« Rêveries éphémères » : plongée dans un imaginaire onirique à travers l’exposition « Dineo Seshee Raisibe Bopape: (ka) pheko ye – the dream to come »

Jusqu’au 08 septembre, Dineo Seshee Bopape plonge le public suisse dans un univers lyrique où les rêves deviennent maîtres. À travers une exploration des liens entre les fragments de la forme matérielle, de la vie et de soi-même, l’artiste présente sa nouvelle exposition personnelle intitulée « (ka) pheko ye – the dream to come », à la galerie Migros Museum für Gegenwartskunst en collaboration avec le Musée d’art contemporain Kiasma d’Helsinki.

Cette exposition, véritable chef-d’œuvre de l’artiste sud-africaine, ne se limite pas à présenter des œuvres, mais crée un écosystème onirique captivant. Dineo Seshee Bopape puise son inspiration dans divers éléments tels que l’eau, les forêts, les rêves, la terre et les contes des faiseurs de pluie africains. Dans de nombreuses cultures autochtones, le monde onirique est utilisé pour le soin et la guérison à travers les formes de vie végétale. Toutes ces réalités, observées dans les moindres détails, ont inspiré l’artiste contemporaine dans la création de son œuvre.

Le sol, thème omniprésent au sein de l’exposition, devient pour Dineo Seshee Bopape le réceptacle des mémoires et du potentiel de l’univers, tout en étant le témoin des émois sociaux, historiques et politiques. Il est interprété comme un symbole de notre lien collectif avec l’essence nourricière de la Terre rêveuse. Ainsi, « Dineo Seshee Raisibe Bopape: (ka) pheko ye – the dream to come » se présente comme une extension naturelle de cet élément, tant sa composition y est étroitement liée. À travers l’utilisation de matériaux naturels et de médias audiovisuels, l’artiste sud-africaine révèle des récits jusqu’alors inexplorés, marginalisés.

À travers chaque espace de l’exposition, Dineo Seshee Bopape guide le visiteur dans un voyage introspectif, invitant à retrouver ou restaurer ce qui a été perdu, déplacé ou oublié. Pour accentuer cette expérience immersive, une subtile fragrance d’ambiance activateur de rêves embaume l’espace d’exposition, tandis qu’une tisane est proposée pour éveiller les sens des visiteurs. Inspirée par le monde des rêves, l’artiste a collaborée avec l’herboristerie Frantsila pour créer un thé infusé de feuilles de cassis, de molène à petites fleurs, de bruyère, de romarin, de malt de seigle et de houblon, offert aux visiteurs de l’exposition.

Fascinée par le parfum caractéristique de la pluie en Afrique, Dineo Seshee Bopape a également développé un parfum d’ambiance pour l’exposition, conçu pour induire un état de rêve chez les visiteurs. Ce parfum mêle des notes sombres et boisées de goudron et de pin élevé avec du romarin clarifiant, de la lavande apaisante, du thym et de la rue favorisant les rêves, invitant ainsi à un sommeil réparateur et évoquant des souvenirs et des rêves. En transcendant le simple aspect visuel, tous les cinq sens humains sont sollicités pour immerger pleinement le visiteur dans ce voyage au cœur des éléments naturels présentés par l’artiste sud-africaine. Les expériences et les souvenirs peuvent être partagés dans l’espace de soin, le Caring Space, au rez-de-chaussée, où les rêves collectifs sont nourris.

C’est à travers les rêves que l’artiste explore les liens entre les parties refoulées et fragmentées du moi et de la vie. Le parcours au sein de l’exposition évoque une visite dans un temple onirique, offrant une cartographie d’un processus conduisant à un antidote. La première partie du titre de l’exposition, (ka) pheko ye, se traduit en sePedi, la langue maternelle de Dineo Seshee Bopape, par « (avec) ce remède/processus de traitement ». Ainsi, l’exposition se révèle comme un remède capable d’aborder à la fois des questions physiques et immatérielles.

La deuxième partie du titre de l’exposition, « the dream to come« , évoque les potentialités liées au domaine du rêve, symbolisant « un rêve à venir« . Dans l’état de rêve, différentes réalités peuvent se mêler, offrant une forme plus libre de production de connaissances par rapport à l’état de veille conscient. Des sauts dans le temps et des connexions entre différents lieux peuvent alors se manifester, reflétant les liens présents dans les mythes et dans la nature.

Dineo Seshee Bopape explore les constellations de mémoires collectives, situant le soi au sein de cette complexité. Ce processus met en lumière notre relation avec les innombrables petits événements qui coexistent simultanément dans l’univers, contribuant à notre développement en tant qu’individus et en tant que société. Le moi est comparé à une rivière en mouvement constant, influencée par et influençant le paysage environnant, sans point final défini.

L’artiste s’inspire des formes architecturales africaines indigènes de la cour /di Kgoro dans son travail. Ces espaces, appelés « lapa » en langue seTswana, servent de lieux intermédiaires qui relient l’intérieur et l’extérieur, traditionnellement dédiés aux rassemblements communautaires ou à diverses activités. Ils représentent des espaces pour différentes pratiques, incluant la contemplation et le repos, tout en étant des « zones entières » qui transcendent le monde matériel, où le temps suit un rythme différent et où de nouveaux mondes peuvent émerger.

Ces formes architecturales agissent comme des points d’ancrage pour les individus et la communauté, évoquant également les formes du féminin. Pour Dineo Seshee Bopape, les motifs floraux incarnent le « principe féminin/féminin » à travers différentes époques. Ces motifs, inspirés des histoires de ses grands-mères biologiques et collectives, reflètent les expériences de ces femmes en tant qu’actrices de diverses périodes historiques. Le nom de sa grand-mère, Raisibe, est ainsi honoré dans l’exposition comme un témoignage envers celle qui l’a précédée.

Dans son œuvre « (Ka) pheko ye… / (earth to dreamy stick soup)« , Dineo Seshee Bopape crée une expérience cinématographique en projetant un film sur une pierre remplie d’eau et d’herbes, évoquant les pratiques de guérison autochtones. Cette installation offre une expérience sensorielle immersive mêlant lumière, image et éléments naturels. De même, l’installation « diNaledi » met en scène un projecteur de lumière du jour projetant l’ombre d’un anis étoilé sur le mur, symbolisant l’interaction entre le microcosme et le cosmos.

À travers ces créations, Dineo Seshe Bopape invite les spectateurs à plonger dans un univers ludique d’exploration des possibilités, les incitant à s’immerger dans un royaume de rêverie et d’imagination. Un motif récurrent dans son travail est celui du pin, symbolisé par des pommes de pin s’étendant du sol vers le ciel. Ces éléments sont interprétés dans diverses cultures comme des symboles de la glande pinéale, souvent associée au « troisième œil » en raison de ses connotations historiques et spirituelles.

Plongez dans l’univers de « Dineo Seshee Raisibe Bopape: (ka) pheko ye – the dream to come » , où l’art et la nature se rencontrent dans une danse envoûtante entre réalité et rêverie. À travers des installations sensorielles et des créations empreintes d’imaginaire, l’artiste nous invite à explorer les mystères de l’âme et à embrasser la magie des éléments naturels. Des projections de lumière aux parfums envoûtants, chaque œuvre nous transporte dans un voyage onirique, stimulant nos sens et éveillant notre imagination. en compagnie des œuvres de cette artiste visionnaire, explorez un monde où la frontière entre le réel et l’imaginaire s’efface, offrant aux rêveurs une échappée sensorielle inoubliable.