Dès le départ, Saïdou Dicko a compris qu’il pouvait voir les brumes au-dessus de sa tête aussi bien que dans les sables de sa ville natale. Jeune berger peul, il a exploré les sables rouges du Sahel et suivi les ombres projetées par les brumes en mouvement au-dessus de lui.
C’est ce qu’il montre dans son exposition « Umrissene Welten » à la galerie ARTCO à Berlin, en Allemagne, jusqu’au 29 octobre 2022.
Saïdou Dicko aborde les tracés de ses moutons, puis, à ce moment-là, les contours des individus, tous capturés clairement sur les murs des maisons ou sur les belles textures tissées par sa mère. Ces ombres restent l’élément central de son récit visuel, qui s’étend à la photographie, au cinéma, aux installations et à la peinture.
Dans sa série d’œuvres la plus mémorable, « THE SHADOW THIEF », il suit ses proches avec un appareil photo de téléphone, suivant leurs excursions et leurs activités.
Quoi qu’il en soit, le voleur d’ombre ne prend pas le caractère de ces individus ; en somme, la distance de ces contours aux points de vue brisés nous rapproche des marques des individus dépeints, soulignant le travail du jeu adolescent, du travail difficile, des particularités relationnelles complexes, mais reconnaissables.
Ici, la délibération est prise dans le travail de Saïdou Dicko comme une cascade pour attirer la considération du spectateur d’autant plus près des cadres sociaux de chaque scène.
Nous voyons les personnages dans les magasins du coin, assis en discussion sur les cours des maisons, ou à vélo dans sa capitale, Ouagadougou.
Saïdou Dicko, qui vit et travaille actuellement à Paris, a porté cette réflexion à un autre niveau. Dans ses travaux les plus récents, il plonge les personnages de ses photos dans de l’huile sombre, ajoutant ainsi une couche supplémentaire à l’image.
Anonymisant ces sujets à l’aide d’épais coups de pinceau, il sépare l’idée de l’individu, démocratisant ses personnages en éliminant les principaux marqueurs culturels comme l’âge, l’abondance et la confiance.
Les organisations dynamiques de Saïdou Dicko se déploient dans un décor de matériaux lumineux, évocateur de sa profession initiale et de sa pratique créative. Un univers d’histoires mélodieuses, où les êtres sont autre chose que des ombres, se dessinent alors en douceur sous les yeux du spectateur, une incitation à se rapprocher des personnages à un niveau plus profond, à imaginer leur perspective et à entrer dans son univers profilé.