Apparue en Afrique au XIXe siècle par le Liberia et la Sierra Leone, l’avènement de la photographie est le fait d’Afro-Brésiliens.
Les principaux photographes africains étaient des croisements avec environ un parent africain. Tout d’abord, ces anciens esclaves ou parents d’esclaves allaient d’une maison à l’autre pour offrir leurs services avant d’ouvrir leurs studios des années plus tard.
Augustus Washington, fils d’un ancien esclave, né aux Etats-Unis, fut l’un des principaux daguerréotypistes à s’installer confortablement au Liberia en 1853. Il est suivi par d’autres preneurs d’images des environs.
En fait, avant la fin des années 1860, des Africains voisins ont ouvert des studios de photographie à Freetown. Les frères Lisk-Carew et leurs confrères « les créoles », comme on les appelait, ont en outre marqué l’arrivée de la photographie en Afrique.
Cette ruée de pionniers et de débutants en photographie, composée de parents d’esclaves et de différents métis, a été suivie par celle d’étrangers européens, notamment des explorateurs, des administrateurs coloniaux, des soldats et des touristes européens. Ils ont introduit le daguerréotype en Sierra Leone, au Togo et au Sénégal.
D’un pays à un autre, le début de la photographie varie d’une année à une autre en Afrique. Au Togo, par exemple, c’est vers 1914 que la photographie se manifeste comme une vocation, avec l’installation de l’artiste photographe Alex Acolatse. Il étend son travail aux régions limitrophes comme la Gold Coast et le Nigeria. Sous l’influence du modèle européen, de Freetown à Luanda en passant par Accra, l’acte de représentation photographique est adopté essentiellement dans les énormes communautés urbaines africaines et ou côtière qui ont longtemps entretenu des relations étroites avec l’extérieur.
Des premiers pas à l’essor : l’histoire fascinante de la photographie africaine
La Gold Coast est le premier endroit d’Afrique de l’Ouest où la photographie est présentée vers 1880, avec l’arrivée de Gerhardt Ludwig Lutterodt. Malgré lui, Walwin Holm commence ses activités photographiques à Accra vers 1883, avant de partir pour Lagos en 1896.
Au Sénégal, le début de la photographie n’est pas le fait d’un acteur principal, mais plutôt de quelques acteurs simultanément. Ainsi, après Washington de Monrovée qui ouvre son atelier de daguerréotypie en 1860, Decampe, Meïssa Gaye, Mix Gueye et par la suite les photographes Bonnevide, Hautefeuille et Hostalier, qui formeront divers photographes africains, dont Doudou Diop et Adama Sylla, pour ne citer que quelques exemples.
C’est vers le début du vingtième siècle que les principaux preneurs d’images africains vont s’affirmer avec une pratique privée et la création de studios photo. Initiés à l’acte photographique par les Européens pour avoir servi dans leurs studios ou lors de leur service militaire, les photographes inondent les capitales et les grandes villes des nations africaines avec des installations de studios privés.
Avec eux, la photographie africaine sera réfléchie et fera progresser les Africains et leur vie quotidienne. Cette appropriation du dispositif photographique par les Africains serait due au mode de gestion spécifique effectué dans les États britanniques, où, contrairement à ce qui se passait du côté francophone, les Anglais ont porté les locaux à s’approprier la technique photographique.
Contrairement aux états britanniques où l’acte photographique s’est déroulé en avance sous le contrôle des Africains, les provinces occidentales francophone ont connu des problèmes dans l’amélioration de cette vocation.
Capturer les réalités africaines : comment la photo dévoile une palette de vies et de cultures
Cette photographie reflétant la personnalité africaine a pris son essor grâce aux efforts de quelques animateurs dont le Togolais Philippe David, la Sud-Africaine Frédérique Chappuis Santu Mofokeng, le Sénégalais Mama Casset, l’Ivoirien Cornelius Yao Augustt Azaglo, le Ghanéen Philip Kwame Apagya, le Malien Seydou Keïta, les agences officielles au Mali (AMAP, ANIM), en Guinée (Sily Photo), en République Démocratique du Congo (Congo Press), en Angola (A Foto) et à Madagascar (ANTA, FTM) , ou l’enfer nigérian de Akinbode Akinbiyi.
