Celle qui a fini par concevoir une sorte de référentiel visuel de contre-information expose jusqu’au 14 mars 2022 au Musée de Ouidah son exploration sur une des civilisations les moins connus, ou totalement obscurs pour mettre en lumières des histoires oubliées, éradiquées, étouffées noyées sous les eaux ou au motif que leurs récits sont communiqués d’une autre manière.
Aïcha Snoussi et la mission archéologique LIXE sont en train de révéler l’une d’entre elles : Celle des Tchechs, une étrange civilisation africaine, itinérante, dont on a retrouvé des traces au large de l’île de Zembra en Tunisie, tout comme sur le rivage de Ouidah.


Cette civilisation a un ensemble de pratiques, de coutumes, de savoirs et de cultes que la mission Lixe perpétue à travers cette exposition dans une obligation de transmission aux humains du futur. Transmission qui se fait par des gestes, des installations, des sons, des rencontres et un tas de plans de jeu qui initient la mémoire indétectable. Cette civilisation, liée à la faction de l’océan, tout comme celle du soleil, possède un langage spécifique, celui qu’on ne peut pas percer avec la langue.
Son ton est vermania, bleu-vert, et les quatre éléments sont incontournables. Les Tchechs ne sont ni des hommes, ni des femmes, ni des hommes-femmes. Les corps sont des résultats concevables illimités, tout comme les pratiques sexuelles autour des objets.

Chaque espace ici met en œuvre une pratique spécifique, millénaire, mais qui ne se concrétise qu’à travers des éléments du présent, comme une clé d’entrée. La toile de fond historique des Tchekhs se concrétise et prend vie à travers les articles présentés. Chaque pièce raconte cette histoire, de manière plus structurée que les mots d’un livre.
Lixe et Aïcha Snoussi ont réagi et envoyé des corps pour transmettre un message de 3000 ans. Un message qui vient des profondeurs, qui peut être parcouru entre les couches, dans les caves. Un étrange message communiqué par nos prédécesseurs, chéris entre les rives.
Aïcha Snoussi

Née en 1989, à Tunis. Vit et travaille à Paris.
Aïcha Snoussi est diplômée de l’Institut Supérieur des Beaux-arts de Tunis et de l’Université de la Sorbonne.
Graveuse de formation, le dessin à l’encre noir est au centre de ses pratiques. De la fresque in situ aux installations de cahiers le dessin est considéré comme un appareil de mise à nu et de déconstruction – créé autour de fictions queers et féministes.
« Anticodexxx », « Le livre des anomalies » ou encore « undefined scrolls » sont des projets d’anti-savoirs, qui remettent en cause les normes établies et l’idée dominante en rendant d’autres concevables fantaisistes.
En utilisant la fiction, les capacités des ouvrages de référence et l’expérimentation in situ, le dessin est réfléchi comme une activité qui s’efforcera de découper les choses et les informations ancrées, comme les normes d’orientation, de corps et de sexualité.