L’American Federation of Arts et les Fisk University Galleries organisent la première grande exposition itinérante intitulée « African Modernism in American ». Cette exposition analyse la complexité des relations entre les mécènes, les artistes africains, ainsi que les artistes et les organisations culturelles américaines. Elle présente des œuvres d’art qui témoignent de l’histoire des droits civils, de la décolonisation et de la guerre froide.

Ces dernières années, des institutions telles que le Museum of Modern Art de New York (MoMA), la Harmon Foundation et divers collèges et universités, dont les Historically Black Colleges and Universities (HBCU), ont participé à la collecte et à l’exposition d’œuvres d’art des artistes africains les plus en vogue du XXe siècle. Des artistes contemporains tels qu’Ibrahim El-Salahi, Ben Enwonwu, Skunder Boghossian et Gerard Sekoto font partie de ceux dont le travail a été présenté pour montrer au public américain le style unique et inventif de l’art contemporain africain, qui était autrefois perçu comme étant ancré dans un « passé primitif ».
La grandeur de l’exposition « African Modernism in American » est liée à la vaste collection de dons effectuée par la Fisk University et la Harmon Foundation. Cette organisation américaine soutient activement la promotion et la création de liens entre les artistes africains et afro-américains. L’exposition présente le travail de cinquante artistes à travers plus de soixante-dix œuvres d’art, mettant en évidence les liens entre l’art émergent en Afrique dans les années 1950 et 1960 et la politique artistique et culturelle des États-Unis.

En 1961, le Musée d’Art Contemporain a exposé sa première acquisition d’œuvre d’art contemporain africain, intitulée « Men Taking Banana Beer to Bride by Night » de Sam Ntiro. La même année, la Fondation Harmon a organisé l’exposition historique « Art from Africa of Our Time ». Les actions entreprises par ces deux institutions visent à attirer l’attention du public sur les changements observés dans le modernisme artistique africain. Cette période correspond à une mutation des relations entre les nations africaines et les États-Unis, en raison des bouleversements sociaux et politiques liés à la décolonisation et à l’indépendance en Afrique. Cette situation postcoloniale a incité les artistes africains à développer de nouveaux langages visuels, permettant ainsi au public américain de découvrir leurs préoccupations esthétiques et politiques.
L’exposition « African Modernism in American » sera divisée en quatre sous-expositions. La première section, « Art from Africa of Our Time », mettra en avant les lieux et les personnes qui ont contribué à l’épanouissement des artistes africains modernes aux États-Unis, ainsi qu’à la promotion de l’exposition de la Fondation Harmon. La deuxième section, intitulée « Modernism within Africa », mettra en lumière les discussions autour de l’art postcolonial et les réseaux d’artistes, de revues littéraires, de programmes d’éducation artistique et de galeries qui ont participé au développement de ces nouveaux lieux qui servent de vitrine à l’exposition « African Modernism in American ». La troisième section, « Modernism between Africa and America », soulignera les liens significatifs qui se sont établis entre les artistes africains et les artistes afro-américains aux États-Unis. Enfin, la quatrième section, « The Politics of Selection », représentera une nouvelle commande du sculpteur Ndidi Dike, basé à Lagos. Son objectif est de réaliser une installation audiovisuelle immersive qui étudie le pluralisme des points de vue, les préjugés, les allégeances et les omissions découvertes lors de ses recherches, en recueillant les histoires exposées lors de l’exposition ainsi que celles détenues par la Fondation Harmon et l’Université de Fisk.
La présentation de ces œuvres issues de différentes cultures africaines aux États-Unis permet de mettre à jour l’art contemporain africain dans le contexte du modernisme de l’art américain. L’exposition itinérante « African Modernism in American » permet également de renforcer les liens entre les artistes et le public transatlantique.