« L’IMPARFAIT ET L’IMPÉRATIF » : Ouvert jusqu’au 12 juin, la troisième exposition de l’artiste Nú Barreto se déroule à La Galerie Nathalie Obadia de Paris. Elle fait suite à sa précédente exposition « Homo imparfait » à Bruxelles.
Préoccupé par les conditions dégradantes de la population et la misère qui prévaut sur le continent africain, Nú Barreto consacre ses œuvres à l’interpellation des gouvernants de ce continent au sujet des rapports infructueux entretenus avec l’occident.
Marqué par les blessures et les séquelles laissées par la colonisation dans son pays d’origine, la Guinée-Bissau, ancienne colonie portugaise, l’artiste par ses représentations propose pour cette exposition, des œuvres diverses, des dessins et des polyptyques pour exprimer son amertume face aux difficultés que rencontrent son pays depuis son accession à l’indépendance et qui a débouché sur une instabilité et de multiples coups d’état.
S’inscrivant dans une démarche tournée vers la création, ses œuvres, créées à l’aide d’objets importés, prennent de la valeur au détriment des motifs peints. Pour la réalisation de ses grands formats, il adopte des matériaux purs, mais également du recyclage en utilisant le carton, le papier, des pans de tissus et morceaux d’emballage désuet. L’artiste les façonne à sa guise et à travers eux, peut-on percevoir la pauvreté ou quelques fois les formes architecturales des logements ou la vulnérabilité. En dépit de ses créations de scènes urbaines, montrant parfois les toitures en mauvais état, Nú Barreto donne une touche particulière à ses dessins en pendule et presque sans orientation précise. De par ses dessins, il montre des personnages presque animés en inclinaison tel un réprouvé au prétoire. Tout ceci pour insister sur la complémentarité et la fraternité devant caractériser les rapports humains, puisque l’homme est « imparfait », et se donner la main pour aller de l’avant s’impose comme « impératif ».
C’est la recherche d’une telle solution qui a inspiré l’artiste à travailler sur le thème « l’imparfait et l’impératif ». Ses représentations figurées font apparaître des personnages qui dépendent des bouteilles jetées à la mer, contraints à la renonciation, au ballottage et au calme. Cette œuvre fait revivre la scène d’isolement imposée par la pandémie en cours.
Condamnant les fausses illusions fondées sur le rang social et les mirages des modes de vie, ce défenseur des traditions africaines réalise des œuvres symboliques issues d’un certain nombre de cultures autochtones de l’Afrique de l’Ouest. Abordant la situation de violence dans laquelle le pays était plongé, l’artiste utilise la couleur rouge pour matérialiser les traces de sang versé. Il s’agit là, de tâches indélébiles de sang d’un pays marqué par la guerre et les violences.
Quant à la couleur noire, elle symbolise l’artiste, mais aussi la misère et la mélancolie auxquelles sont vouées les peuples victimes de carences avec pour exemple le souvenir du délestage auquel les populations guinéennes sont confrontées. Cependant, certaines des œuvres de Nú Barreto laissent transparaître la douceur émanant de l’artiste ; ceci dans un style poétique à travers des messages d’espoir portés par ses sculptures de couleurs de plus en plus variées et optimistes.
Nú Barreto, un artiste au service du développement en Afrique
Artiste pluridisciplinaire, Nú Barreto est originaire de la Guinée-Bissau. Il concentre son travail sur la connaissance de l’idéologie de l’homme et exprime le plus souvent la souffrance et la misère de son peuple.
Issu d’une famille de plusieurs artistes, Nú Barreto a étéinitié au dessin par son frère aîné. Cette passion le conduit vers l’étude de la photographie. Connu sur la scène artistique internationale pour la particularité de ses œuvres et de son engagement, Nú Barreto a été désigné pour défendre les couleurs de son pays à l’Exposition Universelle de Lisbonne en 1998. Malgré les coups d’État, les violences et les guerres qui perturbent la quiétude des Guinéens au lendemain des indépendances, comme dans plusieurs autres pays africains, l’artiste reste confiant et estime que le continent africain est prometteur. C’est pour cela qu’il oriente ses œuvres sur les thématiques relatives à l’évolution des mentalités, afin de contribuer à lutter contre la pauvreté. Il dénonce les fléaux tels que la pauvreté, la souffrance, la discrimination, la corruption qui minent le développement du continent.
Privilégiant le dessin pour exprimer son talent, l’artiste qui au départ était photographe est aussi doué dans les installations murales, un canal par lequel il opine sur l’art contemporain africain. De par ses techniques mixtes, mêlant le dessin au collage sans oublier le recyclage, ses peintures, photographies et vidéos qui transportent le spectateur dans son univers artistique.
Présentes dans de grandes collections et institutions, les œuvres de Nú Barreto sont exposées en Chine, au Taipa House Museum à Macao, au Musée Capixaba do Negro (MUCANE) à Vitória au Brésil, au Smithsonian Institution à Washington D.C., et pleins d’autres lieu d’art dans le monde.
L’exposition « L’IMPARFAIT ET L’IMPÉRATIF » est ouverte jusqu’au 12 juin 2021 !