« Kwata Saloon » est une impression des lieux de l’existence quotidienne à Douala où l’artiste Ajarb Bernard Ategwa observe une expérience inédite. Présenté à la galerie Afikaris de Paris jusqu’au 28 septembre 2021 au travers d’une série d’œuvres, Ajarb Bernard Ategwa s’amarre aux salons de beauté qui virevoltent dans son pays.
Il plonge au cœur de ces lieux et entrevoit des scènes où se mêlent proximité et sociabilité, et met en avant la concomitance des liens sociaux et intergénérationnels dans ses œuvres.
En arborant différents âges, sexes et couches de la société, l’artiste Ajarb Bernard Ategwa souligne la dimension communautaire et met en évidence les liens entre les personnes entretenues par la coiffure. En se concentrant sur ces lieux, il témoigne d’une période où la prospérité et le partage étaient au centre de l’activité publique.
L’exposition « Kwata Saloon » exalte l’attrait et la magnificence de ceux que Ajarb Bernard Ategwa peint, les dames en particulier. Leur présence transmute la toile qui offre des tons brillants, décorée parfois de traits.
Ajarb Bernard Ategwa propose un espace où l’existence quotidienne est souvent marquée par la chaleur et l’inquiétude, il fait découvrir aux visiteurs que ces salons de beauté éphémères apportent une autre dynamique et capte à travers ses toiles le trouble d’un instantané de fête, un pan particulier du quotidien touché avec délicatesse.
Les ombres claires qui s’échappent de ces pinceaux rendent hommage à l’esthétique pop et reflètent l’éclat de la jeunesse de toutes les régions du pays à la recherche d’une vie transcendante. La gamme chromatique, imprégnée d’une imagerie individuelle, reflète cette multiplicité et une solide identité qui lui est propre.
Alors que ses grandes toiles capturent un instantané du partage et figent le développement, ses représentations singulières aux contours rapprochés réverbèrent les selfies partagés sur le web. Le goût général reflète la société médiatique, de même qu’il trouve ses fondements dans la photographie de studio.
La posture de ces modèles, dont la position des mains souligne le visage, rappelle les clichés de marque du Malien Seydou Keïta. Les bases généralement ombragées sont ici rendues monochromes. Un contact immédiat s’établit entre le visiteur et l’œuvre, un simple point de convergence solitaire. Comme si Ajarb Bernard Ategwa accueille une réflexion sur l’apparence et l’affirmation de soi.
Si ses personnages sont anonymes et réduits à un bouquet de couleurs différenciées, leurs embellissements et leurs apparences diverses les ancrent dans un décor aux impacts voisins et mondiaux. Comme s’il s’agissait de participer à l’élaboration des chroniques de la vie quotidienne de son époque.
À travers son exposition « Kwata Saloon », Ajarb Bernard Ategwa invite chaque visiteur à considérer avec d’autant plus d’attention une réalité quotidienne vaporeuse, scrutant ainsi le lien entre l’individu, le politique et le social.