Ouverte au public depuis le 19 septembre dernier, l’exposition Invisible Memories de Bruce Clarke accueille amateurs d’art contemporain africain et curieux jusqu’au 7 novembre 2020, au Centre d’Art Jean-Pierre Jouffroy de Bonneuil-sur-Marne. Consacrée aux œuvres de cet artiste sud-africain engagé, elle propose une restitution imagée de tragédies humaines occultées par l’histoire contemporaine.
L’art et la mémoire
Sélectionnées au sein de plusieurs séries de tableaux de l’artiste, les œuvres exposées dans le cadre de l’exposition Invisible Memories représentent la quintessence des thématiques abordées par Bruce Clarke. Du génocide rwandais aux migrations clandestines vers l’Europe, elles se penchent chacune sur un pan douloureux, mais souvent caché ou minimisé, de l’histoire contemporaine.
A travers sa série Survivors in Suspension, le peintre sud-africain suscite ainsi le questionnement sur les rescapés d’expériences traumatisantes. Anonymes, les personnages qui lévitent sur ses toiles portent avec eux, le fardeau qu’est celui de ceux qui survivent. Un poids lourd à porter, mais que les victimes et témoins de certains événements tragiques supportent souvent seules, par trop plein de souffrances ou simplement par pudeur.
La série Fantômes de la mer jette, pour sa part, un regard particulier sur la tragédie des milliers d’anonymes qui disparaissent dans la Méditerranée en voulant rejoindre clandestinement l’Europe. Représentant des hommes derrière un rideau d’eau, ces tableaux laissent entrevoir l’image de nombreuses victimes perdues en mer qui n’auront que l’eau pour dernière sépulture.
Quant aux toiles de la série la Prédation, elles font référence à la nature de prédateur propre à l’espèce humaine, qui se révèle sans limite et autodestructrice.
Au-delà d’une exposition, Invisible Memories se veut donc aussi un hommage rendu à la mémoire de millions de personnes victimes du silence de l’humanité.
Bruce Clarke : artiste-citoyen engagé
Né à Londres en 1959, Bruce Clarke est un artiste plasticien et photographe sud-africain. Connu pour ses œuvres de figuration critique et anonyme, il intègre facilement les codes actuels à son art afin de peindre l’histoire contemporaine et l’injustice des pouvoirs. Eclectique, sa démarche artistique l’amène à s’intéresser aussi bien aux faits sociétaux, qu’aux individus eux-mêmes ou encore aux idées et forces d’un marché.
Résolument engagé dans une démarche en faveur de la dignité humaine, chacune de ses créations est l’occasion pour lui de porter à la mémoire collective, des faits et événements aux conséquences dramatiques, comme l’apartheid, le génocide au Rwanda ou encore la marginalisation des migrants. Les projets communs auxquels il participe s’inscrivent également dans la même démarche. C’est le cas par exemple de Les hommes debout et Rwanda : écrire, filmer, peindre par devoir de mémoire, deux projets qui lui tiennent particulièrement à cœur.
Rappelons que l’exposition Invisible Memories est gratuitement ouverte au public jusqu’au samedi 7 novembre 2020, au centre d’art Jean-Pierre Jouffroy, situé Place Aimé-Césaire, à Bonneuil-sur-Marne.