La kó Gallery de Lagos au Nigeria présente du 29 avril 2023 au 26 mai 2023, l’exposition collective « Lean On Me ». Cette présentation, organisée par Brice Arsène Yonkeu, explore à travers le regard de six artistes contemporains les connexions transnationales dans l’Afrique postcoloniale et les relations interpersonnelles.
Collins Obijiaku, Sesse Elangwe, Yagazie Emezi, Elladj Lincy Deloumeaux, Stephen Price et Turiya Magadlela sont les artistes accomplis dont les œuvres seront exposées à l’exposition « Lean On Me ». De par leurs œuvres, ces artistes apportent une contribution évidente dans la visualisation et la communication de l’art en tant qu’outil de symbiose et de transcription entre les individus et l’histoire. En effet, cette exposition a pour but d’asseoir et de raffermir le rôle de l’art dans l’interconnexion entre les peuples et le partage à long terme de l’histoire.
« Lean On Me » provient d’un poème écrit par le conservateur de la galerie et dévoile une représentation visuelle ainsi qu’une continuité artistique des idéaux postcoloniaux entretenus par les écrivains et penseurs africains notamment, Achille Mbembe, Leonora Miano et Chinua Achebe. Dans un premier temps, l‘exposition met en commun les œuvres de Yagazie Emezi, Turiya Magadlela et Stephen Price en tenant compte de la singularité dans leur approche vis-à-vis de la construction de l’identité dans une Afrique postcoloniale.
Le travail de Yagazie Emezi contribue à ce discours contemporain grâce aux photographies de sa série « Wayward ». Une série qui s’aventure dans l’exploration des complexités de la cosmologie et de l’ontologie Igbo, en s’attardant sur la coexistence entre le monde spirituel et le monde physique dans lequel nous évoluons, et en s’interrogeant sur les différents scénarios qui pourrait se produire lorsque l’homme se déconnecte de sa divinité personnelle. En communion avec son chi, la force spirituelle liée à son existence et qui résident en lui selon la cosmologie et l’ontologie Igbo, Yagazie Emezi parcours les nombreuses strates de l’univers spirituel à l’aide d’autoportraits récursifs. La friction entre religion importée et croyance autochtone, et la coexistence dans l’Afrique postcoloniale sont des polémiques contemporaines mises en avant par l’artiste Yagazie Emezi.
En s’inspirant de son propre lot d’expériences en tant que femme vivant en Afrique du Sud, Turiya Magadlela conçoit des œuvres abstraites à partir de textiles en tapisseries montées en mosaïque ou des collants étirés sur des barres de tension aux formes asymétriques qui servent de projection aux visiteurs afin de leur permettre de remettre en question leur statuquo et d’en observer de façon distincte les effets. Elle brode, manipule, coud toutes sortes de textiles trouvés comme des bas et des collants afin de parcourir les thèmes de l’identité, de genre et de race.
Le travail de Stephen Price, trois portraits de nus de taille humaine conçue à partir de pastels secs sur toile, de fusain et d’acrylique sont exhibés en face des œuvres de Turiya Magadlela. En s’inspirant de la peinture d’Edvard Munch, « Jeunesse » et guidé par le critique d’art John Berger qui affirme « être nu, c’est être soi-même… être nu, c’est être sans déguisement« , les peintures de Stephen Price communiquent la sincérité et la vulnérabilité de la personne humaine. Pour plus d’humanité, les personnages peints par l’artiste sont représentés debout en face d’un paysage abstrait, un angle qui attire toute la sympathie des spectateurs.
La deuxième partie de l’exposition « Lean On Me » présente les œuvres d’Elladj Lincy Deloumeaux, de Sesse Elangwe et de Collins Obijiaku. Les portraits de ses trois artistes contemporains traduisent une sensation de nouvelle conscience et apposent un sentiment de fierté lié à une revendication identitaire. Dans cette optique, Elladj Lincy Deloumeaux nous immerge dans une fiction picturale où s’entrechoquent les récits d’une histoire personnelle ainsi que les chroniques d’un monde pluriel.
Les sujets représentés dans les œuvres de Sesse Elangwe sont des femmes installées en plein air dans un environnement pittoresque et mises en valeur avec une peau sombre hyper pigmentée ainsi que des cheveux naturels tressés et colorés. Ces portraits révèlent une certaine acceptation de soi ainsi que le désir d’être perçu tel que l’on est, peu importe le référentiel terrestre. Son travail appelle à la réflexion des spectateurs de même que celui de Collins Obijiaku qui réalise une représentation précise et extrêmement réaliste d’une femme arborant un rouge à lèvres rouge. Collins Obijiaku imprègne son œuvre d’une vitalité consternante grâce à des motifs complexes créés à partir de fines lignes de fusain. Le personnage peint par notre artiste contemporain porte un regard confiant et victorieux à tous les visiteurs qui osent l’admirer.