Aînée d’une famille de 8 filles, Helena Rubinstein est une femme d’affaires autrichienne qui a fait fortune dans les produits cosmétiques. Passionnée d’art, elle a dédié toute une partie de sa vie à la collection de pièces uniques de l’art africain. Acquises par elle-même au cours de ses voyages et en partie par l’artiste sculpteur et peintre Jacob Epstein, ces œuvres sont exposées au Quai Branly depuis quelques mois.
Une passion pour l’art africain
Helena Rubinstein est née en 1872 en Autriche. Elle a fait ses premiers pas dans le domaine de l’art par l’entremise de son amie Misia Sert. Très vite, elle a développé une véritable passion pour les œuvres des artistes de renom tels que Matisse, Braque, Chagall, Derain, Picasso, Dali, etc. Leurs tableaux ornaient ses appartements à Paris, Londres et New York. Mais en 1909, une discussion avec son voisin Jacob Epstein, résidant à Londres, va la pousser à s’intéresser tout particulièrement à l’art africain. Ce dernier lui propose d’acquérir quelques pièces issues de l’art primitif identifiées lors de diverses ventes organisées à Paris.
La femme d’affaires s’y lance et prend rapidement goût à la chose. Au fil des années, elle va ensuite se constituer une collection unique d’œuvres originaires du Nigéria, du Cameroun et des deux Congo. Elle comprend des masques, des statuettes, des instruments de musique, des étriers de poulie, ainsi que des figures en terre cuite, entre autres. Ces œuvres d’art ont trouvé une place dans ses salons auprès de celles des grands créateurs de l’époque.
Des goûts très singuliers
Helena Rubinstein a tours été attirée par les objets d’art atypiques. Dans ses recherches, elle a toujours privilégié les pièces expressives ; drôles, bizarres ou visuellement « laides ». Totalement anticonformiste et très dépensière, cette collectionneuse hors pair avait l’œil pour dénicher des pièces de qualité qui se démarquent au premier regard.
Après son décès en 1965 aux États-Unis, sa collection, répartie en 2000 lots, a été mise en vente par la maison Parke-Bernet Galleries pour un montant total de 5 millions de dollars. Au fil du temps, plusieurs pièces ont été mises aux enchères à travers le monde. On peut notamment citer « La reine Bangwa » vendue en 1966 à 29 000 $. En 1990, elle a été cédée à la fondation Dapper à 3,4 millions de dollars. Toujours en 1966, l’une des 22 figures de reliquaire Kota du Gabon a été vendue à 6 950 euros. En 2015, elle a été cédée à Paris par la maison Christie’s contre la bagatelle de 5,4 millions d’euros. C’est à ce jour l’œuvre la plus chère vendue dans la collection.
La collection de Madame : un focus sur 60 pièces à Paris
L’exposition organisée par le musée du Quai Branly comprend 60 statuettes et têtes sculptées. À travers cette sélection, on retrouve les goûts atypiques de la collectionneuse. Selon le programme initial, l’exposition devait s’achever le 28 juin. Mais, le musée du Quai Branly a choisi de la prolonger 3 mois. Vous pouvez donc encore découvrir cette collection d’art africain jusqu’au 27 septembre 2020, dans le célèbre musée parisien.