Ouvert jusqu’au 26 février 2022 à la Septieme Gallery, l’exposition de l’artiste contemporain Didier Viodé pose un regard sur son intériorité, charme des images et des témoignages de sa vie, de ses parents, de sa jeunesse, de ses convictions et ouvre sa proximité à la découverte au-delà de son propre corps.
Pour l’artiste, « Regarder le monde » propose une humilité spécifique qu’il transmet sans nous en confier les subtilités, puisqu’il n’a pas voulu interpréter, saisir dans sa plus stricte platitude, l’instantanéité, la soudaineté. Il s’évanouit derrière les cloisons substantielles de sa nation de provenance, ne nous laissant qu’un groupe de signes pour jeter un coup d’œil sur le reste, puis, à ce moment-là, sur le monde.
Spectateur et anthropologue de l’humanité, Didier Viodé n’est pas dans la fiction, à travers ses carnets de voyage, ses dessins qui deviennent des œuvres, des déclarations pour dépeindre l’humain afin de recommander le diffus.
L’artiste implique son travail autour de la représentation dans un autoportrait très proche de sa série de 64 dessins de lui-même réalisés au printemps 2019, à travers les « Autoprotrait d’un confiné » où il dépend de ses éléments et s’en libère. Lorsqu’il ne considère plus la réalité, il la contorsionne et se transforme en l’Autre, ses autoreprésentations deviennent des tableaux tout en s’adressant à celui qui peint, à celui qui regarde, à celui qui est peint ?
Puis, à ce moment-là, la marque de la perspicacité se déplace. On regarde d’ailleurs tandis que Didier Viodé jette un coup d’œil au loin. Pour « Les Hommes Debout », sa ligne de référence a été modifiée et améliorée. La prestance est bienvenue, cet « homme debout » est habile, dans la mesure où il sublime son orgueil. Son corps, de bout en bout, est une image de soi qui se réactive avec autant de perspectives comme autant de moyens de vérifier notre réalité.
Il se contextualise avec un sol en damier, un désert peuplé d’un buisson, un ciel bleu ou un océan bleu ciel. Ses Hommes debout sont généralement des autoreprésentations qui ne se ressemblent pas du tout. Ce n’est jamais plus très lui, ni très un autre. Pour Didier Viodé, la raison ne fait pas de différence, puisqu’il cherche à représenter l’homme, il est parti essentiellement de lui-même.
Dans sa démarche picturale, la femme apparaît, comme une quête de l’incarnation humaine. Ce ne sont actuellement pas ses éléments qui comptent, mais le gage de l’être.
Depuis ses débuts, Didier Viodé tente de tendre vers une rectitude définitive. De sa peinture, il ne reste guère que l’essentiel, une attitude, un regard. Il montre ce que nous offrons dans notre ensemble, en soulignant cette délicatesse, en attirant l’attention sur cette faiblesse, que nous couvrons, sans jamais parvenir à l’empêcher totalement de s’échapper.
Didier Viodé débusque des personnages à partir de représentations d’étrangers, dépouille les apparences et ne garde que le général. Il décontamine, il déverse pour peindre un monde sublimé, une réalité où l’on ne voit que le délicieux, un monde nettoyé, soustrait au régulier en attendant la magnificence et en laissant le reste de côté.
Didier Viodé
Né en Côte d’Ivoire et originaire du Bénin, Didier Viodé, a commencé ses études à l’Institut National Supérieur de l’Art d’Abidjan, puis les a poursuivies en France alors que la Côte d’Ivoire sombrait dans l’urgence politique et a intégré l’École des Beaux-Arts de Besançon. Il y découvre le mouvement FLUXUS qui prône que tout est art, ainsi que le mouvement Support/Surface de Claude Viallat.
Il commence alors, à ce moment-là, à impliquer des matériaux insignifiants dans son travail, par exemple des cartons, des tissus de jute, des vieux papiers qu’il colle directement sur ses différents supports, mais aussi à isoler l’œuvre de son support, de cadre et parfois même de la contrainte.
Son inspiration vient de la route, de sa situation, de la société et des médias. Il observe l’homme, l’étranger, peint, photographie et filme son existence quotidienne. En plaçant l’homme au centre de ses préoccupations, son but est de permettre de regarder le monde à travers sa spécialité : l’art.