Le New Art Exchange accueille dans son espace l’artiste anglo-ghanéenne Enam Gbewonyo, dans son exposition « Dellu ». Jusqu’au 13 janvier 2024, la lauréate du prix de l’exposition NAE Open 2022, dévoile une vitrine d’œuvres texturales et de performances cinématographiques qui plonge la galerie d’art dans une ambiance artistique exclusive.
Enam Gbewonyo est une artiste contemporaine du domaine du textile et de la performance qui tourne son art vers les notions d’identité et principalement de la féminité tout en mettant en avant la justesse et le bien-fondé préventif de l’artisanat. Conservatrice et fondatrice du collectif BBFA (Black British Female Artist), elle se sert de la performance comme outil expressif et de matérialité afin de créer des espaces vivants de guérison et d’orientation vers un lieu de conscience positif pour confronter les systèmes de coercition tels que le racisme et le sexisme. Les réalisations de l’artiste anglo-ghanéenne invitent le public à faire face aux réalités entourant le sombre passé de l’héritage colonial et les émotions ressortissantes de cette période.
L’artiste réalise quelques récentes expositions dont Body Poetics à la GIANT Gallery de Southampton et Rites of Passage à Gagosian à Londres. Ses travaux ont également été présentés à l’échelle internationale notamment à la 58e Biennale de Venise, à Art X Lagos et à la UNTITLED Art Fair de Miami. En 2022, Enam Gbewonyo fait partie des 16 artistes sélectionnés pour la prestigieuse résidence Black Rock à Dakar, au Sénégal, fondé par le célèbre Kehinde Wiley. Fidèle à sa démarche artistique, son exposition « Dellu » aborde également ces diverses nuances sociopolitiques. Elle est présentée en deux actes, chacune abordant un trait particulier de sa pratique de l’art.
Acte I : Nude Me / Under the Skin
Le premier acte de l’exposition est composé d’une série de pièces lancées en 2016, qui étudie la relation entre les femmes noires et la bonneterie, en retraçant l’histoire de cette relation jusqu’à ses premières interprétations en tant que bas au XVIIIe siècle et ses liens avec l’esclavage et la colonisation.
Les travaux de cette série ont été prêtés pour l’exposition par l’artiste et la galerie TAFETA, puis abordent également le lien des femmes noires avec la génération du Windrush et où les collants faisaient partie de leur uniforme. Dans cet acte, l’artiste contemporaine aborde le niveau auquel ces femmes étaient, et sont toujours, résilientes, ainsi que les nombreuses façons dont elles ont été soumises tout en trouvant des moyens de se soustraire de cet assujettissement. La durabilité et la danse, en particulier le ballet, sont intégrées dans son travail en faisant référence au racisme dans cette filière. De même, son utilisation des collants usagés portés par des femmes noires fait allusion à l’impact environnemental de l’industrie des collants.
Dans ce premier acte, Enam Gbewonyo aborde la résilience et la ténacité des femmes noires, ainsi que les effets néfastes de cette période sur leur santé mentale. À travers cette large sélection de pièces en 2D et ses performances, elle propose un espace de guérison serein à ces battantes de l’histoire.
Acte II : Dellu
« Dellu » en langue wolof qui signifie « Le retour », ce deuxième acte de l’exposition est constitué d’une série d’œuvres réalisées en 2023 et commandées par la New Art Exchange. L’acte II dévoile également la plus ambitieuse des œuvres cinématographiques d’Enam Gbewonyo jusqu’à ce jour.
Son expérience enrichissante à la résidence Black Rock Sénégal, lui a permis de parcourir aisément l’impact de la colonisation française sur le bouleversement de la vie féminine sénégalaise depuis lors, jusqu’à nos jours en comptant la richesse traditionnelle de ce pays d’Afrique. Les œuvres de cet acte sont donc principalement inspirées de sa période d’analyse et elle attribue à la nature un rôle fondamental dans sa conception.
Le public sera donc confronté aux décors immersifs des rites exécutés dans le film de performance et subjugué par les couleurs retrouvées dans les costumes et les œuvres texturales. À l’image des œuvres présentées dans le premier acte Nude Me / Under the Skin, les œuvres du deuxième acte Dellu cherchent à rompre la boucle traumatisante générationnelle et endurée par les femmes.