Le milieu de l’art contemporain africain vient de perdre l’un de ses plus fervents acteurs en la personne du belge Henri Vergon. Depuis 1995, ce passionné des arts visuels africains, œuvre à la promotion des artistes du continent et de leurs œuvres sur la scène internationale à travers sa galerie Afronova, qu’il dirigeait avec son épouse. Il s’est éteint le 15 mai 2020, à 51 ans.
Un amoureux de l’Afrique
Après des études supérieures réussies à l’EDHEC de Lille, Henri Vergon effectue un court séjour aux États-Unis. À son retour en France, il travaille pendant quelques années dans le milieu de la culture avant de s’envoler pour l’Afrique du Sud, quelques jours après la fin de l’apartheid. Établi dans la capitale économique Johannesburg, Vergon pendant quelques années en tant qu’agent culturel à l’Institut Français d’Afrique du Sud (IFAS). Mais alors que son contrat s’achève et qu’un retour en Europe se profile, il choisit de rester définitivement sur le continent, embrassant son amour pour l’art contemporain africain.
En 1995, il décide de s’installer définitivement en Afrique du Sud. À cette époque, le pays vient de connaître ses premières élections démocratiques et vit une réelle effervescence artistique et intellectuelle.
Afronova, l’art contemporain africain et moderne
Après 10 ans de créations de projets urbains, de festivals et d’expositions dans la ville de Johannesburg, Henri Vergon décide, en 2005, de lancer l’Afronova Gallery. Il s’établit dans le quartier de Newton, et plus précisément en face du légendaire Market Theatre. Un choix emprunt de symbolique, et une façon pour l’homme de rendre hommage aux moments majeurs de la lutte artistique s’y sont déroulés dans les années 70, 80 et 90.
La jeune galerie connaît un succès assez rapide en exposant de grands noms de l’art contemporain africain, comme Gera Mawi Mazgabu en 2005, Malick Sidibé en 2007, ou encore Ricardo Rangel et Gerard Sekoto en 2008. Afronova a également permis à de jeunes talents de se révéler au grand public. Au nombre de ces artistes qui font désormais partie des plus en vue sur le continent, on peut notamment citer le Malawite Billie Zanguewa, le Béninois Dominique Zinkpè ou encore le Mozambicain Mauro Pinto.
Henri sera rejoint en 2007 par Emilie Demon. Également passionnée d’art contemporain africain, celle qui deviendra sa compagne, jouera un rôle majeur dans son exploration de nouveaux territoires. En 2012, le couple décide de mettre en place un modèle commercial mettant en priorité, les intérêts des artistes. Ils font, pour cela, le choix de travailler avec un nombre limité d’artistes afin d’établir, avec chacun d’eux, une relation personnelle.
Hommages…
Afronova présente, depuis plusieurs années, les œuvres de l’art visuel africain sur des plateformes internationales comme Art Paris, The Armory Show, Contemporary African Art Fair, ainsi que la prestigieuse foire 1-54. Cette année, Henri Vergon et Emilie Demon avaient ainsi sélectionné des peintures, sculptures et photographies de six artistes africains pour la foire 1-54. A l’annonce de son décès subit, les organisateurs de la foire lui ont rendu un hommage à travers un tweet.
Les collectionneurs Gervanne et Matthias Leridon présentent Henri comme un conteur qui sait « embarquer ses interlocuteurs sur les traces des œuvres qu’il présentait ». C’est d’ailleurs grâce à lui qu’ils ont connu des artistes comme Mary Sibandé, Lawrence Lemaona, Billy Zamgewa et beaucoup d’autres. Comme plusieurs autres acteurs culturels, Jean-Michel Champault évoque le professionnalisme, l’engagement, la bienveillance, l’humour et le sérieux de l’homme. Art Times souligne particulièrement le côté visionnaire du passionné d’art et ses nombreux exploits. Le magazine sud-africain évoque notamment la capacité de la « galerie à représenter ses artistes dans des foires décalées et de placer leurs œuvres dans des collections de références, dont la Walther Collection, et dans la collection consacrée à l’art contemporain africain de Jean Pigozzi ».
La rédaction de On Art salue ici la mémoire d’Henri Vergon qui restera à jamais l’un des héros de la promotion des arts visuels africains. Salut l’artiste !