La galerie Gradiva, en collaboration avec le musée de Tervuren, les galeries Bernard Dulon et Enrico Navarra présente « Résonance – Jean-Michel Basquiat et l’Univers Kongo » du 7 septembre au 19 novembre 2022.
L’exposition « Résonance – Jean-Michel Basquiat et l’Univers Kongo » est un examen extraordinaire qui accueille l’invité à se laisser diriger par le sentiment d’accéder à l’essence du discours conventionnel qu’il établit entre les dessins de Jean-Michel Basquiat et les fortes figures puissantes « Nkisi Nkonde » du cercle culturel Kongo provenant du Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren.
Cette exposition propose un saut au cœur des œuvres et de leur esprit. Une vingtaine de surprenants fétiches à clous, sculptures humaines et zoomorphes ont été parcourues dans les collections de la galerie et sont présentées au grand public. Une sélection achevée par quelques prêts spécifiques pour répondre aux enjeux de l’exposition.
La scénographie de l’exposition « Résonance – Jean-Michel Basquiat et l’Univers Kongo » emmène le visiteur dans une excursion qui se déroule sur les deux étages du brillant hôtel du XVIIe siècle qui abrite la galerie Gradiva.
Dans différentes œuvres de Basquiat, nous trouvons des sculptures comme des figures percées de pointes ou agitant un article dans une mentalité de force, des figures arrivant d’une main vers le ciel et de l’autre vers la terre ; des feuilles de bois au sens propre couvertes de clous qui présentent quelques similitudes avec les pratiques cérémonielles liées au « Nkisi Nkonde ». Néanmoins, il serait fragile de mettre en évidence d’autres ressemblances entre ces deux univers dans la mesure où la similitude que l’on accepte d’identifier dans des œuvres spécifiques est, somme toute, extrêmement intéressante et ne comporte pas de vérification indéniable.
L’attente de l’exposition « Résonance – Jean-Michel Basquiat et l’Univers Kongo » sera d’offrir aux invités une rencontre orientée vers l’inspection de la conséquence de la réunion d’œuvres dont la grande puissance de feu s’impose au regard.
Certes, comment qualifier autrement que d’énergiques les éclats de papier traversés par des corps et des mots dessinés par le trait instinctif et vivace de Basquiat ?
Comment ne pas ressentir de la même manière les pouvoirs défensifs qui irradient les extraordinaires sculptures « Nkisi Nkonde », merveilles d’expressivité et de création formelle qui font allusion à l’univers mystique complexe des peuples Kongo ?
Basquiat, un fantasme d’Afrique
Né à New York d’une mère portoricaine et d’un père haïtien, Jean-Michel Basquiat a vécu son enfance à Brooklyn. Autodidacte, il commence très tôt à fréquenter les salles d’exposition, à regarder beaucoup et à prêter attention à la musique.
Spectateur attentif du monde, curieux vorace, il ingurgite tout ce qui va de la boxe au cinéma en passant par le jazz, le blues, le hip-hop, la bande dessinée, l’écriture et l’histoire de l’art. En tant que résident noir dans une Amérique blanche et modérée, le jeune homme est le témoin quotidien et la victime du racisme, de la ségrégation et des mauvais traitements subis par la population afro-américaine.
Ses origines portoricaines l’ont poussé à vérifier l’ensemble des expériences et des coutumes de la diaspora africaine, répétitions qui ne cesseront de résonner dans son œuvre.
En 1983, la lecture de « Flash of the Spirit : African and Afro-American Art and Philosophy » de Robert Farris Thompson le bouleverse à tel point qu’il lui rend hommage en titrant une de ses œuvres « Flesh and Spirit ». Cet ouvrage de référence montre ce que les établissements civiques africains ont signifié pour les coutumes stylistiques, sociales et autres des Noirs aux États-Unis, mais aussi dans toutes les Amériques, de Cuba à Haïti, au Mexique et au Brésil.
Le monde Kongo était l’un des centres d’intérêt de Robert Farris Thompson, que Basquiat a rencontré et avec qui il a eu de nombreuses conversations à ce sujet.
En 1984, un autre choc social et créatif secoue Basquiat lors de l’exposition controversée « Primitivism » au MoMA, qui propose d’établir des liens entre les avant-gardes du milieu du XXe siècle et l’art ancestral ou grossier. Parmi les objets exposés, une sculpture du Bénin de la collection Kerchache, que Basquiat aborde.
Sa véritable expérience de l’Afrique a lieu en octobre 1986. À 25 ans, Jean-Michel Basquiat est accueilli par le Centre culturel français à Abidjan pour exposer une partie de ses œuvres. Le peintre américain a profité de cette excursion pour se rendre au nord de la Côte d’Ivoire, à Korhogo, une ville où la sculpture a gardé toute sa puissance mystérieuse. Basquiat est parti avec l’envie de retrouver ces terres, un fantasme qu’il ne comprenait pas, puisqu’il est décédé à New York le 12 août 1988, la veille de son vol pour Abidjan…