En novembre 2019, Paris a accueilli plusieurs événements culturels mettant en avant l’art africain. Au nombre des plus importants, il y a la vente aux enchères de la maison Piasa organisée pour la deuxième fois consécutive autour du thème de l’Afrique. Cette 10e édition a permis aux passionnés de l’art de s’arracher sur place, par téléphone ou encore via Internet, plus de 125 lots sur les 140 présentés. Résultat, la maison a enregistré une vente record de 1,43 million d’euros, frais inclus. Certaines œuvres ont été achetées à des sommes 20 fois supérieures à leur estimation de base.
Cette vente aux enchères révèle de très belles surprises
Les tableaux de Marc Padeau, le Camerounais dont les œuvres font partie de la collection permanente de la Banque Mondiale, dénommés « The King Is Dead » et « Voici l’homme » ont été vendus à 195 000 euros l’unité. Certains visiteurs ont cru à une erreur, mais non ! L’artiste de 30 ans a effectivement suscité un intérêt extraordinaire chez les acheteurs.
Mais ce ne fut pas un cas isolé. Au cours de la vente aux enchères, Joseph Ntensibe a également vu sa toile « Tropical Gardens » qui représente un beau jardin avec des ibis et des couleurs vives, être arrachée à 156 000 euros, soit 15 fois le prix estimé. D’autres toiles d’artistes africains sont également parties à des prix faramineux. Il s’agit entres autres de celle du peintre angolais Cristiano Mongovo vendue à 65 000 euros et de celles des peintes Kenyns Michael Musyoka et Peter Ngugi, vendues au double de leur prix d’estimation. Les organisateurs de cette édition ne s’attendaient sûrement pas à des résultats pareils.
Les ventes aux enchères: de plus grandes ouvertures pour l’art africain
Au cours des ventes aux enchères précédentes organisées par la maison Piasa, le Congolais Chéri Samba avait enregistré les meilleures ventes. Mais pour cette 10e édition, ce sont les artistes camerounais qui ont connu le plus de succès. Cela démontre un certain élargissement au niveau du marché de l’art contemporain africain. Pour créer cette impulsion, Christophe Person, le directeur de la maison Piasa, augmente chaque année la liste de collectionneurs, de galeristes et de réseaux locaux invités. La vente n’est donc plus seulement l’apanage de quelques acheteurs et d’une poignée d’artistes. Un partenariat est même annoncé avec une maison aux enchères d’Afrique du Sud pour offrir plus de visibilité à d’autres artistes africains sur la scène internationale. Cette dynamique s’observe également sur l’ensemble des événements qui s’organisent autour de l’art africain dans le monde. Aux foires 1 : 54 et AKAA (Also Known As Africa), la diversité est désormais le maître mot.
Un besoin d’accompagnement des pouvoirs publics
Certes, la part de l’Afrique dans les enchères mondiales de l’art est toujours inférieure à 0,1 %. Mais, une forte progression est déjà constatée au niveau des capitales européennes. Afin que cette émulation perdure dans le temps, l’accompagnement des États africains est essentiel. Selon le critique d’art Babacar Mbaye, les autorités doivent mettre en place une politique qui favorise l’organisation de foires, de salons. Des subventions doivent aussi être offertes pour faciliter l’organisation d’événements artistiques et la médiatisation des artistes africains.