Les images réalisées par ces premiers artistes photographes africains étaient proposées pour répondre aux besoins des vacanciers. À partir de ce moment, le style européen n’a cessé de céder la place à un autre type d’articulation photographique, davantage axé sur la mise au jour des facteurs réels quotidiens. La photo était également utilisée pour affirmer l’appartenance du sujet à une collectivité socio-sociale et renseigner simultanément sur son bien-être économique.
C’est à cet égard que l’étude de Santu Mofokeng, un scientifique sud-africain qui a coordonné à long terme la collecte d’une énorme quantité de photos datant du début du XIXe siècle. Il s’agit de photos de personnes de couleur et de femmes de conditions et de statut social différents. Ces photos nous permettent de faire le lien entre ces photos et les théories racistes qui commençaient à surgir dans la culture sud-africaine.
La photographie est ainsi devenue une méthode d’expression de pointe, une méthode de correspondance, que les photographes africains ont utilisée pour jeter un regard fondamental sur l’évolution de la culture africaine. Ainsi, les portraits de personnalités politiques, la critique de fléaux comme la corruption, la tyrannie, se retrouvent dans la récente mode de la photographie africaine. Cette pratique de la photographie engagée est initiée par des acteurs comme F. W. H. Arkhurst (vers 1880-1969) né en Gold Coast installé en Côte d’Ivoire, Alex Agbaglo Acolatses né au Togo (1880-1975), Dorris Haron Kasco, Houssein Assamo et Abdourahman Issa, de Djibouti) Santu Mofokeng et Guy Tillim (Afrique du Sud).
De nos jours, la photographie se dirige vers un autre regard sur l’Afrique. C’est de ce point de vue qu’est née en 1994, les premières Rencontres de la Photographie Africaine à Bamako, sous l’impulsion de Françoise Huguier et Bernard Descamps. Aussi, la créativité dont regorge ce pays en terme de photographie fait que cet évènement en 2016 a offert une rétrospective sur le parcourt de l’artiste photographe Seydou Keita.
Dès lors, c’est l’Afrique dans la totalité de sa variété et de son histoire récente, de son héritage social et de ses pratiques cultuelles, qui est abordée de manière exhaustive. Indépendamment, du fait que l’on puisse en tout état de cause reconnaître trois sortes primaires d’experts photographes qui existent réellement ensemble : les photographes de studio, les photographes ambulants et les photographes de rue.
Les pionniers de la photographie africaine
Sanlé Sory
Sanlé Sory était un artiste photographe très apprécié de son temps, perçu comme l’un des plus grands de la photographie africaine des années 1960. Sa renommée mondiale lui a valu des expositions dans des musées et des galeries à Paris, Londres et New York. Né en 1943 dans la République de Haute-Volta, cet observateur des événements qui ont marqué l’accession à l’autonomie des nations africaines les a déifiés à travers ses clichées. Il photographie des scènes montrant la joie des populations désormais autonomes, des cérémonies de baptême, des mariages, des soirées de fête et toutes les autres occasions heureuses. C’est ainsi qu’il exposa l’âge d’or du vieux continent à la Galerie de Paris.
Pendant un certain temps, Sanlé Sory est resté dans l’ombre des noms de la photographie africaine, par exemple les Maliens Seydou Keïta et Malick Sidibé. Il était chroniqueur, dessinateur de pochettes de disques et preneur d’images. En effet, en 1965, il crée son propre studio au Burkina Faso, où il réalise des photographies d’identité avant de passer à la représentation de l’allégresse de la population.
Pour répondre aux aspirations de sa clientèle africaine en quête de modernité, le jeune photographe de l’époque va valoriser en portant une distinction à la base de ses photographies, agrémentées d’ornements comme des semi-conducteurs, des vélos, des jouets, des vases, des disques, des instruments…. De même, l’agencement très contrasté et de taille moyenne (6×6) de l’époque, sera quelque peu redessiné par Sanlé Sory à travers de gros plan et le plain-pied. Présenté comme « l’œil de l’Afrique des années 1960 », son travail est aujourd’hui une référence dans la photographie africaine.
