La maison d’art contemporain White Cube Mason’s Yard a le plaisir de vous présenter « Nzulu yemfihlakalo », une exposition des nouvelles séries d’œuvres de l’artiste contemporain Cinga Samson. Exposée jusqu’au 26 août 2023, cette présentation artistique plonge l’espace d’art dans une atmosphère funèbre et mystérieuse assez troublante.
Né en 1986 à Cape Town, en Afrique du Sud, Cinga Samson réside et travaille dans sa ville d’origine depuis son studio où il a réalisé les peintures à huile de son exposition « Nzulu yemfihlakalo », dont le titre a été emprunté à une expression isiXhosa qui se traduit vaguement par « la profondeur du mystère ». Ce terme est utilisé pour exprimer l’adoration tout en servant également de description à Dieu. La complexité de ce titre de même que sa signification tout aussi alambiquée renseigne fortement sur chacune des œuvres de l’exposition. Plongé dans l’hyperréalisme et le fantasmagorique, Cinga Samson arrive à provoquer avec ses toiles une rencontre avec l’inconnu et à donner corps aux domaines abstraits immatériels qui impactent notre existence mortelle. Dans sa pratique artistique, il aborde de vastes inquiétudes et s’inspire de son environnement immédiat pour concevoir des portraits chimériques et des tableaux à grande échelle.
Cinga Samson dépeint dans ses créations de mystérieux personnages apparaissant fréquemment avec des objets ou des mémentos mori, notamment des corps inanimés, des entrailles d’animaux, des crânes, de la dentelle blanche et de la viande crue, se livrant à des cérémonies pour le moins secrètes. Les pupilles blanches et vides des personnages renvoient une image en dissonance avec la réalité un peu comme s’ils se soustrayaient au regard intrigant des spectateurs. Les figures peintes par Cinga Samson habillées dans des tenues contemporaines sont représentées dans un espace urbain, naturel et environnant qui sont des combinaisons de points de repère et de caractéristiques provenant de Cape Town.
Ainsi, certaines des œuvres présentent en toile de fond des paysages ou lieux de la ville telles que l’imposant versant gauche de Table Mountain, pendant que d’autres comprennent des détails simples renvoyant au pays d’origine de l’artiste comme les bouquets de proteas, la fleur nationale de l’Afrique du Sud. Ces éléments, intégrés par Cinga Samson, servent de point d’ancrage à ses tableaux dans la réalité physique de ce monde.
Toutefois, de nombreux caractères atypiques ressortent de ses créations et viennent concrétiser cet univers infléchi partagé entre réalisme et onirisme. L’obscurité cimmérienne des scènes visualiser dans ses peintures, associées au contexte mystérieux des actions effectuées ainsi que l’absence de référencement temporel évoque un sacrifice ou une aumône par laquelle l’artiste cherche à saisir l’espace entre la précarité de la vie et l’éternel insoupçonné ainsi que la possible existence d’un monde parallèle à l’atmosphère lugubre et déconvenue.
Cinga Samson poursuit son intrigue artistique avec ses portraits solos qui impose naturellement une certaine présence presque oppressante dans la galerie d’art. Toujours avec un regard vide et vêtu selon les critères modernes, les portraits de l’artiste captent l’attention des visiteurs avec l’assurance tranquille qui se dégage de leur image. Ils établissent une certaine symétrie entre intemporalité et contemporanéité tout en renvoyant avec profondeur les impressions emmêlées de Cinga Samson sur la spiritualité, la masculinité et le statut.
L’exposition « Nzulu yemfihlakalo » présente des œuvres d’une autorité naturelle troublante qui plonge la galerie d’art White Cube Mason’s Yard dans une ambiance sombre, mystérieuse et envoûtante. Soumis aux regards inquisiteurs des spectateurs, ces créations artistiques les invitent à évaluer les limites épistémologiques de leur compréhension matérielle et de l’existence humaine.