Le Brooklyn Museum accueille une nouvelle exposition percutante et riche d’œuvres africaines qui présente le continent comme la capitale de la mode, débordante de créativité, d’ingéniosité et doté d’un héritage esthétique unique. Intitulée « Africa fashion », l’exposition dévoilera jusqu’au 22 octobre 2023, une immensité d’œuvres chatoyantes du point de vue artistique comme vestimentaire afin de mettre en lumière les créateurs et les artistes talentueux de cette nouvelle ère de la mode africaine.
L’événement « Africa Fashion » offre une perspective contemporaine exclusive sur le monde artistique africain, couvrant une période allant des années 50 à nos jours. Plus de 300 œuvres seront exposées dans cet espace d’art, offrant ainsi un regard admiratif sur l’évolution de la pratique artistique depuis l’ère de l’indépendance jusqu’à aujourd’hui. À travers un panorama immersif de couleurs et de motifs inspirants, ces œuvres invitent les visiteurs à contempler la splendeur du talent africain. Au-delà des looks fantaisistes époustouflants présentés sur des mannequins, les pièces maîtresses des designers et créateurs exceptionnels mettent en lumière les diverses perceptions artistiques issues de l’Afrique et de sa diaspora. Cette démarche a permis de construire les bases historiques captivantes de la révolution stylistique actuelle.
Le Brooklyn Museum est la première institution artistique à exposer l’art africain à un public nord-américain, ce qui en fait l’endroit idéal pour accueillir une exposition d’une telle envergure. L’exposition a déjà été lancée au Victoria and Albert Museum de Londres en 2022, avant d’être transportée au Brooklyn Museum. Les créations d’auteurs américains tels qu’Aurora James et Christopher John Rogers, qui se sont inspirés de l’Afrique, ont ensuite été ajoutées à la présentation artistique. L’exposition a également été adaptée à son nouvel environnement afin d’offrir une expérience unique au public.
L’« Africa Fashion » présenter cette année à l’espace d’art contemporain américain n’a rien à envier à la précédente. Elle représente l’une des plus importantes collections d’art africain aux États-Unis et offre un aperçu visuel unique présentant un mélange spécial d’identité africaine et diasporique avec une touche américaine. Pour cette occasion exceptionnelle de dévoilement du prestige et de la créativité contemporaine africaine, les conservatrices Ernestine White-Mifetu et Annissa Malvoisin ont réunis une large collection d’objets englobant le domaine de la mode et des textiles, mais aussi des œuvres d’art, des bijoux, des photographies et des vidéos, ainsi que des couvertures de magazines, des affiches vintage, et d’autres documents éphémères.
L’éveil de la pratique artistique africaine a été amorcer suite à la succession des indépendances des pays africains. La déchéance du système colonialiste à marquer le début d’une nouvelle ère impliquant une réinvention radicale de soi. Ce réveil a sonné le glas d’une renaissance culturelle émouvante qui s’est répercutée sur tous les arts. Les artistes et créateurs sont parties de ce passé douloureux avec leurs traditions autrefois marginalisées pour concevoir une forme d’art nouvelle et innovante riche de couleur, de motifs et surtout d’histoire.
Une série de festival a été organisé depuis cette liberté continentale permettant au continent de maintenir une certaine dynamique inspirante par rapport au futur. On retrouve le festival FESTAC, réunissant presque toutes les nations africaines et de la diaspora. Cette rencontre à travers les arts a permis de construire et d’électriser l’unité panafricaine. La première section de l’exposition « Africa fashion » aborde ce pan de l’évolution artistique africaine où le textile était d’ailleurs perçu comme un langage expressif pour communiquer leur espoir en un avenir post-colonial radieux.
La seconde partie de l’exposition expose la richesse des traditions textiles dans les régions d’Afrique notamment le àdìrẹ teint à l’indigo, la kente en soie, le bògòlanfini peint à la boue, le kuba tissé en raphia et l’aṣọ-òkè tissé en bandes, entre autres et leurs utilités dans les arts visuels de l’Afrique moderne. Dans cette section de l’exposition, vous retrouverez le tableau Another Time (2011) d’Atta Kwami qui présente des blocs de couleurs inspirer de la tradition kente du Ghana ainsi que des motifs géométriques peints sur toile de l’artiste sud-africaine Esther Mahlangu qui s’est inspirer du lexique visuel de l’héritage Ndebele. Cette collection d’œuvre textile abordant l’influence des textiles et de l’histoire africaine serait bien sur incomplète sans une sculpture contemporaine de Yinka Shoniba.
De cette diversité de matières textiles a émergé un groupe de couturiers et de tailleurs qui se sont ensuite métamorphosés en créateurs de mode modernes du XXe siècle. Au cours de l’exposition « Africa fashion » cinq de ses artistes de talents seront mis à l’honneur. Il s’agit de Alphadi de la Mauritanie, Chris Seydou du Mali, Kofi Ansah du Ghana, Naïma Bennis du Maroc et Shade Thomas-Fahm du Nigéria. La plupart des tenues présenter sont un mélange esthétique et innovant des styles africains et occidentaux, offrant une nouvelle perspective de la mode contemporaine artistique. Le travail de Thomas-Fahm, première créatrice à ouvrir une boutique au Nigeria correspond à cette vision de la mode tourner vers l’avenir. Après un voyage en Grande-Bretagne, elle s’est inspiré des découvertes réalisées dans la maison de créateurs en transplantant quelques styles modernes à sa couture tels que les jupes portefeuilles, les fermetures intégrées et bien d’autres.
La section la plus importante de l’exposition « Africa Fashion » est celle exclusivement consacrée à la photographie. Depuis l’invention de l’appareil photo, ce medium occupe une place de choix dans la vie artistique africaine. La conservatrice White-Mifetu appuie ses propos en expliquant : « Nous voulions montrer l’importance de la caméra dans l’expression du style par des individus nouvellement libres d’imaginer, de s’habiller et d’interpréter leur identité« . Les photographies expressives et saisissantes de nombreux artistes de renoms y sont exposées notamment l’artiste sénégalais Omar Victor Diop, Kwame Braithwaite, Hassan Hajjaj, et bien d’autres encore.
L’exposition « Africa Fashion« , représente une vitrine finale des looks contemporains africains qui expose au-devant de la scène artistique mondiale la mode africaine actuelle comme une grande synthèse des influences et des communautés. Des sections ayant trait à la spiritualité africaine et les relations ancestrales sont également édifiée au sein du musée. On y retrouve la pièce maîtresse d’Artsi Ifrach pour la Maison ArtC, qui symbolise une représentation islamique de la croyance. Il s’agit d’une burqa unique qui a été réalisée en crinoline diaphane à la manière d’un trench-coat selon un concept européen. La collection Alchemy du célèbre créateur sud-africain Thebe Magugu fait également partie de cette section de l’exposition.
A travers cette présentation grandiose, l’innovation et la créativité des acteurs contemporains africains sont ici mis en évidence pour offrir une meilleure perception de la pratique artistique africaine. C’est dans cette même optique que White-Mifetu déclare : « J’espère que l’exposition remettra en question la perception qu’ont les spectateurs de la mode africaine. Que ce soit à travers les arts visuels, la musique ou la mode, la contribution de l’Afrique au débat mondial est riche et de longue date. »