Antoine Freitas
Initié à la photographie par un missionnaire en Angola, Antoine Freitas est l’un des pionniers de la photographie en Afrique. Ce preneur d’images congolais est né en 1919 en Angola et a rendu l’âme en 1990 à Kinshasa.
Installé à Léopoldville depuis 1932, Antoine Freitas a photographié les événements marquants de son époque, notamment la révolution zairoise de Mbutu et le combat de boxe de Mohamed Ali à Kinshasa. Parcourant la nation en tant que photographe nomade à partir de 1935, il a capturé des portraits privés et des scènes de vie qui constituent aujourd’hui des images témoins de son époque.
Philippe Koudjina
Dans les années 1960, au moment où l’image photographique se poursuit et s’impose, Philippe Koudjina fréquente régulièrement les bars, clubs et dancings de la capitale nigérienne avec son appareil photo. Ces récoltes de l’heure d’opportunité et de satisfaction qu’apporte la liberté racontent de manière exhaustive, à l’aide d’images très contrastées, la toile de fond historique du Niger au temps des indépendances.
Les œuvres de Philippe Koudjina montrent une jeunesse de Niamey débordante de vie, tout comme Malick Sidibé à Bamako et Jean Depara à Kinshasa. En 1963, ce photographe autodidacte a acheté un Rolleiflex d’occasion pour assouvir sa passion pour la photographie.
Né en 1939 à Cotonou, Philippe Ayi Koudjina est issu d’une noble famille Mina de l’ancien Dahomey. Originaire d’Aného au sud du Togo, Philippe communique en français et en allemand. Ce géomètre de formation s’est installé au Niger où il a ouvert son atelier « Photographie Souvenir » en 1963 puis en 1969 un second atelier au Grand-Hôtel de Niamey. Quoi qu’il en soit, la chute du coût de l’uranium, l’effet des saisons sèches successives et l’apparition d’artistes photographes novices, sonnent la fin de la merveilleuse époque de la photographie 6×6 noir et blanc.
En 1998, il est présenté pour une première exposition « L’Afrique par elle-même » réalisée par Revue Noire, présentée à la Maison Européenne de la Photographie à Paris. Cette exposition fera le tour de la planète, passant par Sao Paolo, Cape Town, Bamako, Berlin, Londres, Washington, New York, Bologne, Tervuren, Porto, ce qui le propulsera sur la scène mondiale. Son travail ayant acquis une estime patrimoniale et mémorielle, participe à la reconstruction de l’histoire du Niger à l’ère des indépendances.
Rotimi Fani Kayode
Ancien élève de l’université de Georgetown et du Pratt Institute de New York, Rotimi Fani Kayode est un expert en arts visuels. Issu d’une famille nigériane aisée, il a quitté son pays pour l’Angleterre après le bouleversement de 1966. Membre fondateur de l’Association des photographes noirs d’Angleterre, Rotimi se distingue par son appartenance au peuple afro-américain. Il collabore avec le Black Audio Film Collective et milite pour la lutte contre le sida.
Dynamique et concentré sur la raison africaine, il a contribué à l’avancement de la photographie africaine de son temps. Ses prises de position se manifestent dans ses œuvres photographiques comme dans sa vie quotidienne. De retour en Angleterre en 1982, il s’unit et travaille en équipe avec le photographe Alex Hirst. Mettant en avant la présence africaine et nigériane à travers ses manifestations, notamment le cas de « Extase et Spiritualité », Rotimi fait des photos pour mélanger la représentation authentique du monde.
Ce sont les analogies entre les cultures et les peuples qu’il expose. Après seulement 7 ans de mouvement novateur, il est fauché par la mort en 1989 à Londres.
Daniel Attoumou Amicchia
Initié à la photographie par son frère plus aguerri dans les années 1920, Daniel Attoumou Amicchia s’installe à Grand-Bassam en 1948.
