Kudzanai-Violet Hwami réunit des sections visuelles de ses œuvres jusqu’au 12 juin 2022 au Kunsthaus Pasquart à Bienne, en Suisse, dévoilant une perspective individuelle et complexe sur la vie en Afrique australe.
Elle explore différentes voies concernant les photos et les montages d’images numériques, qu’elle utilise pour faire des éclats de grande envergure sur du papier ou parfois des toiles avec de la peinture à l’huile fortement pigmentée, utilisant fréquemment différents médias et stratégies comme la sérigraphie, le pastel ou le charbon de bois.
Kudzanai-Violet Hwami puise son inspiration dans un ensemble de sources, notamment des images archivées, sur le web ou le nue, ainsi que des photos privées, par exemple des autoportraits et des photographies de famille. À partir de ses souvenirs, Kudzanai-Violet Hwami visite les lieux qu’elle a connus enfant dans le Zimbabwe crée un univers égalitaire autour d’un récit avancé du pays.
Kudzanai-Violet Hwami joue avec le concept d’un monde parfait africain où il n’y a pas d’espace, pas de place et pas de limites, tout en se référant à des sociétés et à des coutumes bien établies. Un grand nombre des images de son œuvre sont affectées par l’omniprésence croissante des sous-cultures, par exemple, la culture afro-punk et grunge au Kenya et en Afrique du Sud.
Différents impacts de la musique, comme le ZimHeavy et Afrobeats, l’écriture et sa propre excursion d’auto-divulgation sont également des points importants pour son travail. L’incorporation d’images arbitraires trouvées par le biais de divertissements sur Internet comme étape initiale supplémentaire est un accueil pour le libre jeu de l’esprit créatif, tandis que le matériel d’autoportrait reste une source de référence.
Les thèmes établis lors de ses rencontres de la séparation géographique ou de l’examen de sa propre personnalité dans les photos, la réflexion sur le corps et sa représentation, courent comme un fil conducteur dans son travail.
Ses peintures peuvent être considérées comme personnelles, car elles sont suscitées par ses séjours au Zimbabwe, en Afrique du Sud et en Angleterre, et sont fermement liées à son effort pour saisir son caractère au sein de la diaspora africaine.
Kudzanai-Violet Hwami utilise des photos de sa famille datant des années 1970, qu’elle traite comme des compositions informatisées avant de les peindre une toile.
Dans ses photos de famille, la figure défensive de la mère est centrale, comme on le voit dans « Family Portrait » créé en 2021 et « Lotus » en 2018. Son père apparaît dans « Father in Pin Light » en 2017, et ses frères et sœurs jumeaux, dans « Epilog – Returning to the Garden » créé en 2016. Les deux enfants sont couchés sur le côté et se regardent l’un l’autre dans une situation fœtale contre un fond lumineux. Une extraordinaire délicatesse se dégage de cette scène, où les corps semblent être suspendus et sauvegardés dans un espace intra-utérin, dans une correspondance haptique tranquille.
Leur peau est quelque peu recouverte de vernix caseosa, la couche cireuse défensive des bébés. Le titre, qui propose une re-visitation des temps de déculpabilisation tout en insinuant un sommet, communique la confiance pour la génération future incarnée par les jumeaux.
Nous faisons l’expérience de corps heureux, exposés ou habillés, où se rencontrent des personnages sombres et étranges, comme dans « You are killing my soul », « Atonement » ou « Innspirit-ed » créé en 2021. Celles-ci intègrent de nombreux nus d’hommes mutilés, comme dans « Jonga 1 et 2 », ou « Trauma Pond 2 » qio date de 2022, que l’artiste utilise comme une sorte de surface de projection pour sa tâche d’orientation corporelle passée, afin de présenter la limite révolutionnaire des corps dans leur ensemble.
L’avantage de Kudzanai-Violet Hwami dans le corps et les nus est apparu pendant sa formation à Wimbledon, où elle a enquêté sur la peinture de champ de variété et a présenté des dessins illustratifs de nus et des représentations de porno dans sa composition. Peintes dans des jaunes, des bleus et des verts éblouissants, les bases matérielles évoquent les photos d’articles qui ont circulé sur Tumblr dans les années 2010, mettant en avant des modèles à l’allure plus sombre sur des bases aux teintes splendides.
L’attrait visuel des représentations, mais aussi la constatation du peu de place qu’occupent les corps noirs dans l’art occidental et la façon dont ils sont traités, l’ont poussée à se retrouver dans sa situation de peintre. À cette époque, l’assurance de soi est également devenue un sujet en développement par le biais du divertissement en ligne, avec #blackout qui est devenu un hashtag célèbre sous lequel de nombreuses personnes ont transmis des photos et ont débordé le web pour faire des représentations de soi.
Souvent, ses compositions libèrent la figure des implications endossées de son cadre unique pour créer de nouvelles histoires. Kudzanai-Violet Hwami s’attache à planifier et à réaliser un point de vue électif du corps.
Le corps noir occupe la place principale dans l’ensemble de ses œuvres et sert de véhicule pour communiquer des sujets tels que la sexualité, l’orientation, l’altérité, la mémoire et l’adolescence.