Artiste ivoirien de renommé, Abdoulaye Diarrassouba, plus connu sous l’appellation « Aboudia » évoque dans ses œuvres ses liens avec les enfants de la rue africains. Le père du « Noutchy », style distinctif influencé par les graffitis d’Abidjan et les sculptures traditionnelles d’Afrique de l’Ouest est de plus en plus prisé par les gros collectionneurs.
Né à plus de 200 km d’Abidjan en 1983, Aboudia a découvert l’art à l’école. Il quitta la maison à 15 ans pour étudier au Centre technique des arts appliqués de Bingerville puis en 2005, devient Diplômé de l’École des Beaux-Arts d’Abidjan. Ses travaux ont été mis sous le feu des projecteurs à la suite du conflit post électoral de Décembre 2010 dans son pays. Les médias illustraient souvent la couverture du conflit à l’aide de ses œuvres qui présentent des enfants au milieu de crânes, d’armes, de lance-roquettes et chars. L’artiste a créé ces œuvres dans le but de décrire la situation et de pouvoir laisser un documentaire pour la postérité.
Artiste instinctif, il peint ce qu’il voit et ressent directement de la rue. Il recrée les graffitis de la ville sur ses toiles et peint des figures qui représentent ces jeunes défavorisés de la communauté qui vivent dans les rues les plus difficiles d’Abidjan et, par extension, partout ailleurs.
Pour lui, les enfants sont les piliers du monde. Dans le but de dessiner leurs rêves, il crée des toiles stratifiées mêlant collage, peinture acrylique et huile en bâton qui intègrent souvent des matériaux trouvés dans les rues (coupures de journaux, magazines etc…). Ces œuvres peuvent être parfois sombres et brutales, tout en conservant l’innocence de l’enfance heureuse qu’ils présentent avec la couleur.
Un Noutchy à New York
« Noutchy in New York City », la vente en ligne dédiée à Aboudia en ce début d’année, organisée du 25 février au 12 mars, suivie d’une exposition personnelle dans les galeries de Christie’s Rockefeller Center, du 4 au 8 mars 2021 présentait 22 œuvres créées au cours de la période de confinement. Ces œuvres ont toutes été vendues, avec deux œuvres à plus de 187 500 dollars chacune, soit plus de 10 fois leurs estimations de départ.
Il s’en est suivi quelques mois après une autre vente en ligne avec la maison de vente aux enchères Sotheby’s où les enchérisseurs du monde entier convoitaient une toile technicolor, « Sans titre » créée en 2015 et ayant fait atteindre les enchères à un prix final de 231 355 $.
Figure reconnue parmi les plus grands noms de l’art africain contemporain, Abdoulaye Diarrassouba a participé aux deux expositions Pangaea à la Saatchi Gallery en 2014 et 2015, et est représenté par de nombreuses galeries entre Londres, New York et Barcelone, ainsi qu’à Abidjan. Il a aussi exposé dans les principales foires d’art.
Il est reconnu très tôt par la galeriste Cécile Fakhoury qui a été l’une des premières à reconnaître son génie comme Jack Bell, qui a accueilli sa première exposition personnelle « La bataille d’Abidjan » dans sa galerie basée à Londres en 2011. Il s’en est suivi une vague d’expositions dans le monde entier et des ventes aux enchères comme la toute récentes avec « Artcurial » ou son œuvre « La vie en violet » à été vendue à 106 964 $ frais inclus.
Sa proximité perçue et sa comparaison fréquente avec Jean-Michel Basquiat font qu’au-delà d’être motivé socialement et politiquement dans sa pratique artistique, il dessine parfois délibérément une couronne dans ses tableaux.
Autrefois coqueluche des jeunes collectionneurs, aujourd’hui, il en redonne à sa communauté et aux enfants de la rue qui l’inspirent par le biais de son centre culturel et de sa fondation à Bingerville. Ces structures apportent une aide à la santé et à l’éducation, mais surtout encouragent à ne pas perdre espoir.
Actuellement en exposition à la Galerie Cécile Fakhoury jusqu’au 28 août, il présente de nouvelles œuvres sur toiles et sur papier en plus d’une fresque monumentale de treize mètres. Avec l’exposition « Tokyo », l’artiste Aboudia fait référence et rend hommage à Yopougon son quartier d’origine.