Né en 1908 au Ghana, il entretient une relation intime avec la communauté anglophone qu’il photographie. Cet artiste photographe nomade utilisait la lumière naturelle pour prendre des photos de familles et de différentes collectivités.
Après son décès en 1994 à 86 ans des suites d’une tumeur maligne, qui l’a contraint à renoncer à la photographie, ses œuvres et son matériel ont été jetés par sa famille.
C’est grâce à son ancien collaborateur, Joseph Ernest Kouao, collectionneur, que quelques tirages peu communs ont pu être sauvés. Quelques collections privées des familles ont permis de découvrir ses photographies.
Joseph Moïse Agbodjelou
Originaire de Porto-Novo et représentant de Kodak au Dahomey dans les années 1950, Joseph Moïse Agbodjelou a été le président de l’Association des photographes professionnels du Dahomey. A cette époque, il y avait une dizaine d’artistes photographes. Mariages, cérémonies commémoratives, veillées, cérémonies politiques, culturelles, strictes et autres occasions. Il ne manquait jamais l’occasion de déifier les occasions à travers les portraits et les scènes d’environnement qu’il capturait. Il est passé du statut de photographe ambulant en 1960 à celui d’artiste photographe de studio en 1965 avec le lancement de son studio « France Photo ».
C’est dans l’armée française que Joseph Moïse Agbodjelou s’initie aux procédés de la photographie en 1935. Voyant l’apparition de la photographie en Afrique, c’est en 1994 que Joseph embrasse la photographie et le restera jusqu’à son décès en 1999 à Porto Novo. Ces œuvres quasiment non sauvegardées justifient les informations sur le contexte historique du Bénin ex-Dahomey.
Cornélius Yao Augustt Azaglo
Connu comme un bon technicien, très qualifié pour la prise de vue et la mise en scène puis le classement de ses quelques 100.000 négatifs, principalement des portraits, Cornelius Yao Augustt Azaglo s’est installé à Korhogo, dans le nord de la Côte d’Ivoire vers 1955. A l’aide de sa « CAMERA BOX » artisanale, il prend des photos d’identité. Au début, le photographe ambulant parcourt les villes avec sa mobylette et son matériel pour photographier les habitants.
Mais en 1958, il ouvre son studio avec son appareil Rolleiflex 6×6. Mais l’apparition en Afrique, vers 1980, des « MINILABS » à tonalité principale, provoque un remue-ménage dans son travail au motif que les studios noir et blanc doivent fermer et leurs archives détruites. Malheureusement, il n’a pas échappé aux impacts de l’engouement récent. Ainsi, son Studio du Nord est fermé dans les années 1990.
Tenant à son travail, il a aménagé une pièce de sa chambre où il a réinstallé son studio, où il est resté jusqu’à sa mort en 2000. Mais avant cela, il avait participé aux premières Rencontres de la Photographie de Bamako en 1994.
Michel Kameni
Photographe autodidacte d’origine camerounaise, Michel Kameni a servi dans l’administration coloniale française en qualité de photographe. Cet éleveur d’animaux a été initié à la photographie par son oncle.
A l’ère des indépendances, Michel Kameni se lance dans une carrière de photographe ambulant, avant d’installer son studio à Yaoundé en septembre 1963. C’est là que paysans, voyageurs, familles, amoureux et différents citoyens, le découvrent pour leur photo d’identité, de portraits ou de souvenir avec un côté imaginatif et novateur sur la mise en scène de ses sujets.
Décédé en mai 2020 à Yaoundé, des suites d’une contamination pulmonaire, ces photographies documentées sont d’environ 130 000 clichés et ont contribué à refaire l’avancement et la variété des modes vestimentaires contemporains de Yaoundé.
Le travail de Michel Kameni a fait l’objet d’expositions à Tel Aviv, Yaoundé et Londres en 2019 et 2020. Cette collection comprend des photographies prises entre 1960 et 1980, notamment des photos de rassemblements de crapules, des photos pour la police, des photographies de deuil avec disposition des membres de la famille autour du disparu, des photographies d’engagement, d’albinos, des photographies d’imitations vestimentaires à la John Wayne et Zorro vus au cinéma.
