Suite à son exposition indépendante « my loved ones » au musée de la Fondation Zinsou à Ouidah où elle a présenté un bouquet d’installations autour de gravats, latérite, charbon, dessins, d’ossements, d’objets et de lumières dans un nœud de réverbérations avec un parcours narratif de 814 mètres dans la haie du Jardin d’Essai de Ouidah.
L’artiste contemporaine Aïcha Snoussi présente une suite au Palais de Tokyo, avant de poursuivre à Tunis en 2023. Lauréate du prix de la Fondation Rambourg en 2020 pour son projet « underwater », une fiction archéologique sur une civilisation redécouverte sur la côte africaine, Aïcha Snoussi propose l’exposition « Nous étions mille sous la table » pour sa nouvelle performance la plus mémorable dans une organisation française, et envoie sa pratique vagabonde, qui trouve ses fondements dans le dessin, embrasser la sculpture, l’installation et la création sonore.
Puisant à la fois dans les codes gustatifs de la science-fiction et des études préhistoriques, traversant les hypercercles mondains du passé et du futur, l’exposition « Nous étions mille sous la table » se présente comme une caverne vivifiée par les commémorations passées. Un bar souterrain sorti tout droit de nulle part des fonds marins teintés de vert qui sont omniprésents dans son œuvre.
Au cœur de ce lieu, se trouve une table de billard en transformation, dont les pieds s’étendent comme des racines à la recherche d’eau. Des ouvertures de la table de billard s’échappent une hérédité d’animaux anonymes immergés que l’on appelle, alors, excentriques. La couche extérieure du billard est écumeuse et vivante.
Posés contre l’un des murs du bar, deux bâtons de billard tournés, treillis de la godothèque d’Aïcha Snoussi, armes du besoin et règles du jeu.
Sur les murs de la caverne, des dessins, observateurs d’un corps céleste d’étoiles filantes qui ont secoué la jeunesse de l’artiste, plus tard, ses soirées passées au Plug, lieu de rassemblement de la scène alternative en Tunisie. Ce corps céleste, semblable à une tornade, avale et dégorge des références uniques : les ombres de Vincent van Gogh, les thèmes de Frida Kahlo et de Lee Bul. À travers les expressions de Monique Wittig, Esteban Muñoz ou Saleem Haddad et les rêves de gravures rupestres de Tassili n’Ajjer. Car dans son œil, vivent ensemble la fête et le deuil.
Le travail d’Aïcha Snoussi interroge les idées de personnalité et la légitimité des normes et des arrangements à travers des dessins et des installations. En brouillant les pistes du réel pour montrer les restes ou les indices d’un ensemble d’expériences qu’elle a repensées, Aïcha Snoussi nourrit un folklore individuel qui fait allusion à des épisodes de notre histoire contemporaine (orientation personnalité et mouvement) tout en rencontrant un ensemble de références douillettes.
Son travail interroge le rapport de l’attraction et de l’objet à l’histoire, aux souvenirs, aux ruines, à ce qui reste, dans des plans de jeu naturels et merveilleux en échange avec les lieux mis en ressources in situ.
Cette exposition se décline dans une progression entre Montpellier, Ouidah, Paris et Tunis. La première installation « sépulture aux noyé.es » est un ancien site personnalisé composé de 801 bouteilles de dessins, d’œuvres et d’éléments naturels immergés dans l’eau.