« Cosmogonies. Zinsou, une collection africaine », une exposition qui réunit une série d’importantes œuvres issues de la collection de la famille Zinsou, et présentées hors de leurs locaux. Un espace pour la divulgation de l’art contemporain en Afrique a été créé en 2005, afin de partager la créativité du continent africain avec un large public.
Le MO.CO. Hôtel des collections conduit par le désir d’une histoire assurée dans un domaine et une extension globale a choisi 140 œuvres de la série de plus de 1.000 œuvres d’une soixantaine d’artistes, régulièrement exposées au Musée de Ouidah pour faire exposer un regard africain sur l’Afrique.
« Cosmogonies. Zinsou, une collection africaine », l’espace d’un voyage entre sept univers.
L’exposition « Cosmogonies. Zinsou, une collection africaine », propose aux visiteurs des sculptures, photos, peintures et installations de 37 artistes de générations différentes.
Elles suggèrent sept univers différents d’artistes d’ores et déjà classiques, tels que Frédéric Bruly Bouabré, Cyprien Tokoudagba, Malick Sidibé ou Chéri Samba, et d’autres présents dans les rendez-vous de l’art contemporain, comme Joël Andrianomearisoa, Sammy Baloji ou Zanele Muholi, mais aussi des artistes émergents comme Ishola Akpo ou Aïcha Snoussi, afin de permettre à l’art contemporain africain de se défendre plus aisément en tant que réalité vivante en dehors de ses frontières.
Alphabets et codes
Des questions sur la tradition orale étaient répandues en Afrique ainsi que l’importance de la mise au jour d’importants exemplaires originaux. Ce passage de l’exposition met la lumière sur de nombreux artistes qui ont décidé d’étudier le signe composé pour restaurer des images anciennes, avec comme exemple, le contemporain ghanéen Kwesi Owusu-Ankomah et son utilisation de l’Adinkra, Emo de Medeiros qui, quant à lui a tenté de mélanger des symboles généralement reconnaissables et des structures conventionnelles, l’inventeur d’un alphabet Frédéric Bruly Bouabré, les thèmes théoriques des peintures d’Esther Mahlangu qui font allusion au langage codé peint sur les cloisons des maisons Ndébélé, en signe d’obstruction après la perte des Boers vers la fin du XIXe siècle en Afrique du Sud.
Identité et Mémoire
Il s’agit du second univers qui questionne sur la mémoire des familles, les positions et les regards tout en ressortant à la fois la coutume et la proximité dans le travail des photographes des années 1950, Seydou Keïta et Malick Sidibé.
C’est cette interrogation que pose Joël Andrianomearisoa qui imprègne ces images de mélancolie, coordonnant dans son installation les poteries « Sè » fabriquées au Bénin par des femmes et les voix de Jeanne Moreau et Maria Bethânia dans une installation sonore. Autre indice d’identité, la coiffure, répertoriée par le photographe nigérian J.D. ‘Okhai Ojeikere dans une œuvre comprenant plus de 1 000 images, qui a motivé les sculptures de Pauline Guerrier, faites de cheveux et de torsades ouvragées et de métal. Pour finir, Ishola Akpo, dans sa série AGBARA WOMEN, met à l’honneur des souveraines africaines généralement volontairement oubliées par l’histoire.
La vie comme elle vient
Ce passage est un questionnement que tend la série « Sondage » du sculpteur Kifouli Dossou qui représente les difficultés et les problèmes de l’existence quotidienne face à aux réalités urbaine et rurale du Bénin. Il est soutenu par Moké, probablement le meilleur chroniqueur de la vie à Kinshasa qui présente collisions automobiles, marchés, petits et grands événements de la vie quotidienne transformés en représentations de la capitale congolaise par les peintres de l’École de Kinshasa. Pour finir avec le récit d’une époque avec les photographies de studio du Malien Adama Kouyaté ou de ses confrères Malick Sidibé ou Seydou Keyta qui s’équipent d’accessoires et de décors pour tenter de recréer les indices les plus ordinaires.
Poses et mises en scène
La question de la présentation qui convient si bien aux Sapeurs (de la Société des Ambianceurs et Personnes Élégantes), est basée sur l’idée constante dans de nombreux portraits, à l’instar des souverains et princesses de Cyprien Tokoudagba ou encore les photos de Jean Depara ou de Sanlé Sory qui racontent les histoires de personnes ayant embrassé les normes adolescentes du design américain transmises par les couvertures de films et de disques, entre libération et adhésion aux modèles prédominants. La série d’Omar Victor Diop honore ses archétypes avec ses modèles amarrés à la coutume et complètement incorporés dans une globalisation du style ou le jeu des archétypes que l’on retrouve dans la série Tati de Samuel Fosso, et l’autoportrait de Chéri Samba qui, imite la pose, propre à une histoire de l’art occidentale, du Penseur.
Distance critique
Un retour sur la problématique de notre monde par les artistes Sammy Baloji et Ibrahim Mahama qui font ressortir le dispositif d’abus mis en place par la colonisation, tuant les spécificités des peuples, ou suscitant des pratiques trompeuses et toxiques comme Romuald Hazoumè sur le trafic de carburant frelaté, généralement appelé : Kpayo.