Malick Sidibé
Devenu une figure fondamentale dans le domaine de la photographie et très apprécié des jeunes, l’artiste photographe Malick Sidibé a fait ses premiers pas dans la photographie avec « Gégé la Pellicule ». Cet ancien élève de l’Ecole des artisans soudanais de Bamako, devient en 1957, le seul journaliste de Bamako à couvrir les événements officielles, les fêtes et les manifestations locales. Révélant la promiscuité dans la capitale malienne au milieu de l’effervescence qui a accompagné la déclaration d’indépendance, Sidibé a pris un ensemble d’images qui témoignent de l’existence socio-sociale des habitants. En 1962, il crée le « Studio Malick » dans le quartier Bagadadji de Bamako.
Né en 1935 à Soloba, Malick Sidibé a saisi l’impérieuse nécessité de l’enfance de son pays au milieu des années 1960 et a imposé son style à la photographie noir et blanc de l’époque.
Reconnu pour ses capacités, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présentera en 1995, une exposition monographique de l’artiste malien à l’échelle mondiale et une autre exposition rétrospective « Mali Twist », pour lui rendre hommage après sa disparition le 14 avril 2016. Cette exposition donnera une perspective globale sur les photographies prises par Malick Sidibé depuis toujours et montrera l’étourdissement sans âge que ces chroniques sauvegardent.
Seydou Keïta
Débutant la photographie à Bamako dans les années 1935 avec un appareil Kodak Brownie Flash, Seydou Keïta ouvre son studio en 1948.
Les habitants de Bamako s’y rendent seuls ou en couple, en famille, en bande ou entre compagnons pour prendre des photos. Le côté positif des clichés se font d’un client à l’autre, l’artiste prend soin de situer lui-même ses clients pour obtenir la plus belle image. Soucieux de la nature de ses photos, Seydou Keïta donne à ses clients des vêtements supplémentaires conditionnels pour les faire capturer, des casquettes et différents embellissements, par exemple, la radio, le vélo, la bicyclette et étonnamment le véhicule. Restant dans une dynamique similaire, il rétablit les bases de l’embellissement de son atelier toutes les trois années. Acquérant une expérience pratique dans le métier de portraitiste, Keïta prend des photos avec la lumière naturelle.
Après l’indépendance, ce Malien, né à Bamako en 1921, est recruté comme artiste photographe attitré du gouvernement malien, et démissionne en 1977.
Redécouvert dans les années 1990, son œuvre a été largement diffusée avant sa disparition en 2001. Les collections photographiques de Seydou Keïta restent une déclaration à la culture malienne des années 1940 à 1963.
Mama Casset
Né à Saint-Louis en 1908, Mama Casset est initié à la photographie à l’âge de 12 ans par Français Oscar Lataque. Il est engagé par le Comptoir Photographique de l’A.O.F., vers la fin de ses études primaires.
Après s’être engagé dans l’armée de l’air française, Mama Casset réalise plusieurs photos d’altitude avant d’ouvrir son studio privé « African Photo » dans la Médina à Dakar, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Frappé par une déficience visuelle dans les années 1980, il est contraint d’arrêter toute activité. Quelques années plus tard, un incendie ravage son studio et il finit par tirer sa révérence en 1992. Malgré tout, son œuvre est aujourd’hui hors de l’insensibilité.
Des femmes inspirantes : portraits de pionnières de la photographie africaine
Longtemps passé sous silence, le soutien des femmes africaines au développement de la photographie s’est enfin affirmé. Parler de l’apparition de la photographie en Afrique sans faire référence à l’importance du rôle joué par les femmes est une vue de l’esprit.
Nonobstant l’impact de l’interprétation qui domine l’effort et la valeur des femmes, il y a des preuves historiques de la création de studios par des femmes au début de la photographie en Afrique. C’est le cas de Carrie Lumpkin au Nigeria.
