Jusqu’au 2 novembre, l’art contemporain africain s’invite à nouveau sous les projecteurs avec l’exposition « Côte d’Ivoire est zo ». Présentée par la galerie OpenArtExchange, cette exposition représente la deuxième étape d’une série audacieuse née de l’idée « l’art contemporain africain n’existe pas ». Après son lancement au Bénin avec « Gléhoué – Maison de la terre », qui a offert au public néerlandais un aperçu de la richesse culturelle de Cotonou, la Côte d’Ivoire s’ajoute désormais à cette conversation sur la diversité et la beauté de la création artistique contemporaine en Afrique.
Cette célébration de l’histoire et de l’art africain contemporain met en lumière les talents ivoiriens Armand Boua, Pascal Konan et Mounou Désiré Koffi, qui viendront enrichir l’espace de la galerie OpenArtExchange. Après avoir exploré visuellement les racines de la religion vaudou, la tragédie de la traite transatlantique et les récits des guerres épiques des royaumes béninois, « Côte d’Ivoire est zo » introduit de nouvelles perspectives qui témoignent de la pertinence et de l’imagination débordante de l’art africain d’aujourd’hui.
Seconde étape de ce voyage artistique, la Côte d’Ivoire, petite perle d’Afrique de l’Ouest, se distingue par sa riche diversité agricole. En tant que l’un des principaux producteurs de cacao, d’huile de palme et de café, le pays se présente comme une société post-coloniale dynamique, dotée d’infrastructures culturelles solides et d’une palette variée de traditions culturelles et artistiques. Cette richesse coutumière alimente la pratique artistique locale, fruit de la grande variété des groupes ethniques qui composent la nation.
Dans cette culture où se mêlent traditions ancestrales et influences religieuses importées, un terreau fertile se crée pour l’innovation et la créativité. Cependant, la Côte d’Ivoire, en quête d’une identité nationale claire et traversée par une diversité culturelle, est aussi confrontée à des défis contemporains majeurs. Ceux-ci incluent d’importantes disparités économiques et sociales, des problèmes environnementaux liés à son agriculture intensive, ainsi que les enjeux de la vie urbaine dans ses grandes villes.
Le titre de l’exposition « Côte d’Ivoire est zo » s’inspire d’une chanson de Serge Beynaud, qui réinvente un hymne national festif, célébrant les réussites du pays ainsi que le côté joyeux de la vie. Les œuvres des artistes présentés enrichissent cette vision positive de la nation ivoirienne. Armand Boua, Pascal Konan et Mounou Désiré Koffi incarnent à eux seuls la diversité et le talent de la scène artistique d’Abidjan. Ensemble, ils tissent un récit immersif qui reflète les multiples dimensions de la vie contemporaine en Côte d’Ivoire.
Au cœur de son art, Armand Boua plonge avec sensibilité dans la condition humaine, mettant particulièrement en lumière la réalité des enfants marginalisés en Afrique de l’Ouest. Réputé pour ses œuvres texturées et abstraites, cet artiste visuel ivoirien emploie une technique unique qui consiste à superposer du goudron et de l’acrylique sur des matériaux recyclés. Par des gestes successifs, il retire les couches, révélant des formes abstraites qui résonnent avec la violence et les épreuves vécues par ces jeunes. Dans le cadre de « Côte d’Ivoire est zo », son travail ne se contente pas de capturer l’émotion brute ; il souligne également les dures réalités des luttes politiques en Afrique de l’Ouest, témoignant ainsi d’un engagement profond envers son époque.
C’est par des œuvres vibrantes et expressives que Pascal Konan attire l’attention du public lors de l’exposition. En tant que peintre et professeur aux Beaux-Arts d’Abidjan, il immortalise des scènes vivantes de la vie urbaine africaine. Pour apporter singularité et profondeur à ses créations, il combine une palette variée de techniques afin de réaliser des compositions psychédéliques tout en restant structurées. À travers son art, Pascal Konan s’intéresse aux thèmes du bonheur et de la condition humaine, plaidant pour un humanisme authentique malgré les défis sociétaux contemporains.
Mounou Désiré Koffi, quant à lui, plonge les visiteurs de « Côte d’Ivoire est zo » dans le tumulte et le dynamisme des villes ivoiriennes. Ses œuvres, riches de sens cachés, s’ornent d’éléments insolites. Par exemple, il utilise des claviers de téléphones portables pour illustrer le concept d’évolution technologique, tout en soulevant des questions sur l’obsolescence programmée et les problèmes environnementaux qui en découlent. Ses créations évoquent également des thématiques pressantes telles que les inondations, les embouteillages, la réalité des enfants soldats, et l’évolution des identités urbaines qui émergent dans ce contexte en constante transformation.
Des œuvres d’Armand Boua représentant des enfants des rues sans abri, aux paysages urbains colorés et portraits créés à partir de tablettes de téléphone portable recyclées par Mounou Désiré Koffi, en passant par les réflexions surréalistes sur denim exécutées à l’acrylique et à l’encre par Pascal Konan, souvent désigné comme l’« Escher africain », l’exposition « Côte d’Ivoire est zo » offre un aperçu captivant de la richesse artistique du pays. Bien que cet échantillon soit à la fois fascinant et révélateur des nombreuses facettes créatives de la Côte d’Ivoire, il suscite également un désir d’explorer plus en profondeur les multiples expressions artistiques qui émergent de cette nation vibrante.