La Galerie Carole Kvasnevski accueille dans son espace les artistes photographes Hélène Amouzou et Rezvan Zahedi, pour une exposition collective. Jusqu’au 22 décembre 2023, les deux artistes contemporaines présenteront « L’Entre-Deux », un récit partagé entre la transparence et un combat permanent pour obtenir le droit d’exister.
Hélène Amouzou et Rezvan Zahedi ont toutes deux un passé commun qui guide leur pratique de l’art photographique. Avant même d’atteindre la trentaine, Rezvan Zahedi quitte l’Iran et Hélène Amouzou le Togo, fuyant chacune le régime politique de leur pays respectif. Les deux femmes sont confrontées aux défis de la survie dans un monde presque déshumanisé, en proie à des changements politiques et sociétaux. Dans sa pratique artistique, Rezvan Zahedi devient une opposante, en capturant, à travers son objectif photographique, des graffitis de rue dénonçant les discriminations faites aux femmes. De son côté, Hélène Amouzou s’engage politiquement après une chasse à l’homme dont son mari est la cible.
Le travail de ces artistes contemporaines se présente comme une voix, cherchant à communiquer au public les cris des femmes réduites au silence. Les images capturées par leurs canons photographiques se mêlent aux mots pour partager avec le spectateur les expériences de ces femmes dont les voix ont été oubliées. À travers leurs images, elles partagent leur vision de l’état actuel du monde, des altérités et des multiples formes de violence résultant du pouvoir politique et gouvernemental liberticide.
Dans sa pratique artistique engagée, Rezvan Zahedi joint la photographie et la calligraphie pour faire de la femme un étendard, une matière vivante appelant à la récrimination. La photographe ajoute à ses images une sélection de citations de la poétesse iranienne Forough Farrokhzad, d’ouvrages progressistes et de textes discriminatoires restrictifs. Rezvan Zahedi fait preuve de résistance et montre dans ses photos un visage dissimulé, symbole de l’anonymat et du jugement subis par le corps, l’esprit et les pensées.
Hélène Amouzou exprime son intimité à travers ses autoportraits argentiques, créant ainsi un véritable carnet intime. Ses images émouvantes capturent avec succès l’état invisible de solitude de l’exilé, une période de sa vie où la souffrance était omniprésente. Dans sa quête de réconfort, l’artiste utilise son art pour créer de nouveaux territoires, transformant ses photographies en un autre pays. Dans des compositions visuellement troublantes, Hélène Amouzou présente un corps flou, pris entre deux mondes, dans une double exposition spectrale. Ce personnage, semblant presque fictif, se mêle aux débris d’un appartement abandonné, où le papier peint de la série “Autoportrait, Molenbeek” perd de sa splendeur, reflétant ainsi le monde qui l’entoure et qui refuse de regarder en face ses frères et sœurs.
Face à cette réalité, Hélène Amouzou et Rezvan Zahedi ont décidé de prendre de front leur lutte. Elles se lancent ainsi dans une bataille sans détour et sans compromis, offrant avec courage aux visiteurs un aperçu de leur parcours de vie. Leurs photographies suscitent un regard touchant sur les trajectoires différentes empruntées par ces deux artistes contemporaines. Alors que Hélène Amouzou dans sa cavale retourne au Togo, ce dénouement reste impossible pour Rezvan Zahedi. Les récits de l’exil de nos photographes sont partagés à travers l’exposition “L’Entre-Deux“, une exposition qui offre une occasion unique de découvrir le travail de ces deux artistes engagées, qui utilisent la photographie comme un moyen de donner une voix aux opprimés et de mettre en lumière les luttes pour la liberté et l’égalité. “L’Entre-Deux” invite le public à réfléchir sur les questions de l’exil, de l’identité et de la résistance, tout en offrant une expérience visuelle touchante et immersive.