Même si certaines d’entre elles, auxquelles nous pouvons nous référer, n’ont pas utilisé l’appareil photo, elles ont travaillé de manière alternative à l’activité et à l’éclosion. Il suffit d’enquêter sur les créations de femmes photographes contemporaines pour comprendre le rôle de premier plan qu’elles ont joué dans l’apparition de la photographie africaine.
Des noms comme Patricia Coffie, Zina Saro-Wiwa, Zanele Muholi, Fatima Tuggar, Fatoumata Diabaté et Ruth Ossai résonnent actuellement dans le domaine de la photographie africaine.
Bien qu’amusants, leurs travaux sont empreints d’ingéniosité et montrent une variété de structures, de contenus et de points de vue pour ce qui est à venir. Gardiennes de cartes postales, expertes en décors excentriques et érotisés, les femmes africaines ont d’abord été utilisées comme dispositifs photographiques avant d’accéder à l’appareil.
En charge de la photographie, les dames ont livré des images qui soulignaient la tenue, la coiffure et la communication non-verbale. Ces pionnières ont su s’adapter à la situation au-delà de toutes les hypothèses, même si ce n’est que dans les années 2000 que leurs efforts ont été perçus dans le monde de la photographie et du cinéma.
Manipulant diverses disciplines, les femmes africaines n’ont pas seulement marqué le début de la photographie en tant que photojournalistes, productrices de films narratifs et artistes photographes commerciaux. Bien qu’il semble difficile de déterminer l’année où les femmes sont entrées dans le monde de la photographie, il existe des informations documentées sur la personnalité des femmes qui ont utilisé l’appareil photo dès les années 1990.
Felicia Ewurasi
Née en 1935, Felicia Ewurasi Abban est devenue à quatorze ans la première femme photographe experte du Ghana. Elle a été initiée à la photographie par son père JE Ansah, avant de créer son studio « Mrs. Felicia Abban’s Day and Night Quality Art Studio » à Jamestown à Accra, en 1953.
Elle a été la photographe du premier président du Ghana, Kwame Nkrumah, dans les années 1960 et a également travaillé pour le « Ghana Times », l’ancien organe de distribution du People’s Convention Party de Nkrumah.
Au cours de ses soixante années de vocation photographique, elle est connue pour la nature de ses représentations en studio, ses négatifs d’articles et son style branché. Atteinte de raideur, Abban a dû cesser de travailler en 2013. Pourtant, avant cela, elle a acquis un statut d’artiste incontournable pour les services de post-production rendus.
Celle dont le travail a été présenté sur la scène mondiale au pavillon du Ghana à l’occasion de la Biennale de Venise 2019, n’a pas une documentation très fournie de son travail.
Thérèse Bella Mbidan
Auteur, guitariste, mannequin et première femme pilote du Cameroun, Thérèse Bella Mbidan, dite Sita-Bella, est l’une des premières femmes réalisatrices que l’Afrique ait connues.
Elle acquiert d’emblée une popularité mondiale avec son court-métrage narratif de 30 minutes qui est diffusé à Paris en 1963 sous le titre « Tam-tam ». Ce film a été réalisé sur la Compagnie nationale de danse du Cameroun lors d’une visite à Paris. En 1969, son film est l’un de ceux présentés au FESPACO primaire du Burkina-Faso, aux côtés des créations de figures comme Sembene Ousmane.
Cette chroniqueuse de l’époque des indépendances est l’une des initiatrices du journal français « La Vie Africaine ». Elle a également contribué à l’approche de la radio BBC Africa, avant de devenir journaliste pour Voice of America et de servir l’UNESCO.
Ce n’est qu’en 1967 que Sita-Bella rentre au Cameroun et rejoint le ministère de l’information en tant que chef adjoint de l’information. Cette pionnière dans un secteur dominé par les hommes est décédée à l’âge de 73 ans en 2006. Bien que Sita-Bella ait estimé que le cinéma n’était pas une affaire de femmes, elle a réalisé que d’autres femmes comme elles ont rivalisé avec les hommes dans le domaine pendant les années 1970. Ces dernières comprennent des Antillaises et une Sénégalaise nommée Safi Faye.
