L’artiste new-yorkais Derek Fordjour dévoile au magasin Petzel de Chelsea, un nouveau corpus d’œuvres interdisciplinaires intitulées « SCORE ». Cette présentation artistique se déroulera jusqu’au 22 décembre 2023 et marque sa deuxième collaboration avec l’espace d’art.
Né à Memphis, Tennessee, de parents ghanéens, Derek Fordjour est un artiste avec un parcours assez impressionnant. Diplômé du Morehouse College d’Atlanta, en Géorgie, d’une maîtrise en éducation artistique de l’Université Harvard et d’un MFA en peinture du Hunter College, son travail à fait l’objet de nombreuses expositions et appartiennent également des collections privées et publiques de divers instituts notamment le Brooklyn Museum, le Perez Museum, le Whitney Museum et le LACMA.
Sa nouvelle exposition prodigieuse « SCORE » occupe trois salles du magasin Petzel et simplifie plusieurs niveaux de sens. Derek Fordjour aborde dans un premier temps le couper et gratter – une allusion à sa méthode caractéristique d’anfractuosités en peinture. Un processus à l’origine de la perspicacité des ses toiles et des couleurs qui les composent. L’artiste contemporain aborde ensuite l’action de gagner des points dans un concours, une référence emblématique perpétuelle dans ses créations. Et pour finir, il aborde l’art de composition en similitude à sa collaboration pour la conception d’une performance chorégraphique. Dans l’optique d’apporter plus de richesse à ces créations, Derek Fordjour remplit le contenu de ses œuvres les plus récentes en se basant sur ses expériences, afin de se composer une partition picturale de moments séminaux. Il exploite alors avec ingéniosité et ressasse avec nostalgie l’air du temps de ses années de formation entremêlées avec une ribambelle de souvenirs sensoriels offrant une connotation plus personnelle à ces réalisations.
Occupant tout le rez-de-chaussée de l’avant-poste de la Petzel Gallery à Chelsea, « SCORE » témoigne de la pratique évolutive de l’artiste qui consiste à exposer divers modes de représentation, de supports, de formats et d’affichages. Dans cette exposition, Derek Fordjour dévoile aux spectateurs une série de ces nouvelles peintures et sculptures présenter au niveau de la galerie sud, une installation architecturale intérieure de plusieurs strates exposées dans la galerie est, ainsi qu’un espace de performance érigée sur mesure à la galerie ouest.
L’espace sud de la galerie se compose des dernières œuvres bidimensionnelles symboliques de Derek Fordjour. Ces créations sont présentées dans le cube blanc traditionnel en association avec une nouvelle sculpture monumentale au sol, Flock. Fusionnant bi et tridimensionnalité ainsi que le format statique et mobile, les œuvres de l’exposition intègrent des configurations artistiques familières avec de nouvelles collaborations qui se reposent et s’ancre fidèlement à la pratique établie de Derek Fordjour. L’œuvre Flock propose une collection de jambes et de roues renversées et réunies en un amas serrée, en référence à l’intérêt constant de l’artiste pour la remise en question de l’action et de l’autonomie autour des conditions stagnantes, sociales ou autres. À travers son spectacle et son montage particulier, Flock évoque une tension profonde, en résonnance à de nombreuses propositions sculpturales plus petites, exposées dans Wunderkammer, une installation in situ logée dans la galerie Est.
L’installation à plusieurs niveaux de Derek Fordjour présenter dans la galerie Est représente le centre de l’exposition « SCORE » du fait qu’elle illustre les diverses manières dont les dissemblances sont invariablement entretenues et soutenues au sein des musées et galeries d’art traditionnels. Une fois à l’intérieur du Wunderkammer, les visiteurs sont invités à gravir les escaliers d’une structure architecturale pour rencontrer une série de couloirs enveloppés d’une succession d’inserts muraux, dévoilant comme dans un « cabinet de curiosités » les sculptures de Derek Fordjour. L’espace baigne dans un éclairage de circonstance et affrété d’une moquette, renvoie au monde de la vente au détail de luxe et de la présentation haut de gamme. La salle en aval est équipée de deux dioramas cinétiques bornant une courroie rotative et qui intègre des peintures murales miniatures. Peintes selon le style de prédilection de l’artiste, les peintures murales génèrent une toile de fond affichant des éléments sculpturaux conçus pour réaliser des mouvements synchronisés.
Les spectateurs sont ensuite invités à poursuivre leur exploration du centre d’exposition en descendant au sous-sol. À l’image d’un atelier d’artiste ou à un entrepôt de vente au détail, ce nouvel environnement propose un contraste saisissant avec celui de l’étage. Plus obscurcie ou dissimulée, l’apparence du luxe est pour la plupart mystérieusement liée aux inégalités flagrantes de l’entreprise capitaliste.
À l’écart des projecteurs de l’étage supérieur, dans ce que l’artiste appelle un fragment théâtral, deux acteurs en direct effectuent des tâches piétonnes en apparence à des ouvriers qui alimentent les dioramas placés au-dessus. À travers cette présentation, Derek Fordjour transforme le public en spectateur et en témoin et leur propose un aperçu des réalités cachées derrière un rideau opulent, animant ainsi les interrogations sur les notions de pouvoir et de consommation ostentatoire.
L’artiste new-yorkais proposera également dans son exposition personnelle « SCORE », le fruit de sa collaboration, Arena. Il s’agit d’une pièce inédite de mouvement d’ensemble, composée conjointement avec la célèbre chorégraphe Sidra Bell, fondatrice de Sidra Bell Dance New York. Arena se tiendra deux fois par jour dans la Galerie Ouest de Petzel. Avec l’intervention musicale en direct d’Hannah Mayree du Black Banjo Reclamation Project, cinq danseurs animeront l’espace, interprétant la partition chorégraphique originale au sommet d’un sol en terre battue. La séance aura lieu dans un cadre bâti, aménagé d’un agencement de sièges sculpturaux et d’une tente personnalisée. La présentation est directement inspirée des peintures de l’artiste, de même que la conception originale des costumes et de l’éclairage qui rappelle une certaine théâtralité abordée dans son œuvre. Dans une exploration kaléidoscopique du travail, de l’histoire, du pouvoir et de la race, la chorégraphie Arena aborde avec esthétique les notions de performance et d’abstraction à travers une action en direct immersive.