Chéri Chérin utilise l’incongruité pour ridiculiser une société qui perd ses qualités au profit de la convoitise. Les œuvres de Gérard Quenum censurent une société administrée par quelques grands individus qui se partagent le monde, au détriment d’une population réduite à quelques ombres en voie de disparition. Pour finir, Aston qui va plus loin dans son point de vue avancé et tente de nous faire prendre conscience d’une fin potentielle de l’humanité qui nie la gravité des fiascos qu’elle fait.
Mythologies et symboles
Le passage sur les mythologies est évoqué par George Lilanga et ses personnages légendaires rusés, les Shetani. Cyprien Tokoudagba et sa motivation a montré le panthéon du Vodoun et les symboles dans les œuvres de Romuald Hazoumè qui font allusion à l’art de divination Fâ chez les Yorubas.
C’est ce même Fâ que Emo de Medeiros place au centre de son œuvre Vodounaut ; les cauris étant utilisés dans cette pratique divinatoire.
Le sens des allusions à une histoire individuelle ou politique actuelle est ressorti dans l’œuvre de Lyndi Sales, et aussi le détournement d’un objet du quotidien dans le travail de Sadek Rahim.
Métamorphoses
Le septième univers est la convocation de l’incertitude du vivant, du naturel et de l’ailleurs.
Elle décapsule les conflits intérieurs et met en avant cette capacité à se transformer au gré de l’âme qui nous guide ou que nous avons décidé de suivre.
C’est une mise en avant par les souverains peints par Cyprien Tokoudagba qui se manifestent à travers leurs images ou les puissances tutélaires qui les caractérisent.
Zanele Muholi, Seyni Awa Camara, Rotimi Fani-Kayode sont des spécialistes qui ont façonné leur avenir en dehors ou contre des structures forcées : militante LGBTQI+ pour la première, femme interdite de tout rôle social en Casamance pour la seconde, gay et évincée pour le dernier.
Aïcha Snoussi a créé un langage naturel et non-genré dans son Anticodexxx, et cherche à s’élever au-dessus du manque de corps étouffés pour honorer les disparus dans sa nouvelle création.
Une collaboration pour le rayonnement de l’art contemporain
La Fondation Zinsou
La Fondation Zinsou est la principale institution privée au Bénin qui se consacre à la culture et à l’art contemporain. Elle est actuellement plus axée sur les jeunes artistes talentueux qui n’étant pas encore connus dans le monde de l’art.
Créée en juin 2005 sous l’impulsion de la famille Zinsou, elle vise à offrir au public la possibilité d’apprécier, d’examiner, de célébrer, et de partager l’art.
Des installations de Romuald Hazoumè aux toiles de Jean-Michel Basquiat, du Roi Behanzin aux Rois du Burkina Faso, de l’appareil photo de Jean-Dominique Burton à Malick Sidibé, des installations d’Aston aux personnages en papier mâché de Mickaël Bethe-Selassié, 36 expositions ont été présentées au grand public depuis sa création.
Son musée, dédié à la collection, a ouvert ses portes en novembre 2013, dans un monument historique afro-brésilien de la ville de Ouidah : la Villa Ajavon.
La Fondation Zinsou se veut un tremplin vers une diffusion célèbre et une reconnaissance générale de l’art contemporain africain en approuvant comme première norme : la gratuité totale de toutes ses activités.
Entre des ateliers gratuits pour les enfants, dirigés par une instructrice experte, elle leur fait connaître l’art contemporain à travers des exercices inventifs identifiés aux sujets des expositions en cours. Quelques fois, ces ateliers sont animés par les artistes présents sur l’exposition.
La fondation Zinsou coordonne également de nombreuses activités différentes telles que des ateliers pédagogiques et artistiques, des concours, des événements et des conférences. Elle soutient et aide ponctuellement en faisant des actions sociales.
Aujourd’hui, elle tisse un réseau d’échanges culturels et artistiques avec des lieux comme le Musée du Quai Branly, le Musée Botanique, le Musée de l’Université de Stanford, les stations Madeleine et Pyramides.
MO.CO. Montpellier Contemporain, un écosystème unique au monde
Avec un modèle unique, MO.CO. Montpellier Contemporain, est un établissement public de coopération culturelle consacré à l’art contemporain. C’est un écosystème artistique réunissant deux lieux d’exposition et une école d’art.
Elle se veut une institution conçue autour de la capacité d’innovation et d’inventivité de son équipe pour produire et transmettre des contenus au plus grand nombre possible.
Ces expositions abordent des thématiques contemporaines aux enjeux sociaux, politiques et culturels et proposent une plongée dans de nouveaux domaines de l’imaginaire.
Les expositions collectives et les monographies sont l’occasion de montrer des artistes sans précédent pour la France, et de livrer des œuvres nouvelles en relation avec des artistes et des industries locales.
Les expositions thématiques des collections prennent en compte de riches projets pédagogiques et académiques, en s’appuyant sur une compréhension des contextes artistiques, politiques et sociaux des territoires concernés.
Elles sont conçues à partir de collections publiques privés découverts sans précédent pour la France.
Parallèlement aux expositions, le MO.CO. offre un riche programme culturel au public afin de rendre l’art contemporain accessible à plus de monde et de donner à ses visiteurs, qu’ils soient, débutants ou curieux, la possibilité de développer leur raisonnement de base et leur raison, et de discuter autour des œuvres et des artistes.