Figure majeure de la création contemporaine, Sammy Baloji présente sa première exposition personnelle dans une institution parisienne, accueillie par le Festival d’Automne et les Beaux-Arts de Paris, dans le cadre de la Saison Africa 2020. « K(C)ongo, Fragments of Interlaced Dialogues » est ouverte jusqu’au 18 juillet 2021 au Palais des Beaux-Arts.
« K(C)ongo, Fragments of Interlaced Dialogues » réunit des œuvres reconnues à travers des examens tardifs de l’Empire Kongo et différents objets qui ont transité entre les nations du Sud et du Nord, comme par exemple les célèbres « Tentures des Indes ».
Résident de la Villa Médicis à Rome en 2019, Sammy Baloji expose ici les retombées de ses recherches, des échanges politiques, stricts et commerciaux qui ont eu lieu entre le royaume Kongo, le Portugal et le Vatican à partir du XVIe siècle.
Un ensemble de dessins et une série de transferts sur plaques de cuivre ont été créés à partir de la trame géométrique des tissages Kongo en fibre de raphia, images de la gloire sociale.
Sammy Baloji a été particulièrement intrigué par les parcours patrimoniaux de ces objets: d’abord coordonnés dans les collections des cabinets de curiosité des musées romains primaires de la Renaissance, ils ont été transférés au XIXe siècle dans les salles d’exposition d’ethnographie. En tant qu’assemblage de planches de bois gravées et peintes, on peut également remonter à l’utilisation de ces thèmes équivalents par le centre historique des pèlerins de Tervuren – créé à la fin du XIXe siècle près de Bruxelles – où ils étaient utilisés comme éléments d’amélioration à l’intérieur d’une conception architecturale nouvelle.
Par ailleurs, les Tentures des Indes, tissées vers la fin du XVIIe siècle par la Manufacture Royale des Gobelins, dépendent de l’œuvre de deux peintres ayant vécu aux Indes de l’Ouest pendant la colonisation hollandaise du haut Brésil oriental. Elles décrivent des scènes intrigantes où la vie quotidienne des Indiens et des esclaves noirs, tout comme les occasions discrétionnaires de proximité, sont représentées au milieu d’une abondance de vie naturelle et des occasions stratégiques de proximité.
Qu’elles soient artisanales ou acquises, ces œuvres témoignent de la complexité d’un passé riche en échanges et en abus. Elles révèlent les impacts contextuels et institutionnels d’une histoire composée par l’Europe, qui les a ainsi considérées comme des instruments de tact, des antiquités ethnographiques ou des éléments fondamentaux de l’amélioration.
Sammy Baloji, un artiste contre l’amnésie
Depuis 2005, Sammy Baloji mène une enquête sur la mémoire et l’histoire de la République démocratique du Congo. Son travail est un examen continu de l’héritage culturel, architectural et industriel de la région du Katanga, ainsi qu’un examen minutieux de l’effet de la colonisation belge. Son utilisation de documents photographiques lui permet de contrôler l’existence, en opposant les anciennes histoires au colonialisme monétaire contemporain. Ses œuvres vidéo, ses installations et ses séries photographiques mettent en scène la manière dont les personnalités se forment, changent, s’avilissent et sont réexaminées. Son regard critique sur les ordres sociaux contemporains permet de constater comment les clichés à la mode dans la société continuent de former des souvenirs agrégés et permettent ainsi aux jeux de pouvoir sociaux et politiques de continuer à dicter la conduite humaine.
Mis au monde en 1978 à Lubumbashi, Sammy Baloji vit et travaille entre Lubumbashi et Bruxelles. Depuis septembre 2019, il mène un doctorat d’exploration en art à l’Université Sint Lucas d’Anvers nommé « Contemporary Kasala and Lukasa: towards a Reconfiguration of Identity and Geopolitics ».
Chevalier des Arts et des Lettres, il a reçu diverses bourses, récompenses et distinctions, notamment aux Rencontres africaines de photographie de Bamako et à la Biennale de Dakar et a été lauréat du Rolex Mentor and Protégé Arts Initiative. En 2019-2020, il a été pensionnaire à l’Académie française de Rome – Villa Médicis. Depuis 2018, il enseigne à la Sommerakademie de Salzbourg. Bienfaiteur et co-fondateur en 2008 des Rencontres Picha/Biennale de Lubumbashi il a plusieurs expositions monographiques à son actif dont : « Baloji, Other Tales », « Lund Konsthall », « Aarhus Kunsthal », « Congo, Fragments d’une histoire », « Cherbourg », « Sammy Baloji and Filip de Boeck », « The Power Plant », « Hunting and Collecting », « Ostende » et bien d’autres. Et a participé à la Biennale de Sydney, à la documenta 14 en 2017 à Athènes, la Biennale de de Lyon et la Biennale de Venise en 2015 et au Festival Photoquai du Musée du Quai Branly la même année. En 2020, il fait partie du Power 100 des « personnages les plus persuasifs du monde de l’art » par la revue britannique ArtReview.