L’exposition « Mirage », ouverte jusqu’au 23 avril 2022 à la Galerie Kristin Hjellegjerde de Berlin en Allemagne est pour l’artiste Tewodros Hagos sa manière de mettre en avant ces personnages heureux et épuisés qui se tiennent debout, vêtus de textures dynamiques et dessinées, sur le champ immense d’un désert qui semble s’étendre interminablement dans le lointain.
Sa série la plus récente propose des œuvres impeccablement livrées pour poursuivre son enquête sur la manière dont l’urgence transitoire mondiale est dépeinte et saisie, en considérant explicitement l’idée trompeuse du reportage médiatique.
L’exposition « Mirage » ne se contente pas d’être un éloge puissant de l’espace local transitoire, mais s’interroge également sur la manière dont notre propension, à prendre de la distance par rapport au malaise peut nous empêcher de voir la réalité d’une circonstance.
Au cours des dernières années, l’artiste contemporain Tewodros Hagos a consacré sa pratique à l’enregistrement de la crise des migrants en mettant en place des images tourmentées qui substituent la résistance au symbolisme éditorial dramatique et au film. Si ses œuvres imaginent un récit plus vaste de la tourmente globale, chaque composition, en particulier les représentations proches, possède un caractère unique et un environnement enthousiaste. Il mène dans ses créations autant un appel à l’aide qu’un test pour ne pas détourner le regard, pour reconnaître en même temps son aggravation et notre culpabilité en tant que spectateurs détachés.
Tewodros Hagos nous questionne donc sur le nombre de temps qu’allons-nous assister à ce malheur humain et présente une partie peu connue de l’excursion des gens de passage, dans laquelle des personnes et des familles sont obligées de parcourir des kilomètres dans des conditions atmosphériques extrêmes, avec des moyens extrêmement limités. Ce sentiment stupéfiant de malheur est communiqué à la fois par la communication non-verbale des personnages et par l’immense vacuité de la scène désertique.
Quoi qu’il en soit, Tewodros Hagos ne manque pas de souligner qu’il ne s’agit pas d’œuvres de malheur, mais plutôt d’une fête de la force et de la constance humaines. Sans aucun doute, l’ensemble de ses personnages, en particulier les dames, ont un éclat et un rayonnement spécifiques. Elles portent des textures et des foulards splendidement ombragés et dessinés, tandis que la lumière du jour semble presque briller sur la couche extérieure du matériau, rehaussant à la fois la magnificence des figures et les tons brillants du désert.
Simultanément, la puissance des variétés, la tranquillité des représentations et le regard fixe des personnages créent un léger climat d’étrangeté qui perturbe notre sentiment de perspicacité. En même temps, la scène, bien que visible comme un désert, est vague, se rapportant moins à une zone géologique qu’à une sensation de confusion plus étendue, bien que la division de la terre et du ciel donne une certaine impression d’établissement.
Dans ce sens, l’idée d’un mirage réfléchit moins aux hypothèses frustrées des gens de passage qu’aux tromperies plus étendues que nous, en tant que personnes et communauté, avons créées et propagées depuis le début des temps. Que faudra-t-il, demande l’artiste, pour que le monde s’y concentre ?
L’exposition « Mirage » est ouverte jusqu’au 23 avril 2022 à la Galerie Kristin Hjellegjerde de Berlin en Allemagne.