La complexité est un défaut dans la vie de Amanda Mushate, comme dans l’existence de la plupart des Zimbabwéens. Le fait qu’elle se produise à un moment donné est une petite merveille, rien de moins, et ce, depuis des lustres.
Au cours des 100 dernières années, ils ont été épuisés et ont traversé les perturbations du colonialisme, de la bataille pour les libertés, de l’amélioration post-frontière et du spectacle politique monétaire simultané du changement de terres, de la pandémie de VIH, des sanctions et de l’urgence de l’inflation hors de contrôle, fréquemment en même temps. Ajoutez à cela les perturbations physiques et sociales de l’urbanisation et l’effet des délocalisations financières et leur impact sur les familles et vous obtenez un pragmatisme de la défaillance mentale, sociale, monétaire, physique, scolaire et spatiale d’un Zimbabwéen typique.
Comment amener un enfant dans cette réalité ? Comment peut-on être parent dans ce présent, quelle confiance pouvons-nous à un moment donné récupérer dans nos âmes pour construire l’audace de commencer ? Comment peut-on réfléchir à ses liens dans la chaîne des générations, en sachant maintenant ce que l’on sait, tout en sachant aussi maintenant ce que l’on ne sait pas ?
C’est ce rappel que nous fait Amanda Mushate à travers son exposition « Shuviro Yamai » (Le souhait de la mère) à la Galerie First Floor de Harare au Zimbabwe jusqu’au 04 septembre 2022.
Ce sont les questions conformes au cœur de Shuviro Yamai, une collection d’œuvres féroces, inébranlables et désobéissantes, qui demande que la joie et la magnificence ne soient pas seulement imaginables mais importantes dans une existence où elles sont souvent considérées.
L’excellence est souvent minimisée dans le discours contemporain sur l’art comme quelque chose de superficiel et dont on veut vraiment s’excuser, comme une extravagance, comme quelque chose en dessous du désir savant élevé. Comme le style ne découle pas des lois centrales de la nature, comme la révérence que nous ressentons lorsque nous regardons la magnificence de nos enfants devrait être approuvée par une option différente de l’amour.
Amanda Mushate ne nous permet pas d’être aussi petits. Ses œuvres exigent de l’audace et de la magnificence comme deux flammes jumelles, qui font que la routine quotidienne vaut la peine d’être vécue. La variété se marchande par des couches et des lignes tissées, qui désintègrent et dominent les formes humaines en mouvement et en espace. Ce sont nos comptes dans leur ensemble, dans notre réalité actuelle où nous pouvons tenter de saisir la signification de tout ce que nous vivons et sommes bien souvent assurés de ne pas y arriver. Amanda Mushate nous fait savoir que la magnificence existe, que la félicité est authentique, non pas comme un objectif, mais plutôt comme une approche de l’être. Non pas en dépit de nos conditions, mais plutôt parce que c’est l’idée de la vie.
La réalité d’Amanda Mushate à travers son exposition « Shuviro Yamai » est un espace d’extrême vulnérabilité et d’extrême opportunité, où nous façonnons notre réalité au lieu d’être formés par elle. Il aide l’humain en nous rappelant que le choix d’Amanda Mushate peut également être notre décision. Alors qu’il pourrait vouloir tomber, nous pouvons vivre en supposant que nous abandonnons la bataille pour nous en sortir.