite de sa rencontre avec le photographe new-yorkais Alfonse Pagano qu’il développe ses compétences de photographe de studio.
Aujourd’hui, derrière l’appareil photo, son travail se situe au croisement du photojournalisme, de la photographie de style et de l’artisanat vivant. Une façon pour lui de dessiner le mélange de ses points de départ et le balancement entre la fascination et le rejet, le renforcement et le renoncement, la reconnaissance et l’indignation, un regard solitaire du vécu qui montre son métissage.
Fabrice Monteiro a fait du portrait son médium de prédilection et situe, dans chacune de ses séries, une problématique solide concernant le continent africain, il adresse des questions de société, de politique, de religion et d’identité.
Ici et là, recommandant ces rêves troublants d’un monde étouffé par le gaspillage dans sa série « The Prophecy », il interroge le cristal du caractère et enquête sur les généralisations à travers sa série « 8 Mile Wall ». Cette dernière est animée par une discussion qu’il a eue dans sa jeunesse avec son père, et qui le pousse aujourd’hui à déconstruire ces automatismes de contemplations faites de subtilités de bon goût.