Carrie Lumpkin
Ayant installé son studio photographique sur Broad Street à Lagos en 1908, Carrie Lumpkin, est la petite fille du riche médecin Charles J. Lumpkin, originaire de Saros.
Il est difficile de dire si cette amoureuse de la photo s’est occupée elle-même de l’appareil photo ou si elle a mis le studio à la disposition des photographes.
Dans une profession profondément marquée par la prédominance des hommes, ses activités restent sommaires. En tout cas, son engagement pour l’essor de la photographie africaine est établi. Pour ne pas avoir été militante au sein de la Royal Photographic Society, ses compatriotes imaginent qu’elle a été inondée par d’autres affiliations photographiques transocéaniques. Sapara-Johnson, une femme africaine de l’époque de Carrie Lumpkin, a rejoint sa société en 1899, mais rien ne prouve qu’elle était une photographe professionnelle ou amateur.
Safi Faye
Première femme d’Afrique subsaharienne à coordonner un long-métrage, Safi Faye a acquis une reconnaissance mondiale avec son film « Kaddu Beykat », qui lui a valu quelques distinctions.
Livré en 1975, le film a d’abord rencontré une forte résistance de la part des experts sénégalais pour son interprétation humoristique de l’agriculture provinciale du pays.
C’est la rencontre avec le producteur de cinéma français Jean Rouch, lors d’une visite au Festival des Arts Nègres de Dakar en 1966, qui a déclenché l’enthousiasme de Safi Faye pour le cinéma.
Il l’a incitée à utiliser le film comme un « outil ethnographique ». Safi Faye fait ses premiers pas dans le cinéma en jouant dans un des films de Rouch, ce qui lui permet de se familiariser avec la réalisation, notamment les films narratifs. Par la suite, la lauréate du prix FIPRESCI et du prix OCIC, a réalisé quelques films narratifs sur les réalités socioculturelles du Sénégal.
Ruth Motau
Née à Soweto en 1968, Ruth Motau a été la première femme photographe de couleur à être recrutée par un journal vers 1994 dans le cadre des retombées de la ségrégation raciale sanctionnée par la politique en Afrique du Sud. Son travail photographique s’articule autour de récits amicaux qui révèlent la minimisation des populations noires. Ses papiers photographiques impliquent également « Shebeens » et « L’histoire de Sonnyboy ».
L’ancienne stagiaire du journal Mail and Guardian, où elle a travaillé en tant que photographe et éditeur de photos, a appris au Market Photo Workshop de Johannesburg. Motau a ensuite exercé les fonctions de responsable de la rédaction photographique pour d’autres médias voisins. Parmi ceux-ci figurent : The Sowetan et City Press. La qualité et l’impact de son travail sur la photographie narrative sud-africaine sont perçus largement et mondialement.
Mme Agbokou, Jacqueline Mathey, Mlle N’Kegbe, Chantal Lawson, Awa Tounkara, Fanta Régina Nacro…
Au Togo, de nombreuses dames se sont illustrées dans l’acte photographique depuis les années 1970. C’est le cas de la chroniqueuse autonome Mme Agbokou, mais aussi de Jacqueline Mathey et de Chantal Lawson qui figure parmi les principales femmes togolaises photographes de studio. Mme Agbokou et Mme N’kegbe ont dévoilé leur travail dans le numéro 1974 du magazine Amina.
En dehors d’elles, nous avons : la photojournaliste sénégalaise Awa Tounkara, née en 1949, qui a travaillé pour « Le Soleil » en 1972 et a remporté le prix de la meilleure photographe féminine à l’occasion de la Journée mondiale de la presse.
Fanta Régina Nacro, reconnue de la Guilde africaine des réalisateurs et producteurs et première femme du Burkina Faso à avoir coordonné un long-métrage ; et de nombreuses autres femmes qui ont joué un rôle important, comme Constance Stuart Larrabee et Hélène d’Orléans.